La production mondiale d’or a augmenté au cours de l’année 2022 d’environ 2,2 % pour atteindre 3 000 tonnes. Selon la plateforme Energy Capital & Power, 5 pays africains ont fait de nouvelles découvertes d’or en 2022, à savoir l’Ouganda, la Guinée, l’Egypte, le Ghana et le Maroc. Par ailleurs, la région de l’Afrique de l’Ouest renferme, à elle seule, 3 des 5 principaux pays producteurs d’or du continent, à savoir le Ghana, le Mali et le Burkina Faso.
Par ailleurs, en termes de réserves d’or, l’Afrique se classe deuxième derrière l’Asie. En raison de la hausse de la production et des achats des banques centrales au cours des cinq dernières années, les réserves d’or du continent ont augmenté d’environ 14%.
Parmi les grandes réserves d’or en Afrique, l’Algérie avec 174 tonnes de réserves d’or. Elle se classe 26e au classement mondial. En Afrique, l’Afrique du Sud est la suivante avec 125 tonnes de réserves en or, suivie de la Lybie avec 117 tonnes, de l’Égypte avec 80,73 tonnes et du Maroc avec 22,12 tonnes.
Actuellement, les réserves d’or en Algérie s’élèvent à environ 10 milliards de dollars, car le prix de l’or, tout comme celui de toutes les matières premières, varie. Il est important de noter que les réserves d’or de l’Algérie restent constantes depuis plusieurs années.
De même, Business Insider Africa a récemment réalisé une étude sur les pays africains avec les plus grandes réserves d’or en 2023, sur la base des données de Statista. Il en ressort que le Ghana a enregistré une augmentation de 32 % de sa production d’or l’année dernière, ce qui lui a permis de reprendre à l’Afrique du Sud la place de premier producteur d’or en Afrique en 2023.
La production d’or au Ghana a subi une transformation importante. La production des grandes sociétés minières a connu une augmentation substantielle, passant de 2,2 millions d’onces en 2012 à 3,08 millions d’onces en 2022.
En parallèle, le secteur artisanal a également fait un bond remarquable, avec des exportations d’or qui sont passées de 98 001 onces à 655 656 onces au cours de la même période. En conséquence, la production globale d’or du Ghana est passée de 2,82 millions d’onces en 2021 à 3,74 millions d’onces en 2022. Les réserves d’or de la Banque centrale du Ghana ont atteint 14 tonnes fin 2022, une hausse significative par rapport aux 8 tonnes environ entre les années 1980 et juin 2021.
Le pays a exporté 3,78 millions d’onces d’or pour une valeur totale de 6,61 milliards de dollars. Derrière le Ghana arrive l’Afrique du Sud avec une production de 84 tonnes. Le Mali aussi, en dépit de l’insécurité, continue de figurer parmi les plus importants producteurs d’or du continent. En 2022, la production d’or a augmenté de 4% à 66,2 tonnes.
Idem pour le Burkina Faso où la production s’est établie à 57,67 tonnes. Le Soudan figure aussi parmi les premiers producteurs africains. On estime sa production annuelle entre 80 et 100 tonnes. Toutefois, celle-ci est le fait essentiellement de l’informel. Ainsi, pour 2022, les autorités n’ont annoncé qu’une production de 18 tonnes.
L’or une valeur refuge
La compagnie sud-africaine Harmony Gold a publié en 2022 le bilan de son exercice. Si elle rapporte une baisse de sa production d’or, l’excellent prix du métal lui a permis d’accroitre de 9% à 29,25 milliards de rands (1,8 milliard $) ses recettes.
Quelques semaines plus tôt, Resolute Mining, active sur plusieurs mines d’or en Afrique de l’Ouest, rapportait une augmentation de ses revenus de vente de 33% à 305 millions de dollars, pour le compte du premier semestre de l’année, alors que son Ebitda a presque doublé, passant de 55 millions $ en 2019 à 107 millions de $, en 2022. Même son de cloche chez Perseus Mining, présente sur plusieurs projets aurifères en Côte d’Ivoire et au Ghana, qui a généré pour son exercice 2020 des revenus record de 591,2 millions de $.
Presque toutes les entreprises exploitant l’or ont vu leurs finances dopées par le cours du métal précieux. Malgré les restrictions strictes (confinement, fermetures temporaires des mines) imposées par certains pays hôtes pour limiter la propagation de la Covid-19, et qui ont affecté les volumes de production, ces sociétés n’ont pas vraiment pâti de la crise. Certaines, à l’image de Kinross Gold en Mauritanie, en ont même profité pour accélérer leurs plans d’agrandissement de capacités de production, pendant que d’autres ont investi pour acquérir de nouveaux projets.
Pour plusieurs pays africains, l’or est un important pilier de l’économie (part du PIB, recettes fiscales, recettes d’exportation). Au moins 20 pays du continent sont engagés dans la production commerciale, 10 d’entre eux produisant chacun au moins 15 tonnes par an.
Selon des données de l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis (USGS) datant de 2019, l’Afrique compte pour environ 22 % dans la production minière mondiale ; un pourcentage en pleine croissance, au regard des nouveaux projets qui se développent sur le continent chaque année.
Quelques raffineries présentent en Afrique
Le Gabon a une raffinerie d’or, d’une capacité de 7 à 10 tonnes/an inaugurée en 2023. Fruit d’un partenariat entre la Société équatoriale des mines (SEM) et la société à capitaux londoniens et émiratis, Alpha Centauri Mining (ACM).
C’est la première usine de transformation de l’or dans ce pays. Selon Le Nouveau Gabon, avec la mise en service de cette usine, le Gabon pourrait bientôt interdire l’exportation de l’or brut.
La production aurifère gabonaise est de 2 tonnes par an. Une grande partie de cette production provient du traitement de l’or alluvial. Dans les prochaines années, le Gabon espère produire davantage dans l’optique de se constituer une réserve stratégique d’or, pour plus de crédibilité sur les marchés extérieurs.
En effet, des raffineries d’or accaparent 66% des relations d’affaires avec les sociétés minières actives dans l’extraction du métal jaune en Afrique. C’est Swissaid, dans son rapport intitulé : « De l’ombre à la lumière : les relations d’affaires entre les mines d’or industrielles en Afrique et les raffineries », publié le jeudi 30 mars 2023 qui les a identifiés.
Il s’agit de Rand Refinery basée en Afrique du Sud appartenant à AngloGold Ashanti, Sibanye Gold et DRDGold, principales compagnies minières du pays. Entre 96 à 99,6% de l’or qu’elle traite provient de mines industrielles situées dans quatorze pays, notamment l’Afrique du Sud, le Ghana, la Tanzanie, la Namibie et la RDC.
Nous pouvons également citer Metalor, basée en Suisse, qui assure le traitement des ressources aurifères issues de onze pays, dont le Maroc, le Nigeria, le Mali et le Burkina Faso. Enfin, le troisième groupe, implanté à Genève, traite l’or de la Tanzanie, de la Mauritanie, du Liberia et du Burkina Faso via ses deux raffineries ouvertes en Suisse et en Inde.
Un métal aux multiples enjeux
Derrière les attaques des groupes terroristes dans la région du Sahel en Afrique se cache une lutte pour le contrôle de ce que l’on appelle les « royaumes d’or ». Le Mali et le Burkina Faso sont parmi les pays les plus attractifs pour les groupes terroristes en Afrique.
Le Mali, quatrième producteur d’or du continent (63,4 tonnes), abrite environ 350 sites d’extraction artisanale d’or. Plus de 10 % de la population de ce pays dépend du secteur minier comme principale source de revenus.
Selon le ministère des Mines, l’or y représente 75 % des exportations et 25 % du budget. Le Burkina Faso, cinquième producteur africain (45 tonnes), possède l’un des secteurs miniers les plus dynamiques de la région. L’exploitation minière dans ce pays représente les deux tiers des recettes d’exportation et 12 % du PIB, en plus de son rôle dans la fourniture de 61 000 emplois directs et indirects.
Problématique de l’or en Afrique
En dépit du niveau élevé du cours de l’or, les retombées sur les économies africaines demeurent faibles. Et pour cause, l’exploitation des gisements aurifères du continent est contrôlée par les multinationales. Globalement, les États ne bénéficient généralement que d’une participation de 10% dans le capital des sociétés exploitant leur or.
Résultat: les bénéficies provenant du niveau élevé du cours du précieux métal n’impacte que faiblement les économies africaines, même si certains contrats leur permettent de bénéficier d’une partie de la hausse du cours.
De manière schématique, les retombées de la production d’or sur les pays africains proviennent de trois sources: les impôts, les redevances minières et les dividendes. Concernant les impôts, les États africains ont tendance à adopter des codes d’investissement offrant de nombreux avantages fiscaux aux investisseurs étrangers. L’impact fiscal est généralement faible.
Les dividendes résultent des bénéfices générés par les entreprises, ceux-ci sont faibles du fait que les participations des pays africains dépassent rarement 10% du capital des entreprises exploitant l’or africain. Quant à la redevance, une taxe sur la valeur du minerai extrait, elle varie généralement entre 2 et 6% du chiffre d’affaires ou de la valeur carreau-mine, selon les pays, la maturité de la mine…
À titre d’exemple, Endeavour Mining, compagnie aurifère canadienne figurant dans le Top 10 mondial de producteurs d’or, présent avec six mines au Burkina Faso, 4 mines, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, a produit 1,4 million d’onces en 2022 dans ces trois pays, générant un revenu de 2,5 milliards de dollars. La compagnie n’a payé qu’environ 400 millions de dollars sous forme d’impôts, de redevances minières et de dividendes aux trois pays.