La pénétration en Afrique est faible en partie à cause du manque d’infrastructures d’importation, de traitement, de transport et de distribution. Les réseaux classiques de canalisations de transport de gaz domestique, comme celui de la région de Johannesburg en Afrique du Sud sont très rares en Afrique ; les réseaux GPL s’appuient sur l’acheminement physique de bouteilles jusqu’aux utilisateurs. Puma Energy prévoit de mobiliser 46 millions $ dans cette filière.
Sur une production mondiale de 94,60 millions de barils par jour (mb/j), la part de l’Afrique s’établit à seulement 6,22 mb/j, soit 6,57%. De plus, la production continentale est inégalement répartie entre une poignée de pays producteurs. En effet, les 5 premiers concentrent à eux seuls 4,953 mb/j, soit 79,63% de la production du continent africain, qui compte pourtant une quinzaine de pays producteurs de pétrole.
Pour parvenir à l’accès universel aux combustibles et technologies de cuisson propres d’ici 2030, chaque année 130 millions de personnes doivent cesser d’utiliser traditionnellement de la biomasse .Selon l’International Energy Agency, 970 millions de personnes en Afrique n’ont pas accès à des moyens de cuisson non polluants. Cuisiner avec ces combustibles « sales » est dangereux pour la santé, en particulier pour les femmes et les enfants.
En effet, on estime que cuisiner au charbon ou au bois équivaut à l’exposition à 400 cigarettes par heure. Le gaz de pétrole liquéfié (GPL) est la principale solution dans les zones urbaines, mais la récente flambée des prix le rend inabordable pour 30 millions de personnes en Afrique et favorise un retour à l’utilisation traditionnelle de la biomasse.
Les progrès nécessaires pour atteindre l’accès universel à la cuisson propre d’ici 2030 sont sans précédent, et les avantages sont considérables : réduction de plus de 500 000 décès prématurés par an d’ici 2030, baisse drastique du temps consacré à la collecte de combustible et à la cuisson, et possibilité pour des millions de femmes de poursuivre leur éducation, de trouver un emploi et de participer à la vie civique.
Fournir un accès universel à l’énergie moderne nécessite d’investir 25 milliards USD par an. Cela représente moins de 1 % des investissements énergétiques mondiaux actuels et correspond au coût de construction d’un seul grand terminal de gaz naturel liquéfié (GNL).
Les pays africains producteurs de gaz
Selon les informations fournies par le portail économique Trading Economics, la Libye, l’Angola et le Nigeria sont les plus grands producteurs de pétrole du continent africain. Ces trois nations produisent presque la même quantité d’or noir à l’échelle mondiale, se classant respectivement au 15e, 16e et 17e rang.
La plateforme Trading Economics a publié un nouveau classement des dix principaux producteurs africains de pétrole. La production de pétrole en mai, juin ou juillet 2023 est principalement incluse dans cette liste.
La Libye, qui a produit 1.173 mille barils par jour (bbl/j) en juillet dernier, dans la notation internationale, juste derrière l’Angola et le Nigeria. Les deux autres grandes entreprises pétrolières ont produit 1.149 mille bbl/j et 1.081 mille bbl/j, respectivement. Ils terminent sur la troisième place en Afrique, occupant respectivement la 16e et la 17e place du classement mondial. Le cinquième rang est occupé par l’Algérie (955 milles bbl/j en juillet) et l’Égypte (565 milles bbl/j en mai), qui se classent respectivement 19e et 27e au monde.
Le reste de la première dizaine des producteurs de cet hydrocarbure précieux en Afrique comprend la République du Congo (282 milles bbl/j en juillet), le Gabon (193 milles bbl/j en juillet), le Soudan (milles 187 bbl/j en avril), le Ghana (173 milles bbl/j en mai) et le Tchad (88 milles bbl/j en mai). Ils se classent dans la troisième dizaine des exportateurs de pétrole à l’échelle mondiale, avec une production annuelle de 88 bbl/j, à l’exception du Tchad, qui occupe la 41e place.
Au total, les réserves de pétrole du continent s’élèvent à 77 milliards de barils, dont 42 en Afrique du Nord et 34 en Afrique de l’Ouest et dans le pourtour du golfe de Guinée. La production du continent atteint 7,8 millions de barils par jour (soit un peu plus de 10 % du total mondial). L’Afrique n’est donc pas, en termes de réserves et de production, un nouveau Moyen-Orient, mais son rôle comme fournisseur des États-Unis et de l’Europe en fait un acteur clé.
Le gaz de pétrole liquéfié suspendu au Niger
Les autorités militaires au pouvoir au Niger ont décidé de suspendre les exportations de gaz de pétrole liquéfié (GPL) “jusqu’à nouvel ordre” pour privilégier l’approvisionnement national. Le Niger a atteint en 2020 une production de plus de 60 000 tonnes, selon des statistiques officielles. Il est principalement utilisé dans le pays pour cuisiner.
Le gouvernement nigérien avait notamment subventionné le GPL pour décourager l’utilisation abusive du bois, largement utilisé pour cuisiner dans le pays, et lutter ainsi contre la désertification.
Le Niger est malheureusement frappé depuis deux mois par de lourdes sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao), à la suite du coup d’État qui a porté des militaires au pouvoir le 26 juillet.
Le Nigeria, géant économique dont le chef de l’Etat Bola Tinubu est l’actuel président en exercice de la Cedeao, fournit 70% de l’électricité utilisée par le Niger. La suspension de l’approvisionnement met particulièrement le pays en difficulté.
Des raisons d’investir
De nombreux pays africains ont un accès insuffisant à l’électricité et même là où il est assuré, le GPL est plus économique, les tarifs électriques étant comparativement élevés. Cependant, la pénétration du GPL en Afrique est faible en partie à cause du manque d’infrastructures d’importation, de traitement, de transport et de distribution.
Les réseaux classiques de canalisations de transport de gaz domestique, comme celui de la région de Johannesburg en Afrique du Sud, sont très rares en Afrique ; les réseaux GPL s’appuient sur l’acheminement physique de bouteilles jusqu’aux utilisateurs. Investir dans des terminaux d’importation, usines de remplissage, bouteilles et filières de transport du GPL rendrait le gaz domestique plus accessible aux marchés nationaux. L’élimination de ces obstacles d’infrastructure et une distribution plus efficace contribueront à endiguer la tendance au retour au combustible biomasse néfaste.
African Infrastructure Investment Managers (AIIM), un des plus importants investisseurs en infrastructure d’Afrique, œuvre activement pour l’accès élargi aux énergies de cuisson propres dans la région. Il agit pour le développement du GPL en Afrique par le biais d’investissements dans la chaîne de valeur, des terminaux d’importation aux usines de remplissage et aux réseaux de distribution de bonbonnes. AIIM investit dans des sociétés comme Sodigaz, qui apporte le GPL à des foyers du Burkina Faso et du Bénin en construisant de tels réseaux de distribution.
AIIM a également investi dans BBOXX, plateforme de services énergétiques panafricaine qui s’est lancée dans la distribution de GPL et d’énergies propres aux populations non raccordées de RDC et du Rwanda. Financer d’autres projets d’infrastructure sera crucial pour stimuler la transition énergétique en Afrique, avec un impact social positif, tout en ralentissant la déforestation et en préservant l’environnement et la biodiversité du continent.
Alors que ses investissements dans le monde ont ralenti ces dernières années pour cause de difficultés financières, Puma Energy prévoit de mobiliser 46 millions $ dans cette filière. Le groupe de distribution, jugeant le marché du GPL saturé en Amérique latine, conduira cette expansion quasi exclusivement en Afrique.
Envisager le développement d’une énergie moderne et plus propre en Afrique
La priorité absolue et immédiate reste de parvenir à un accès universel à une énergie moderne et abordable pour tous les Africains. À la fin de l’année 2021, 600 millions d’Africains, soit 43 % de la population du continent, et 4 % de plus qu’en 2019, n’avaient pas accès à l’électricité. La plupart des personnes non connectées sur le continent se trouvent en Afrique subsaharienne et 80 % d’entre elles vivent dans des zones rurales.
L’adoption du GPL atténuerait les risques sanitaires de ces personnes non-connectées et pourrait, selon des estimations, sauver 500 000 vies par an en Afrique. On estime de plus que les coûts indirects évités par une sollicitation moindre des services et infrastructures de santé pourraient dépasser les 15 milliards $ annuels si 50 % des Africains adoptaient d’ici 2030 le GPL comme énergie de cuisson.
Les avantages environnementaux du GPL comparés à la combustion de biomasse pour la cuisine s’étendent au-delà d’une baisse des émissions de carbone et de la pollution de l’air : substituer le GPL à la biomasse pourrait aussi réduire la déforestation.
Les études suggèrent que cent foyers remplaçant la biomasse par le GPL préservent un hectare de forêt par an ; une seule bonbonne de gaz butane de 3 kg contient autant d’énergie que 7 m2 de forêt. Dans un pays comme la République Démocratique du Congo (RDC), aux forêts étendues, mais au taux de pénétration de l’électricité de 20 %, opter, même en ville, pour du gaz butane est une solution évidente contre la déforestation.
Le GPL est aussi bénéfique à l’éducation et à la productivité. Le temps perdu à ramasser le combustible, par exemple, pourrait être consacré à générer des revenus ou à aller à l’école. Malheureusement, logistique et infrastructures locales ne sont tout simplement pas en état de répondre à l’offre et à la demande domestique, particulièrement dans un contexte de boom démographique prolongé.
En outre, les effets de la pandémie et de l’invasion russe en Ukraine ont mis le GPL hors de portée financière d’environ 30 millions de personnes de plus à l’échelle du continent, les poussant souvent à revenir au combustible traditionnel qu’est la biomasse.