Le Niger interdit toutes les exportations de gaz de pétrole liquéfié (GPL) jusqu’à nouvel ordre. Dans un communiqué publié mardi 3 octobre dernier, relayé par Reuters, le gouvernement fixe désormais un ordre de priorité et décide que la production nationale doit être utilisée pour approvisionner le marché intérieur. Une autorisation spéciale peut être demandée pour l’exportation, sauf en cas d’excédent.
Un courrier du directeur général des douanes, Abou Oubandawaki, adressé à ses services sonnait déjà l’alerte, confirmée plus tard par un arrêté du ministère du Commerce et de l’Industrie :
Le présent arrêté a pour objet l’interdiction de l’exportation du gaz GPL au Niger. La production nationale du gaz GPL assure prioritairement l’approvisionnement du marché national,
soulignait l’arrêté ministériel en date du 25 septembre 2023.
Le gouvernement nigérien avait pris l’option de subventionner le gaz de pétrole liquéfié pour décourager l’utilisation abusive du bois, largement utilisé pour cuisiner dans le pays, et lutter ainsi contre la désertification. Selon des données officielles, le Niger a démarré la production de gaz de pétrole liquéfié en 2012. Huit ans après, en 2020, la production a atteint un peu plus de 60 000 tonnes.
Les consommateurs de gaz au Niger font face à de grandes difficultés d’approvisionnement amplifiées ces derniers mois avec l’embargo qui étouffe le pays, le gaz est vendu à un prix exorbitant, mais il devient également de plus en plus rare et difficile d’accès.
Le Niger est en effet frappé depuis deux mois par de lourdes sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (Cedeao), à la suite du coup d’État qui a porté des militaires au pouvoir en date du 26 juillet 2023. Le pays est depuis lors dirigé par le général Abdourahamane Tiani, qui coiffe le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
La société de raffinage de Zinder
Le Niger exporte ses excédents de gaz de pétrole vers le Nigeria voisin qui lui-même fournit 70% de l’électricité utilisée par le Niger et en a suspendu l’approvisionnement, conformément à l’embargo, au soir même du coup d’Etat.
Selon le site www.trtfrancais.com, la société de raffinage de Zinder (Zinder), principal fournisseur de cet hydrocarbure dans le pays, n’arrive plus à satisfaire une demande sans cesse croissante, estimée aujourd’hui à 35 000 tonnes. La suspension des exportations est ainsi censée atténuer la pénurie de gaz domestique sur le marché.
Un rapport du ministère nigérien du Pétrole relève que l’exportation du GPL « a été importante surtout en 2013 et 2014 » pour ensuite devenir « presque nulle en 2019 et 2020 » avec l’accroissement de la demande domestique.
Le Niger compensait la pénurie locale de gaz par des importations du Bénin ces dernières années. En 2020, la Société nigérienne des produits pétroliers (Sonidep) avait importé du Bénin 5000 tonnes de gaz de pétrole liquéfié. Une telle opération a été suspendue depuis l’embargo économique qui frappe le pays, ce qui laisse dans le désarroi les consommateurs.
Les perturbations du marché du gaz de pétrole liquéfié
A la vérité, les perturbations du marché du gaz de pétrole liquéfié au Niger n’ont été qu’amplifiées par l’embargo de la Cédeao. Dans un article intitulé « Consommation du gaz domestique au Niger : Les consommateurs appellent au secours ! », mis en ligne le 9 juillet dernier, plusieurs semaines donc avant le coup d’Etat du 26 juillet, le site nigerdiaspora.com informe que depuis 2020, l’ARSE (Autorité de régulation du secteur de l’énergie) a diligenté une mission d’investigation sur le respect des prix officiels du gaz de pétrole liquéfié.
Cette mission s’est déroulée dans la communauté urbaine de Niamey et ses environs, visitant au total 7 centres de remplissage et 150 dépôts et points de vente de GPL. Les résultats de cette mission mettent en évidence une énorme disparité dans le respect des prix du GPL, tant au niveau des centres de remplissage qu’au niveau des détaillants chargés de revendre le produit aux consommateurs,
informe le site internet.
Grand pays producteur de pétrole africain à l’horizon 2025
On apprend aussi que l’Autorité de régulation du secteur de l’énergie a dû lancer des campagnes médiatiques pour informer la population sur les prix officiels et pour inciter les revendeurs à les respecter. Elle s’est également réunie, indiquent nos confrères, avec les responsables du groupement des professionnels du gaz, GPG, et
il a été convenu de la création de dépôts mixtes dans la communauté urbaine de Niamey. Selon ces accords, la bouteille de 12,5 kg devrait être vendue à 3750 francs CFA (6,1 dollars US), celle de 6 kg à 1800 francs CFA (2,89 dollars US) et celle de 3 kg à 900 francs CFA (1,44 dollars US).
Le Niger détient au cœur de ses terres, le plateau rocheux de l’Aïr, un rectangle de 300 km sur 200 qui abrite 100 milliards de barils de pétrole et deux fois plus de gaz naturel. Ce qui donne au pays l’ambition légitime de devenir l’un des plus grands pays producteurs de pétrole du continent africain à l’horizon 2025.