La production du haricot qui est l’un des produits d’exportation du Niger a connu une hausse constante, ces 3 dernières années. De 2,2 millions de tonnes en 2018, elle est passée à 2,3 millions de tonnes en 2019, pour atteindre les 2,4 millions de tonnes en 2020.
Cette progression de la production du haricot est la résultante du renforcement des moyens de production de la culture de cette légumineuse, notamment l’augmentation des surfaces de production dans le cadre de l’Initiative 3N de l’ex-président Issoufou.
Bien que très consommé par les Nigériens (23 kg par habitant), l’écrasante partie de la production du pays (entre 60 et 75 %) est exportée, ce qui a fait du haricot, la première culture de rente surclassant l’arachide qui occupait cette position jusqu’en 1980 et dont la production a été de 600 000 tonnes en 2020.
Toutefois, les données d’exportation du haricot apparaissent faiblement dans les statistiques d’exportations du pays, selon une étude du Reca sur l’intégration commerciale au Niger.
De même, le Niger est un importateur net de biens en provenance d’autres pays africains, et a principalement commercé avec d’autres membres de la CEDEAO. La part du commerce intra-africain dans les exportations du Niger a chuté de 25,2 % en 2019 à 19,1 % en 2020, sous l’effet des perturbations du Covid-19 et de la fermeture de la frontière avec le Nigeria, mais est remontée à 28,6 % après la levée de cette dernière et la reprise des activités commerciales. Le Niger dispose par ailleurs, d’une période de 15 ans pour supprimer les barrières tarifaires dans le cadre de la ZLECA.
Impact de l’embargo sur les populations
Les mesures d’embargo des institutions communautaires – CEDEAO ; UEMOA- contre le Niger où le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), instance dirigeante militaire, a renversé les institutions de la 7e République, le 26 juillet dernier, commencent à avoir des effets, non seulement sur le quotidien de la population, mais aussi auprès des autres pays d’Afrique.
Pour la plupart des consommateurs, les commerçants du Niger ont profité de la fermeture des frontières pour augmenter les prix sur les marchandises, alors qu’il s’agit d’un ancien stock qui était déjà à leur disposition avant la fermeture des frontières. La rareté prévisible des denrées alimentaires bloquées au Bénin a déjà, entraîné une inflation de 25 %.
Le haricot, donc la mesure communément appelée la « tasse » est passée de 800 FCFA à 1.300, voire 1.500 FCFA. Malamaladi, Brahimah, et 3,5% de son personnel, avant la fermeture de la frontière avec le Niger, une cinquantaine de manutentionnaires préparaient chaque jour des tonnes de sacs de haricot. Le blocus du Niger décidé par la CDAO a réduit l’activité de ce grand commerçant de moitié.
Cet embargo affecte tous les domaines. Les banques commerciales ont très peu de liquidités. Depuis mardi 1er août, un particulier, quel que soit son compte, ne peut toucher [retirer] que 500 000 FCFA [764 euros] et une entreprise 5 millions de francs CFA [7 640 euros]. La douane ne peut pas faire des recettes, puisque les marchandises sont bloquées au Bénin.
Les impôts ne peuvent pas non plus entrer, car les banques sont en manque de liquidités. Les militaires, même à supposer qu’ils restent au pouvoir, n’auront donc pas l’argent nécessaire au fonctionnement de l’État : pas de salaires pour les fonctionnaires, pas de pécules, ni de bourses pour les étudiants, pas de soldes des militaires, etc. Sans oublier la dette intérieure et extérieure. Le drame, c’est que tous les projets de construction de barrages ; de routes ; d’érection de centrales énergétiques, mobilisés dans les secteurs du monde rural, de l’éducation, de la santé, sont déjà arrêtés.
Le Burkina apporte son soutien au Niger
Selon un communiqué du ministère en charge du Commerce, rendu public par l’Agence d’Information Burkinabè (AIB), cette décision a été prise « par solidarité avec le peuple nigérien », et une opération de délivrance d’Autorisations Spéciales d’Exportation (ASE) des céréales susmentionnées sera menée pour les exportations exclusivement en direction du Niger.
Les opérateurs économiques intéressés sont également invités à déposer leurs demandes auprès des services compétents du ministère en charge du Commerce. Cette décision intervient après la suspension des exportations des céréales que sont le mil, le maïs, le sorgho et le niébé sur toute l’étendue du territoire national.
Aperçu de la production et consommation du haricot
Selon planetoscope.com, actuellement, la production mondiale de haricots serait d’environ 43 millions de tonnes (dont 23 Mt de haricots secs et 20 MT de haricots verts). Selon l’Alliance de recherche panafricaine sur le haricot (PABRA), les petits exploitants africains cultivent chaque année plus de quatre millions d’hectares de haricots, source d’alimentation pour plus de 100 millions d’africains.
L’Afrique de l’Est détient le record mondial de consommation de haricots par personne, celle-ci s’élevant à environ 50 à 60 kg par an. Avec un taux de 22%, le haricot est riche en protéines; il contient également du fer, du zinc, des fibres et des carbohydrates lents. Le haricot représente une source de revenus notables, et de plus en plus importante en faveur des foyers ruraux, les ventes annuelles africaines s’élevant à plus de 580 millions de dollars en 2005.
Mais, les haricots figurent aussi au menu dans bien d’autres pays ACP comme le Nigeria, le Cap-Vert et dans les Caraïbes, où ils sont parfois accompagnés de maïs ou de riz. Le haricot commun (Phaseolus vulgaris), qui mérite bien son nom, représente quelque 95 % de la production mondiale de haricots secs.
En Afrique, les haricots sont à 60 % autoconsommés, le reste donnant lieu à des échanges très dynamiques, surtout entre les zones d’altitude et les plaines qui n’en produisent pas, parfois à plusieurs milliers de kilomètres. Parfois, comme dans la vallée du Rift en Éthiopie, où 90 % de la production est commercialisée, c’est une véritable culture de rente. Les haricots secs s’exportent peu hors du continent. Certains pays comme Madagascar ont cependant cherché à le faire en valorisant des variétés de grande qualité.
Le niébé, un haricot à fort potentiel pour les paysans d’Afrique
De plus en plus d’agronomes et de pays, notamment en Afrique de l’Ouest, se penchent sur les multiples vertus de la légumineuse endémique du continent. L’initiative dite « Cadre intégré » a démarré en 1997 au Niger.
Elle est l’œuvre de la Banque Mondiale, de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), du Centre du Commerce International (CCI), du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), du Fonds Monétaire International (FMI).
Les partenaires au développement bilatéraux et multilatéraux s’y sont associés pour répondre aux besoins des Pays les Moins Avancés (PMA) en matière de développement du commerce. Le projet doit aider ces pays à accroître leurs capacités à s’intégrer dans le système commercial multilatéral, notamment par l’augmentation de l’offre des produits nationaux comme le niébé sur les marchés internationaux. Le Niger est l’un des grands producteurs de niébé de l’Afrique de l’Ouest. Sa production vient derrière celle du Nigeria qui produit 75% du total de l’Afrique de l’Ouest.
Le niébé a remplacé dans une large mesure l’arachide comme culture de rente, mais hélas, cette filière dispose de canaux de distribution beaucoup moins organisés. Comme la consommation de niébé par habitant est traditionnellement assez faible au Niger, on estime que de 50 à 75% de la production de niébé du Niger est exportée, mais surtout dans le cadre d’un négoce informel qui n’apparaît pas significativement dans les statistiques d’exportation du pays.
Les rendements moyens estimés du niébé en zone aride ont été, au cours des 11 dernières années, de 136 kilos de haricots par hectare. A quoi, il faut ajouter des quantités importantes de fanes qui constituent peut-être le fourrage le plus apprécié pendant la saison sèche au Niger. Deux grandes variétés sont cultivées : les haricots blancs (avec une forte préférence pour les plus gros dans les canaux d’exportation) et les rouges.
Les blancs sont plus appréciés sur les marchés d’exportation du Niger, alors que les rouges sont souvent utilisés au Niger au petit déjeuner, dans l’alimentation des enfants, et ont une plus forte teneur en sucre (ils sont également appréciés sur des marchés de niche, au sud du Nigeria).
Le niébé, une filière qui tarde à s’enraciner au Burkina Faso
Le Réseau MARP Burkina a bénéficié, en partenariat avec Christian Aid, d’un financement de l’Union Européenne pour la mise en œuvre d’un programme dénommé « Programme Post-inondation d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PPASA) ». Ce programme intègre dans sa stratégie opérationnelle une approche filière. Cette stratégie a abouti à l’identification de filières porteuses dont le niébé.
En effet, la province du Zondoma apparaît aujourd’hui comme une zone de production par excellence de cette céréale. Cependant, les acteurs de la filière font face à de nombreuses contraintes limitant ainsi une véritable promotion de la filière niébé.
Conscient de cet état de fait, le Réseau MARP, avait prévu d’organiser dans le cadre de la tenue de la journée des producteurs du Zondoma, en collaboration avec Africare et les unions provinciales des producteurs du Zondoma, un forum de réflexion sur les contraintes liées à la filière niébé. L’objectif global de ce forum était de créer un cadre d’échanges entre les acteurs autour de la problématique de la promotion de la filière niébé dans le Zondoma. Cependant, des difficultés ne manquaient pas.
Les contraintes de la filière niébé évoquées par les communicateurs, et sur la base des travaux de diagnostic effectués par Drabo Issa, en 2002, se résumaient au fait que la production est assurée par de petits producteurs qui le cultivent avec d’autres céréales, avec des rendements faibles (200 à 250kg/ha). Cependant, on enregistre depuis un certain nombre d’années, l’émergence d’une production orientée vers le marché avec des rendements importants (800 à 1200 kg/ha).