L’UMOA-Titres, l’agence régionale de gestion et de promotion des titres publics de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), a rendu public en fin de semaine dernière, le 11 août pour être précis, un communiqué pour informer les investisseurs du marché des titres publics (MTP) que
le Trésor public du Niger n’a pas été en mesure de procéder au règlement de ses engagements financiers sur le MTP en date du 11 août 2023.
En clair, le pays n’est pas parvenu a payer 19 millions de dollars, soit environ 12 milliards Fcfa en principal sur les obligations du Trésor arrivées à échéance ce jour-là. Le Niger ne s’était plus retrouvé dans une telle situation d’insolvabilité depuis 40 ans.
Les autorités militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet en raison, ont-elles expliqué, du délitement profond de la situation sécuritaire et économique du pays, ne se sont toujours pas exprimées officiellement sur ce défaut de paiement.
Mais, selon l’UMOA-Titres, celui-ci a un lien direct avec les sanctions imposées par l’Union économique et monétaire ouest-africaine en protestation du coup d’Etat contre Mohamed Bazoum.
Si ce défaut de paiement se confirme, il viendrait ainsi donner du crédit aux analyses de l’agence de notation financière Moody’s Investors Service, qui, il y a quelques jours a dégradé la note souveraine du Niger de B3 à Caa2, qui signifie que le pays est exposé à un très grand risque d’insolvabilité financière.
En effet, comme moyen de pression contre les nouveaux hommes forts de Niamey qu’elle appelle à rétablir l’ordre constitutionnel en libérant le président déchu et en lui remettant le pouvoir, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a pris 9 sanctions sévères le 30 juillet contre le Niger.
Celles-ci concernent, outre la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec tous les autres pays membres, la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger, le gel des avoirs du Niger au de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), l’interdiction de voyager des militaires impliqués dans le coup d’Etat, etc.
Les conséquences de ces mesures ne sont pas sans conséquences sur les transactions financières. Or, selon Malam Abdoul’Aziz Mahamadou, président du syndicat des banquiers du Niger, les banques ne sont nullement confrontées à une pénurie de liquidités.
Les gens sont désormais incapables d’envoyer ou de recevoir de l’argent par l’intermédiaire des banques au Niger, ce qui affecte négativement les entreprises,
indigne pour sa part Elhaji Sani Shekarau, président de l’association des commerçants du Niger, cité par l’agence d’informations TRT Afrika.
Ce mardi, jour d’Assomption, les évêques du Togo voisin ont estimé que les mesures de la Cédéao étaient des « solutions de crise qui amèneront la violence et la guerre », tant la plupart des pays du continent peinent encore à surmonter les conséquences de la pandémie du coronavirus et de la guerre en Ukraine.
La conférence des évêques du Togo, dans sa déclaration sur la situation qui prévaut au Niger, suggère la levée des sanctions imposées par la Cédéao. Les victimes de ces sanctions ne sont pas seulement les cibles visées, mais plutôt toute la population de notre région,
jugent-ils.
Il faut dire que malgré cette stratégie visant à asphyxier financièrement le Niger et les menaces d’une intervention militaire de la force en attente de la Cédéao pour déloger la junte de Niamey, le coup d’Etat du 26 juillet est encore fortement soutenu par le peuple nigérien. Mais, pour combien de temps encore ?
Le Niger qui est cité comme l’un des pays les moins économiquement structurés au monde enregistre en effet un taux de pauvreté de plus de 40% de sa population. La situation qui prévaut actuellement ne devrait pas tarder à décupler ce chiffre.