La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est en synergie pour échanger sur les moyens de réduire le coût des billets d’avion et d’améliorer la connectivité en Afrique de l’ouest. Car jusqu’à ce jour, les coûts des vols à l’intérieur de la sous-région demeurent très élevés, comparés à d’autres régions du monde. Par exemple, un vol Abidjan-Dakar (2 431,2 km), en aller-retour (Aller le 04 novembre 2024 et retour le 06 novembre) coûte à partir de 1 108,40 USD (682 813 FCFA) avec Air Côte d’Ivoire ou Ethiopian Airlines, tandis qu’un vol Abidjan-Paris (7 214,6 km) en aller-retour coûte à partir de 541,52 de dollars US (334 706 FCFA) avec Corsair ou Royal Air Maroc sur les périodes similaires.
Face à la cherté, les États membres de la CEDEAO ont mis au centre de leurs débats, -tenus du 5 au 08 novembre 2024 à Lomé au Togo-, le prix des billets d’avion à l’intérieur du territoire couvert par les Etats. Dans un éditorial intitulé « Comment rendre abordables les prix du transport aérien africain » paru dans le magazine économique Afrimag, le chroniqueur Jean-Louis Baroux a mené une comparaison entre les prix appliqués en Afrique de l’Ouest et ceux de quelques pays européens.
En voici quelques exemples pris sur le trajet le plus direct avec un aller le 10 décembre et un retour le 17 décembre 2024 en classe économique : Bamako-Lomé (4h30 de vol) aller-retour pour 946,05 USD (584 784 Fcfa) avec la compagnie Asky ; Accra-Douala (8h20 de trajet car il y a une escale) au tarif de 1 268,19 USD (783 650Fcfa) toujours avec Asky ; Abidjan-Dakar (5h25 de vol) au prix de 557,56 USD (344 570 Fcfa) avec Kenya Airways,
a-t-il écrit.
Des prix qui sont largement élevés,
Par comparaison sur les routes européennes Paris-Rome (4h25 de vol) au prix de 70,10 USD (43 317 Fcfa), avec Ryanair ; ou Paris-Athènes (6h50 de temps de vol) en aller-retour pour un prix de 186,93 USD (115 513 Fcfa) avec Transavia ; ou encore Londres-Athènes (7h50 de temps de vol) pour 121,13 USD (74 820 Fcfa) en prenant EasyJet
ajoute-t-il.
Faiblesse face à une concurrence internationale
D’après des études menées par la CEDEAO, la forte taxation dans la région incluant les redevances aéroportuaires, les frais de navigation et les taxes gouvernementales alourdit significativement le coût des billets et freine le développement de l’aviation civile.
Ce poids financier rend les compagnies aériennes locales moins compétitives par rapport aux transporteurs étrangers,
ajoute Jean-Louis Baroux.
Selon le chroniqueur économique, vu de l’extérieur, d’autres raisons expliquent que les billets en Afrique soient aussi élevés.
La première est l’atomisation du transport aérien africain. Hormis quatre compagnies aériennes : Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc et Egyptair, aucun opérateur n’atteint la taille suffisante pour se battre devant une concurrence internationale toujours très active. Or, aucun des quatre transporteurs nommés plus haut est basé dans le territoire couvert par la CEDEAO. Ainsi les compagnies européennes peuvent vendre à des tarifs plus élevés qu’elles le font ailleurs et elles ne s’en cachent pas, car elles ne craignent pas la concurrence africaine. La première réponse serait de créer une compagnie de bonne taille basée dans cette région.
Urgence d’investir dans des flottes adaptées
Il est également essentiel que les compagnies aériennes africaines adoptent des pratiques tarifaires flexibles et transparentes. L’intégration de modèles tarifaires compétitifs et adaptés à la diversité du marché permettra d’attirer une clientèle plus large et de dynamiser les échanges intra-africains. Cela rendra les billets intra-africains plus compétitifs face aux tarifs des vols intercontinentaux tout en permettant de maintenir une rentabilité nécessaire pour le développement des compagnies locales.
Ainsi, pour réduire les coûts des billets et renforcer l’intégration économique régionale, une combinaison d’investissements dans des flottes modernes, la densification de la flotte, la mise en place de partenariats stratégiques et une révision de la politique fiscale sont essentielles. Ces mesures permettront de surmonter les défis liés aux coûts élevés tout en rendant les déplacements aériens en Afrique de l’Ouest plus accessibles et compétitifs. Toutefois, les États devraient surmonter certains défis politiques et économiques, comme les résistances au changement ou les contraintes budgétaires, pour mettre en œuvre ces réformes avec succès.