Quel a été le contenu de vos échanges avec le Gouvernement à propos de la filière oléagineux ?
Nous sommes venus rassurer les consommateurs et l’Etat du Cameroun, représenté par le ministre du Commerce. Nous sommes dans une filière qui a deux segments : un segment de la première transformation et un segment de la deuxième transformation ; la deuxième est alimentée par la première. Concernant la production venant de la première, on a à peine 500 000 tonnes de production annuelle d’huile de palme brute, pour une demande de 2 400 000 tonnes. Est-ce que vous imaginez le déficit ?
Qu’est ce qui est envisagé pour combler l’important déficit d’huile de palme brut ?
Malgré ce déficit-là, nous travaillons depuis plus de 10 ans pour éviter la pénurie. Nous le faisons à travers des concertations essentiellement au niveau du Comité de régulation qui se trouve au ministère du Commerce, mais désormais beaucoup plus au sein d’Interpalm-Cam ; c’est la seule interprofession au sens réel du terme qui existe au Cameroun et qui regroupe non seulement les chercheurs, mais également ceux qui produisent, ceux qui transforment et ceux qui commercialisent.
Nous nous sommes rendus compte qu’il fallait rapidement penser à une importation d’une portion du déficit, parce qu’aucune entreprise de raffinage ne travaille à 50% de ses capacités au Cameroun, c’est bon de le savoir. Vous avez des unités qui ont des capacités quasiment de 20 mille tonnes par mois. Cela veut dire que la production totale, elle risque de la prendre. On a mis sur pied une équation qui permet une répartition sur la base des capacités réelles de transformation des entreprises, sur la base de la disponibilité et du lieu de la disponibilité.
Dans la première transformation, vous avez CDC, Socapalm, Pamol qui sont dans des endroits différents. Et lorsqu’on vous donne votre quota, vous avez à enlever dans chacune de ces unités en fonction de votre capacité. Dons nous avons rassuré le ministre sur le fait qu’il n’y aura pas de pénurie. Parce qu’il n’y en a pas eu depuis plus de 10 ans ; on a un déficit qui n’est pas la pénurie. Le déficit est par rapport à la transformation, mais vous savez que tout ce qu’on produit localement n’est pas consommé localement notamment en matière de savon.
On fait plus de 33 000 tonnes de savon par mois et c’est destiné à la production nationale qui est autour de 18 000 tonnes. Le reste est exporté vers les pays d’Afrique centrale, mais aussi au Soudan, en Angola etc. En résumé, il n’y aura pas de pénurie parce que nous avons travaillé pour que le déficit vienne de l’importation de façon conjoncturelle. Les gens disent qu’on aime importer, mais que non. Face aux problèmes structurels il faut des mesures conjoncturelles ; en attendant planter, il faut importer parce que nous devons manger (des beignets haricots, le koki) …
Quel est le prix homologué de l’huile raffinée en cette période spéciale de fin d’année ?
Le bidon de 20 litres va couter 43,03 USD (27 000 Fcfa). Il est bon que l’on sache que le prix d’achat à l’extérieur a doublé par rapport au prix national. Cela veut dire qu’en termes de litre, on sera à une moyenne d’à peu près 2,15 USD (1350 Fcfa). Mais pour le conditionnement d’un litre, bien que le prix homologué ait été fixé à 2,39 USD (1500 Fcfa), nous allons vendre un peu plus bas c’est-à-dire 2,31 USD (1450 Fcfa) la bouteille, pour qu’on puisse passer des bonnes fêtes de fin d’année, que nous soyons contents de consommer notre matière première localement produite.
Ce, en attendant de voir la suite. Car ce qui est important c’est qu’actuellement au ministère du Commerce il y a des consultations pour les prix. Même si votre cout de matière première ou votre coût de revient de façon globale augmente, vous n’avez pas le droit d’augmenter le prix. La loi dit qu’il faut une concertation, et au terme de la concertation il y’a une homologation qui est faite et diffusée. Vous savez qu’on était passé à 1500 l’an dernier à cause de la flambée sur le plan international et on a même relevé le cout localement produit. Malgré ces nouvelles flambées nous avons dit que nous n’allons pas augmenter les prix. On va d’abord passer l’année et en début d’année on verra si c’est nécessaire qu’on sollicite une augmentation ou pas. Parce que quand on produit c’est pour vendre, c’est pour les consommateurs ; et si les consommateurs ne peuvent plus acheter qu’est-ce qu’on devient ? On ferme les boutiques et puis tout s’arrête.
Propos recueillis par Leonel Douniya et Aissatou Amirah