La situation est presque critique. Le niveau des importations ne cesse de grimper. Face à la demande sans cesse croissante des industries de première transformation en huile de palme pour la production de l’huile de raffinée et du savon, le recours aux importations s’avère une mesure conjoncturelle, appliquée dans l’attente du relèvement de la production nationale d’huile de palme brute, bien que le gouvernement prône l’import-substitution.
De 96 000 tonnes en 2017, les importations en huile de palme ont culminé cette année à 225 000 tonnes. Sur sollicitation des industries de la 2ème transformation notamment ceux de l’ASROC, de l’ATHV et de l’ATPO auprès du Comité de régulation de la filière des oléagineux, une autorisation d’importation des 225 000 tonnes d’huile de palme a en effet été agréée en date du 4 juillet 2024 par le ministre des Finances, dans des conditions susceptibles d’éviter le relèvement du prix de cession de l’huile végétale raffinée.
Un déficit structurel de plus de 160 000 tonnes
Ces conditions, précise-t-on à l’ASROC, n’ont malheureusement pas produit l’effet escompté et interpellent sur la nécessité de davantage planter pour résoudre le déficit structurel de l’huile de palme brute qui s’accroit chaque année. En effet, la Filière des Oléagineux fait face à un déficit structurel de la matière 1ère essentielle qu’est l’huile de palme brute de plus de 160 000 tonnes.
Et ce déficit va continuer à s’accroître, si rien n’est fait en urgence au regard de la demande et du relèvement de la capacité de transformation des unités existantes, et l’entrée en scène de nouvelles. A titre d’illustration, explique-t-on à l’ASROC, la production nationale mensuelle projetée et à redistribuer pour le compte du mois de novembre 2024 est de 6 426 tonnes à répartir à 17 transformateurs, pour une demande mensuelle de l’ordre de 200 000 tonnes et annuelle de 2 400 000 tonnes.
Accéder à la terre pour planter le palmier à huile
Les importations étant une solution conjoncturelle, les acteurs majeurs de la 1ère et 2ème transformation se sont engagés à s’investir dans la production locale d’huile de palme, délaissée jusque-là aux petits planteurs villageois. Mais pour cela, il faut pouvoir avoir accès à la terre. Et un plaidoyer est mené depuis un certain auprès du gouvernement pour la mise à disposition des terres pour planter le palmier à huile. C’est d’ailleurs le principal objectif visé à travers la création, sous l’impulsion du gouvernement représenté par le ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, de l’Organisation Interprofessionnelle de la Filière Palmier à Huile du Cameroun (INTERPALM CAM), suite aux résolutions de son assemblée générale constitutive, tenue à Douala le 19 décembre 2023.
Cette interprofession a entre autres objectifs, la création d’un cadre propice à la concertation et aux échanges entre les professions de la filière ; l’identification des actions stratégiques à mener pour permettre le développement de la production ; la création d’emplois et de revenus ; le relèvement de l’offre en noix et en huile de palme brute. Mais également, la formation, la normalisation de l’huile de palme brute et de ses produits dérivé, la planification de la réduction du déficit en huile de palme brute, la gestion de la concertation sur les prix des régimes, de l’huile de palme brute, de l’huile raffinée et des autres produits dérivés, partagée entre acteurs, à soumettre à l’Etat, en vue de leur homologation, la veille règlementaire, normative et commerciale de la filière.
Plus de 1,6 milliard de dollars US (plus de 1000 milliards de FCFA) déjà investis
La filière huile de palme a été identifiée comme une filière à fort potentiel de croissance et à forte valeur ajoutée, qui créé de la richesse, des emplois et apporte à l’Etat à travers ses entreprises, des ressources fiscales et sociales indispensables pour son développement. Elle a déjà investi plus de 1000 milliards de FCFA emploie plus de 60 000 personnes en emplois directs et continue à le faire, en témoigne les nouvelles unités de transformation créées et annoncées.
Mais, informe-t-on, elle souffre ces derniers temps non seulement des contrecoups des importations d’huiles végétales raffinées non conformes en violation de la réglementation en vigueur, importations toujours pas maîtrisées, de l’avis du Secrétaire général de l’ASROC, Jacquis Kemleu Tchabgou, qui était face à la presse, le 26 novembre 2024, au siège de l’ASROC à Yaoundé. La filière huile, a-t-il également tenu à préciser, souffre d’une concurrence déloyale entre acteurs économique du fait de la mise dans les espaces marchands des huiles localement produites et commercialisées en violation de l’écosystème juridique en place, huiles menaçant gravement la santé des consommateurs.