La nomination de Jean-François Ntsama-Etoundi au poste de Directeur général adjoint à la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), consacre le retour d’un Camerounais dans la gouvernance de cette entreprise agroindustrielle. En effet, les nominations du 18 octobre 2018 avaient mis à l’étroit le Cameroun qui n’avait plus de représentant dans le top management de la société détenue à 26% par l’Etat du Cameroun, les 74% du capital majoritaire étant contrôlés par le groupe français Somdiaa, rachetés, il y a quelques années, à la famille Vilgrain par le groupe Castel. « Cette nomination marque une nouvelle étape pour Sosucam, leader de l’industrie sucrière au Cameroun, et témoigne de l’engagement continu de l’entreprise envers l’excellence et l’innovation », a annoncé la filiale du groupe Somdiaa.
En effet, une session extraordinaire du Conseil d’administration de la SOSUCAM s’est tenue, le mercredi 22 janvier 2025, pour désigner une nouvelle équipe dirigeante. Ainsi, Jean-Louis Liscio, qui était le numéro 2 de l’entreprise depuis un peu plus de deux ans, a été désigné Directeur général. Il remplace à ce poste, Jean-Pierre Champeaux qui a déposé sa démission, il y a quelques jours. Le Camerounais, Jean-François Ntsama-Etoundi, porté au poste de Directeur général adjoint, occupait jusque-là le poste de Secrétaire général de la SOSUCAM (depuis mars 2023). Avant cela, il est passé par les postes de Chef du service commercial (2008-2009), puis Directeur commercial et marketing (2009 – 2023).
Ce dernier dispose aussi d’une longue expérience dans les domaines de commercial et de marketing hors des frontières camerounaises. En effet, avant de rejoindre la SOSUCAM, il a travaillé pendant 11 années à Coca-Cola Entreprises SAS à Paris, dans la région française de l’Ile de France. D’attaché commercial circuit alimentaire de 1997 à 2000, il y a gravi les échelons jusqu’au poste de Superviseur des ventes, avant de retourner au Cameroun en 2008.
Défis colossaux
La nouvelle administration de la SOSUCAM a de nombreux défis à relever. La mission urgente est d’assurer la réussite de la campagne sucrière 2024-2025, lancée en novembre 2024 et qui se poursuivra jusqu’en mai 2025. Soulignons que l’entreprise est actuellement confrontée à d’énormes contraintes d’exploitation. En plus, elle est impactée par la contrebande, les importations massives de sucre et la hausse des coûts des intrants. A cela s’ajoutent les conditions climatiques défavorables sur la production de la matière première, qu’est la canne. La tâche s’annonce donc ardue pour la nouvelle équipe dirigeante de la SOSUCAM.
130 000 tonnes de sucre à l’horizon 2027
Ces difficultés qui minent l’entreprise camerounaise auraient provoqué, par exemple, une baisse des ventes de sucre aux ménages de l’ordre de 25% entre le 1er janvier et le 31 octobre 2024 chez ce producteur. La conséquence de ces méventes pour l’État, d’après les informations du directeur général sortant, c’est -4, 91 millions USD (3,1 milliards de Fcfa) de recettes de TVA perdues en 10 mois.
L’entreprise qui a été recapitalisée à hauteur de 53,92 millions USD (34 milliards Fcfa) sur les deux dernières années par l’actionnaire majoritaire, à savoir : le groupe français Somdiaa, annonce qu’elle est désormais obligée de procéder à des mesures d’urgence depuis le 1er novembre 2024, notamment une limitation des recrutements du personnel en CDI et CDD au strict nécessaire pour la campagne 2024-2025. Elle dit néanmoins avoir maintenu son plan de développement qui vise à atteindre une production de 130 000 tonnes de sucre à l’horizon 2027. En 2023 et 2024, elle a mis en œuvre un plan d’investissement de 63, 44 millions USD (40 milliards de Fcfa).
Malgré son positionnement stratégique sur le marché local du sucre, la Sosucam peine cependant à satisfaire la demande nationale estimée à environ 300 000 tonnes, contraignant souvent l’État à autoriser des importations.