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Afrique : les enjeux autour de la production pétrolière en hausse, d’ici fin 2025

L’Afrique est sur le point de franchir un nouveau cap dans le secteur pétrolier. Selon les dernières estimations de l’African Energy Chamber, la production pétrolière africaine pourrait passer de 6,5 millions de barils par jour (mb/j) actuellement à près de 7 millions d’ici fin 2025, soit une progression de 7,7 %.

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Cette croissance de la production pétrolière en Afrique, bien que modeste à l’échelle mondiale, représente une opportunité majeure pour les économies africaines, bien qu’elle pose aussi des défis structurels et environnementaux. L’African Energy Chamber base ses prévisions sur plusieurs facteurs, parmi lesquels : « la réduction des actes de vandalisme sur les oléoducs et des vols de pétrole au Nigeria, ou encore un environnement plus stable au Soudan, qui affecterait également la production du Soudan du Sud ».

La production pétrolière africaine est aujourd’hui dominée par des pays historiques comme le Nigeria, l’Angola et la Libye, qui représentent à eux seuls plus de 60% de la production continentale. Cependant, de nouveaux acteurs émergent, redessinant la carte énergétique du continent. Le Ghana, le Sénégal et la Mauritanie, grâce à des découvertes récentes, sont en train de s’imposer comme des producteurs significatifs.

Selon un rapport de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Nigeria, premier producteur africain, devrait maintenir sa production autour de 1,8 mb/j en 2025, malgré des défis sécuritaires et infrastructurels. L’Angola, quant à lui, table sur une stabilisation de sa production à 1,1 mb/j, après des années de déclin. Mais c’est surtout du côté des nouveaux producteurs que l’on observe une dynamique positive. Le projet pétrolier Sangomar au Sénégal, opéré par Woodside Energy, devrait produire environ 100 000 barils par jour, tandis que le champ Greater Tortue Ahmeyim, à cheval entre la Mauritanie et le Sénégal, promet des réserves de gaz et de pétrole considérables.

Concrètement, Dans le rapport intitulé « The State of African Energy 2025 Outlook », l’Afrique de l’Ouest devrait maintenir son statut de première région productrice du continent, en passant d’un volume de 3,7 millions bpj à environ 3,9 millions bpj. Une reprise au Nigeria et une production stable en Angola (pays inclus dans la région, selon la répartition du rapport). Elle sera suivie de l’Afrique du Nord, qui devrait maintenir son volume de 3 millions bpj, grâce à une offre constante en provenance de l’Algérie, et une production libyenne sans perturbation majeure. « Cependant, la stabilité de l’offre libyenne dépend largement de la situation politique dans le pays. Toute détérioration pourrait entraîner des manifestations et des interruptions de production », peut-on lire dans le document, qui indique que l’Afrique devrait contribuer à hauteur de 8% à l’offre mondiale.

Des revenus colossaux, mais une répartition inégale

Le pétrole représente une manne financière essentielle pour de nombreux pays africains. Selon la Banque africaine de développement (BAD), les exportations pétrolières ont généré plus de 150 milliards de dollars de revenus en 2022 pour le continent. Le Nigeria, par exemple, tire près de 90% de ses recettes en devises étrangères du pétrole, tandis que l’Angola dépend à plus de 70% de cette ressource pour son budget national.

Cependant, cette richesse reste mal répartie. Les inégalités sociales et économiques persistent dans la plupart des pays producteurs. Au Nigeria, malgré des revenus pétroliers annuels avoisinant les 40 milliards de dollars, plus de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cette situation s’explique en partie par la corruption, la mauvaise gestion des ressources et le manque de diversification économique. Selon Transparency International, plusieurs pays producteurs de pétrole en Afrique figurent parmi les plus corrompus au monde, ce qui freine le développement socio-économique.

L’augmentation de la production pétrolière représente un enjeu économique majeur pour les pays producteurs d’Afrique. L’exportation du pétrole brut reste l’une des principales sources de revenus pour des nations comme le Nigeria, l’Angola, l’Algérie et la Libye. L’Afrique étant un fournisseur stratégique de pétrole, en particulier pour les marchés européens et asiatiques, l’augmentation de la production pourrait se traduire par des recettes supplémentaires substantielles pour ces pays.

Par exemple, si les prix du pétrole se maintiennent autour de 80 dollars le baril, cela pourrait signifier des recettes additionnelles de l’ordre de 15 à 20 milliards de dollars pour ces pays. En outre, l’augmentation de la production stimule également les secteurs liés, comme le raffinage, la logistique et les infrastructures portuaires, créant ainsi des emplois et améliorant la balance commerciale de ces nations. Toutefois, cette dynamique ne s’accompagne pas toujours d’une gestion optimale de ces ressources. Le défi reste donc la diversification économique et l’utilisation des revenus pétroliers pour soutenir le développement durable et réduire la dépendance aux fluctuations du marché pétrolier.

Des capacités de production en expansion, mais des défis à surmonter

L’augmentation de la production pétrolière en Afrique repose sur des investissements massifs dans l’exploration et l’exploitation. Les majors pétroliers comme TotalEnergies, BP et Eni ont injecté des milliards de dollars dans des projets clés. Par exemple, TotalEnergies a investi plus de 10 milliards de dollars dans le projet Mozambique LNG, bien que celui-ci ait été temporairement suspendu en raison de l’insécurité dans la région.

Cependant, les défis ne manquent pas. L’instabilité politique, comme en Libye où la production fluctue en fonction des conflits internes, ou les attaques contre les infrastructures pétrolières au Nigeria, menacent la croissance du secteur. De plus, les infrastructures vieillissantes, comme les pipelines et les raffineries, limitent la capacité de certains pays à maximiser leur potentiel. Selon la Chambre africaine de l’énergie, plus de 30% de la production pétrolière africaine est perdue chaque année en raison de problèmes techniques et de vols.

Rappelons que, l’augmentation de la production pétrolière en Afrique intervient dans un contexte mondial où les prix du pétrole continuent de fluctuer en fonction de l’offre et de la demande. Les efforts pour améliorer la production pétrolière africaine sont également soutenus par des initiatives visant à diversifier l’offre énergétique, avec un accent particulier sur le gaz naturel. Le continent est riche en réserves de gaz, et plusieurs projets de GNL (gaz naturel liquéfié) sont en cours, notamment au Nigéria et en Mozambique, ce qui pourrait renforcer la position de l’Afrique sur le marché énergétique global.

 

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