Le Sénégal pourrait désormais être perçu comme un pays à risques pour ses potentiels investisseurs, qu’ils soient institutionnels ou individuels, publics ou privés, internationaux ou régionaux. Le pays de la Teranga pourrait par conséquent, ultérieurement, voir le taux d’intérêt de ses emprunts accroître de façon vertigineuse sur le marché de la levée des fonds, tant auprès de ses partenaires bilatéraux ou multilatéraux. Une spéculation qui n’avait plus été observée depuis 20 ans, précisent nos confrères de Radio France Internationale.
Cette situation fait suite à la dégradation de la note du pays, décidée le 24 février 2025 par Moody’s, une entreprise du Delaware (USA), connue pour ses notations. Moody’s rétrograde le Sénégal de la catégorie B1 à B3. Une dégradation elle-même consécutive aux incohérences constatées dans la situation budgétaire du pays, après la récente communication faite par la Cour des comptes de ce pays Ouest africain.
Le 13 février dernier, l’institution de contrôle financier a déclaré que la dette publique du Sénégal avait atteint environ 100% du Produit intérieur brut (PIB), contre 65,6% annoncé en 2023 par l’ancien régime de Macky Sall. Un taux largement supérieur au seuil requis dans la sous-région. Tandis que le poids du déficit public se situait à 12,3% soit deux fois et demi de plus que le taux communiqué, il y a deux ans par la précédente administration. Fait encore plus aggravant, le pays a effectué au cours de la même période Macky Sall, des prêts bancaires en dehors de la ligne budgétaire, apprend-on. Le Premier ministre, Ousmane Sonko n’exclut pas l’option d’engager des poursuites contre les auteurs de ces « manquements graves ».
Une situation budgétaire très fragile
Moody’s ne cache pas les motifs de la dégradation de la note sénégalaise : « La dégradation du Sénégal est due aux nouvelles données de la Cour des Comptes révélant une situation budgétaire beaucoup plus fragile », a justifié l’entreprise américaine spécialisée dans la gestion de risques et l’analyse financière d’entreprises commerciales et d’organes gouvernementaux.
Au plan politique, l’on s’achemine vers une crise ouverte entre l’actuelle administration sénégalaise et l’ancien régime conduit par le Président Macky Sall, qui avait concédé la défaite du candidat de son parti, au terme de l’élection présidentielles du 24 mars 2024. Cette élection a consacré la victoire, sur un score de 54,28% de suffrages exprimés en sa faveur, de Bassirou Diomaye Faye, aux affaires depuis le 02 avril 2024.
L’annonce de Moody’s Corporate intervient dans un contexte de réduction des ressources publiques et de l’aide étrangère au profit du Sénégal.