C’est donc l’avenir immédiat de la filière mondiale du cacao qui se décide à Yaoundé. Face aux nombreuses interrogations et attentes des acteurs de la filière, qu’il s’agisse des producteurs, de l’industrie ou des consommateurs, « Il nous faut apporter des réponses…. Il nous faut rassurer les uns et les autres. Nous n’avons pas le droit de décevoir. Nous porterions alors une lourde responsabilité devant l’histoire ». A martelé Luc Magloire Mbarga Atangana.
Et parmi ces attentes et interrogations, il y a par exemple du côté des des producteurs, au-delà de la problématique de l’accès au marché et des nouvelles exigences qui en découlent, la question des prix et de la juste répartition de la valeur. Le producteur ne percevant jusque-là qu’environ 7 % de la valeur générée par le cacao, selon les travaux des experts. « C’est trop peu, reconnaissons-le », de l’avis de Luc Magloire Mbarga Atangana.
Il n’est d’ailleurs pas le seul à s’en plaindre. A ce propos, il rappellera la leçon inaugurale de la Reine Mathilde, la Reine des Belges, à l’ouverture de 5ème Conférence Mondiale du Cacao, le 22 avril 2024, à Bruxelles. Selon elle, « Lutter contre la pauvreté des petits producteurs de cacao, mieux les rémunérer grâce à des prix justes, mieux distribuer la valeur ajoutée tout au long de la filière menant du cacao au chocolat sont des thèmes qui me semblent très pertinents, car ils rencontrent de nombreux Objectifs de Développement Durable auxquels tous les Etats ont souscrit dans le cadre des Nations-Unies ». Avant de conclure que « L’équité plaide pour une augmentation du prix payé aux cacaoculteurs. Il faut combler le fossé qui existe entre le revenu réel des producteurs et le revenu décent auquel ils peuvent légitimement aspirer, afin de satisfaire leurs besoins essentiels ».
Opacité dans l’information sur la gestion des stocks
Il y a également, la question de la prévisibilité du marché, et par conséquent, de la transparence. Le combat des producteurs, dira Luc Magloire Mbarga Atangana « est donc celui des prix justes, équitables et transparents, sans pour autant passer par pertes et profits la nécessaire préservation et protection de l’écosystème ». L’industrie et les consommateurs ne sont pas oubliés. Eux qui, le Mincommerce, « s’inquiètent, les uns pour leurs marges, et les autres pour le risque d’érosion de leur pouvoir d’achat ».
L’on n’oublie pas la problématique de la réalité des stocks détenus par l’industrie et celle de la demande de broyage dans les pays consommateurs. « A ce niveau, c’est l’opacité totale ou presque. Comment, dans ces conditions, prétendre travailler en confiance entre producteurs et industrie, en l’absence d’un minimum de transparence ? » S’interrogera le président en exercice de l’ICCO.
Il faut donc « avoir le courage de nous remettre en cause et interroger les modèles économétriques développés jusque-là, dont la pertinence et la fiabilité relèvent du domaine du doute et sont de nature à tout remettre en cause, expliquant pour partie la fluctuation des prix que les uns et les autres, nous sommes les premiers à déplorer et à dénoncer », conclura Luc Magloire Mbarga Atangana.
En rappel, les travaux de la 111e session ordinaire de l’ICCO et des organes subsidiaires, qui s’achèvent le 10 avril 2025, s’articulent autour des réunions de la Commission consultative sur l’économie cacaoyère, du Comité économique ; du Conseil international du cacao et du Comité administratif et financier.