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Maroc: la Bourse de Casablanca dans l’ère des produits dérivés

Un virage stratégique est en cours sur la place financière de Casablanca. La Bourse de Casablanca s’apprête à lancer, dans les prochaines semaines, son marché de produits dérivés, avec pour produit d’entrée, les contrats à terme sur l’indice MASI 20.

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Bourse de Casablanca

Le MASI 20 qui regroupe les 20 entreprises les plus liquides de la place servira d’actif sous-jacent aux tout premiers contrats à terme (futures), permettant aux investisseurs de se couvrir contre les fluctuations de l’indice, de spéculer sur son évolution ou encore de renforcer leur stratégie de gestion de portefeuille. Comme le rappelle Challenge.ma, ces instruments sont depuis longtemps utilisés dans les marchés développés pour gérer l’incertitude, et améliorer la rentabilité des portefeuilles d’investissement.

Dans un communiqué publié début mai 2025, la Bourse de Casablanca a précisé que ce lancement s’inscrit dans une démarche progressive, avec à terme, la mise en circulation d’options sur actions, de contrats à terme sur taux d’intérêt, et potentiellement d’autres produits structurés.

Objectif : renforcer l’attractivité et la résilience du marché

Cette réforme s’inscrit dans un contexte plus large de modernisation du secteur financier marocain. Selon Tarik Senhaji, l’introduction des produits dérivés répond à trois objectifs clés : accroître la profondeur du marché, attirer les investisseurs internationaux et créer des outils de couverture contre la volatilité. Ces produits pourraient, à moyen terme, faciliter l’entrée de gestionnaires d’actifs plus sophistiqués, tout en renforçant la crédibilité du Maroc comme hub financier régional, conformément à la vision de Casablanca Finance City.

L’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) joue un rôle central dans ce processus, notamment à travers la mise à jour du cadre réglementaire et le renforcement de la supervision. Des formations sont également en cours auprès des courtiers et gestionnaires de fonds pour les préparer à cette transition.

Un marché en mutation sur le continent

Au cours de l’année 2024, l’activité boursière a connu une nette accélération, marquée par une envolée de près de 70% du volume quotidien moyen des échanges, qui s’est établi à 37,5 millions de dollars US. Entre décembre 2023 et fin 2024, la valorisation globale du marché a progressé d’environ 20%, atteignant 77,6 milliards de dollars US. Cette hausse a été soutenue par une diversification sectorielle accrue, notamment dans les secteurs des services de transport (+71,79 %), du transport (+57,84 %) et de la santé (+52,24 %).

Le lancement de ce compartiment de produits dérivés s’inscrit également dans une dynamique continentale. L’Afrique du Sud dispose déjà d’un marché mature de dérivés boursiers, tandis que le Nigeria et l’Égypte ont initié des réformes similaires. Le Maroc, qui se positionne comme un acteur clé dans l’espace francophone, cherche ainsi à ne pas rester en marge de cette évolution structurelle, nécessaire pour soutenir l’intégration des marchés africains et répondre aux attentes des investisseurs globaux. « Nous souhaitons nous lancer à grande échelle dans les produits dérivés sur taux d’intérêt, car cela permettra de relier le Maroc des obligations d’Etat  au marché boursier, et de créer des stratégies d’investissement multi-actifs très intéressantes», affirme Tarik Senhaji. Selon une note de la Bourse de Casablanca, des efforts de sensibilisation sont en cours, en partenariat avec les associations professionnelles du secteur, pour accompagner les investisseurs dans cette transition.

Au-delà du Maroc, deux autres bourses africaines à suivre : le Ghana Stock Exchange et la BVMAC

Selon la banque du Ghana, le Ghana Stock Exchange a connu une croissance remarquable en 2024, avec une augmentation de 56,2 % de son indice composite (GSE-CI), sur une base annuelle en décembre 2024. La capitalisation boursière a atteint 111,36 milliards de cedis ghanéens (environ 9,3 milliards de dollars US) à la fin de décembre 2024, contre 73,89 milliards de cedis ghanéens (environ 6,2 milliards de dollars US) à la même période en 2023.

Cependant, cette performance s’est accompagnée d’une baisse significative des volumes de transactions. Le volume des actions échangées a chuté de 92,9 %, passant de 131,71 millions d’actions en novembre 2023 à seulement 9,35 millions d’actions en novembre 2024. De même, la valeur des actions échangées a diminué de 83,85 %, passant de 172,37 milliards de cedis ghanéens (environ 14,4 milliards de dollars US) à 27,84 milliards de cedis ghanéens (environ 2,3 milliards de dollars US).

BVMAC : Une reprise portée par le marché obligataire

La Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) a réalisé en 2024 sa meilleure performance en trois ans, avec un volume global de transactions atteignant 17,5 milliards de FCFA (environ 29,7 millions de dollars US), en hausse de 41 % par rapport à 2023. Cette progression a été principalement portée par le marché obligataire, avec des échanges s’élevant à 16,86 milliards de FCFA (environ 28,6 millions de dollars US), soit le double de la performance réalisée, l’année précédente. Les obligations de l’État du Cameroun ont été les plus échangées, représentant 79,9% des transactions. En revanche, le compartiment actions a connu une baisse de 4,9% de son indice ASI, reflétant une capitalisation boursière de 64,3 milliards de FCFA (environ 109 millions de dollars US). Cette contre-performance est corrélée à la baisse annuelle de 8,18% observée sur l’action Socapalm, qui pèse 54% du compartiment actions, et à la baisse de 24,8% de Safacam.

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