Patrick Pouyanné, puissant PDG de TotalEnergies a défendu lundi 29 avril 2024, devant la commission sénatoriale en France, durant environ 2h15, sa vision du futur énergétique, lors d’une audition très attendue. Enjeu principal des attentes, la cohérence des activités du groupe avec les engagements climatiques de la France, mais aussi ceux des 130 pays où la multinationale est implantée, dont plusieurs dizaines sur le continent africain.
La multinationale figure parmi les 4 plus grands groupes pétroliers dans le monde qui développe ses activités sur toute la filière pétrolière et gazière, de l’exploration au développement en passant par la production. TotalEnergies assure également des activités de raffinage, de distribution et de transport de produits pétroliers et de pétrole brut dans le monde entier. Devant une dizaine de sénateurs, lundi 28 avril, le PDG de TotalEnergies a présenté la demande mondiale en énergie qui, selon lui, augmente et qui doit donc être couverte par une offre suffisante pour permettre au monde de profiter d’une énergie “disponible, durable et abordable“. Les hydrocarbures,
fondamentalement, c’est ça qui nous rapporte aujourd’hui des profits (…) et si je veux investir dans le système B (les énergies décarbonnées, NDLR), il faut que je tire l’argent de quelque part (…) donc nous continuons à investir dans le système A,
a exposé le dirigeant, cité par l’AFP. “Si nous n’investissons pas dans le système pétrolier et c’est la même chose pour le gaz, on aura un déclin de l’offre et à ce moment-là, les prix montent au ciel”, a aussi justifié le patron du groupe qui n’a pas caché son agacement d’être perçu comme “la source de tous les maux”.
Poursuite d’investissements pour la production de pétrole et de gaz
Le PDG Patrick Pouyanné s’est irrité contre une “nouvelle bible” et “un scenario théorique”, à l’évocation du scénario de neutralité carbone en 2050 de l’Agence internationale de l’énergie qui met au ban tout nouveau projet pétro-gazier. Le gaz, qui rejette moins de CO2 que le pétrole et le charbon, permettra de faire la transition vers les énergies renouvelables, selon la vision de TotalEnergies commune à d’autres groupes pétro-gaziers. Celle-ci s’appuie à la fois sur la poursuite d’investissements pour la production de pétrole et de gaz, incluant de nouveaux projets d’exploitation, ainsi que sur le déploiement d’une offre électrique bas carbone. En clair,
pour le patron à l’unisson du secteur pétro-gazier, il faut d’abord construire le système énergétique de demain avant de débrancher les énergies fossiles,
commentent nos confrères de l’AFP. Le média de l’écologie Reporterre note pour sa part que
le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a défendu la stratégie de son entreprise, assumant la poursuite du déploiement des hydrocarbures malgré l’urgence climatique.
Le super-oléoduc traversant l’Ouganda et la Tanzanie
Une stratégie en totale opposition avec les préconisations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et des scientifiques du Giec, qui insistent tous sur la nécessité de stopper tout investissement dans les énergies fossiles. Le Réseau Action Climat et ses associations membres, demandent d’ailleurs au gouvernement français de corriger les incohérences entre ses promesses climatiques à l’échelle internationale et ses soutiens aux activités de TotalEnergies, soi-disant “fleuron” français.
TotalEnergies possède de nombreux projets d’extraction pétroliers et gaziers en Afrique. Le super-oléoduc EACOP traversant l’Ouganda et la Tanzanie est fortement décrié par des organisations de la société civile pour son impact sur les populations locales et sur l’environnement. La reprise du projet de GNL au Mozambique, suspendu en 2021 après une attaque jihadiste, reste elle conditionnée à une évaluation de la situation sécuritaire. Aujourd’hui, “l’Afrique représente environ 30% de notre production et 30 % de nos investissements,” est-il mentionné sur le site Internet officiel de la multinationale. L ’Afrique est au cœur de la stratégie globale de TotalEnergies. Pour quels impacts au bout du compte ?