Le constat est clair. Les coûts de l’électricité sont revus à la hausse depuis quelques jours dans plusieurs pays d’Afrique.
Cameroun
C’est le cas par exemple au Cameroun. Pour la période 2023-2025, le pays a décidé d’augmenter les prix appliqués à la compagnie en charge de la distribution de l’électricité (Eneo). Une décision de l’Agence de Régulation du secteur de l’Electricité (Arsel) entrée en vigueur le 1er janvier 2023 qui concerne les clients de la moyenne tension. Elle fixe également les « seuils minima de négociation des tarifs pour les clients dits « grands comptes ».
Avec la nouvelle tarification, les entreprises ayant souscrit à un abonnement de la tranche 0 à 0,05 MW et qui cumulent un volume de consommation situé entre 0 et 200 heures payent 125 F CFA, le Kilowatt(KW) aux heures de pointe (18 H 23H) et 95 F CFA aux heures creuses (23H 18H).
Par ailleurs, les clients de la tranche 0,05 à 1 MW payent 70 F CFA le KW aux heures creuses (00h à 2 h), 60 F CFA (200 à 400 h); 55 F CFA le KW (au-delà de 400 heures) et 95 F CFA le KW aux heures de pointes. De 1 à 2 MW payent entre 55 et 65 F CFA aux heures creuses et 95 F CFA aux heures de pointe.
Une autre augmentation des tarifs, dénoncée par la Fondation camerounaise des Consommateurs (Facaco) estimée à plus de 30% ( 91,98 FCFA le KW étant le prix entreprise du pays en 2022).
Côte-d’Ivoire
Comme un effet de mode, la compagnie ivoirienne d’électricité a elle aussi décidé de réajuster le prix du Kwh d’électricité en 2023. Pour le tarif courte durée ils sont de : 78,87 ; 122,04 et 56,66 F CFA (jour, nuit, pointe). Pour ce qui est du tarif longue durée, ils sont de78, 87 ; 122,04 et 56, 66 F CFA. Et quant à celui di longue utilisation, on est à 84,23 F CFA pendant les heures de pointe. Une nette augmentation comparée aux prix moyen de 2021 qui était de 65,5 F CFA, le KWh à en croire « l’agence ecofin ».
Au Sénégal, la Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (Crse) a pris la décision, le 30 décembre 2022, de réduire la subvention en faveur des consommations dépassant 150 kilowattheures(Kwh) à partir du 1er janvier 2023.
Sur la basse tension, au-delà de 150 KWh, il sera procédé à une hausse moyenne de 18,97 FCFA/KWh (16.62%). Sur la moyenne tension, une hausse de 22,79 FCFA/KWh (19,45%) et une augmentation moyenne de 14,31 FCFA/KWh (16,91%) sur la haute Tension,
indique le communiqué de la Crse.
A en croire la 24e édition du Classement des 500 champions africains 2023 publié par Jeune Afrique, d’autres pays devraient suivre à l’instar du Congo, qui s’apprête à augmenter les tarifs de l’électricité.
Le 7 février, ajoute le Magazine panafricain, la ministre tunisienne de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie a quant à elle annoncé qu’une hausse des tarifs de l’électricité était programmée pour 2023, sans toutefois préciser la date de son entrée en vigueur.
Il en est de même, pour s’arrêter à ces quelques cas assez significatifs qui reflètent une tendance générale, de l’Afrique du Sud, où les tarifs vont bondir de 18,65 % à partir du 1er avril.
Freins
Selon la littérature économique, la croissance d’un pays est souvent liée à son niveau de consommation de l’énergie électrique. En Afrique comme ailleurs, la hausse des tarifs de l’électricité est un des obstacles majeurs au développement économique et social. Elle entraine des conséquences très graves pour les consommateurs, l’industrie, l’économie en général.
Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que sur le continent, le déficit de l’électricité, pire encore son coût surélevé dans plusieurs pays décourage les investisseurs locaux et étrangers à investir dans les activités productrices dépendantes de l’énergie électrique. Une situation qui freine le développement de plusieurs pays africain dans des secteurs aussi variés que : l’industrie ; l’agro-alimentaire ; la consommation ; les services ; etc.
Les investisseurs quant à eux déjà établis dans certains pays comme le Cameroun ou encore l’Afrique du Sud songent, si la situation perdurent à rendre le tablier.
Au Cameroun, à l’annonce de la décision de porter à la hausse les prix de l’énergie électrique à partir du 1er janvier 2023, les aciéries sont montées au créneau. Dans une correspondance adressée le 6 janvier 2023 au directeur général de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel), l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acier (Ocita) a sollicité le retrait pur et simple de la décision prise le 12 décembre 2022. Décision qui consacre, selon la Fondation camerounaise des consommateurs, une augmentation de 30% du tarif d’électricité applicable aux clients de la catégorie dite « grands comptes ».
Cette hausse, si elle perdure :
devrait induire une augmentation du coût de production de l’ordre de 14 000 FCFA/tonne de fer à béton ; contraindre à une augmentation du prix final au consommateur que l’État ne souhaite pas ; menacer la stabilité de plus de 1 000 emplois dans la filière (soit environ 20% des emplois globaux) ; compromettre les capacités de production des industriels et rendre ainsi difficile l’approvisionnement régulier et suffisant du marché ; compromettre la stratégie gouvernementale de développement industriel, de promotion de l’import-substitution dans un contexte de déséquilibre de la balance commerciale et d’ouverture des marchés à l’export (Zlecaf) ; contredire les orientations gouvernementales visant la promotion d’un secteur privé compétitif ; et aggraver les difficultés structurelles d’une filière quasiment en survie depuis une bonne période,
peut-on lire dans la correspondance de l’Ocita.
En Afrique du Sud, l’industrie avicole, l’un des principaux contributeurs au PIB agricole est particulièrement touchée par le déficit d’énergie.
Dans ce secteur où domine le segment de la production de poulet, la filière œufs traverse actuellement une mauvaise passe (la production d’œufs dépasse chaque année les 500 000 tonnes, d’après l’Agence EcoFin). Une situation qui devrait s’aggraver dès le 1er avril (jour annoncé par le gouvernement sud-africain d’une hausse de 18,65 %) car, toujours à en croire l’agence de presse, dans cette filière, l’électricité, l’alimentation animale et les carburants constituent 75 %, des coûts de production.