Le rapport « The Energy Progress Report » de la Banque mondiale, publié en juin 2022 en marge de la Conférence des Nations unies sur le climat (COP 27), classe l’Egypte, le Maroc et la Tunisie dans le top 10 des pays africains ayant des niveaux d’électrification les plus élevés en Afrique, toutes sources énergétiques confondues. Les trois pays affichent chacun un taux de 100% aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales.
L’Algérie suit avec 99,8%, dont 99,6% dans les zones rurales. Loin devant le Gabon (91,6%) et le Ghana (85,9%), classés aux 4ème et 5ème rangs respectifs, ou encore l’Afrique du Sud (84,4%). Le Sénégal ferme ce classement des top 10 avec un taux d’accès de 70,4%. Précédé par le Botswana (72%) et le Kenya (71,4%), 8ème et 9ème respectivement.
Si une part non négligeable de l’électricité produite au Sénégal provient du solaire, de l’éolien, de la biomasse et du gaz naturel, il n’en va pas de même pour l’Afrique du Sud, qui puise 81,4% de son énergie électrique dans le charbon, l’un des combustibles fossiles les plus polluants, devenant d’office le plus grand pollueur du continent. Les énergies renouvelables de ce pays ne représentent que 6,7% de la production énergétique nationale.
Pas si éloigné de l’Algérie, où l’essentiel de l’énergie consommée en 2020 provient à 96% du gaz naturel. Chez son voisin égyptien, la part des énergies renouvelables représente un peu plus de 10%. Le Maroc est le pays du Maghreb ayant le plus investi dans les infrastructures d’énergies non polluantes : elles représentent 37% de sa production à la fin 2020.
Fort de ses 15 000 MW, l’Egypte table sur 42% à l’horizon 2035
En dépit des difficultés d’accès au financement, l’Egypte et le Maroc ont réalisé des exploits. Avec une réserve de réseau quotidienne de 15 000 MW, le pays des pharaons ne cache plus sa volonté de devenir un hub énergétique au niveau de la région Afrique-Moyen-Orient-Europe. Le développement de lignes d’interconnexion du pays avec ces partenaires commerciaux a pour finalité de permettre à l’Egypte d’exporter son électricité dans ces différentes régions.
Le projet de construction d’une ligne d’interconnexion électrique du pays avec son voisin l’Arabie saoudite pour un coût de 1,8 milliard de dollars, est toujours sur la table. D’une capacité de 3.000 MW, la première phase devrait être opérationnelle en 2024. La proximité de l’Egypte avec ces pôles est perçue comme un atout pour les acteurs étrangers qui désirent investir dans l’hydrogène vert ou qui investissent déjà dans les énergies renouvelables, en l’occurrence le solaire et l’éolien.
La façade côtière du pays, notamment les complexes touristiques des littoraux méditerranéens et de la mer Rouge, tout comme les régions rurales égyptiennes, sont propices au développement du photovoltaïque. L’Indien ReNew Power a manifesté l’intérêt en annonçant un investissement de 8 milliards de dollars dans la production de l’hydrogène vert sur la période 2022-2029 en Egypte.
ACWA Power a pour sa part signé un contrat avec le ministère égyptien de l’Electricité pour un investissement de 1,5 milliard de dollars pour la construction de la plus grande centrale éolienne du Moyen-Orient. Au total, ce sont quelque 14 accords d’investissement conjoint qui ont été conclus entre les deux pays pour un montant global de 7,7 milliards de dollars. Les domaines concernés sont l’énergie, les industries alimentaires, les technologies de l’information et la cybersécurité.
Par ailleurs, la Saudi Acwa Power Company, l’Autorité égyptienne des énergies nouvelles et renouvelables (NREA), et la Compagnie égyptienne de transport d’électricité (EETC) ont signé un protocole d’accord visant la mise en place d’un mégaprojet de production d’électricité à partir de l’énergie éolienne d’une capacité de 10 gigawatts (GW).
L’accord conclu est l’une des retombées de la rencontre au sommet qui a réuni à Riyad, le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdulaziz bin Salman bin Abdulaziz, et le ministre égyptien de l’Electricité et des Energies renouvelables. L’Emirati Masdar, les Allemands Siemens et H2-Industries, les Français EDF Renouvelables et Total Eren, et le Norvégien Scatec se sont engagés à investir des dizaines de milliards de dollars dans le secteur de l’hydrogène vert en Egypte.
En 2019, un parc solaire a été inauguré sur le site égyptien de Benban. Les six millions de panneaux solaires installés ici couvrent une superficie de 37 km2. Selon l’Onu cependant, cet investissement de 4 milliards de dollars (3,4 milliards d’euros) financé en partie par la Banque mondiale (BM), ne profite qu’à 42 000 foyers égyptiens. Les besoins énergétiques du pays de 120 millions d’habitants sont énormes surtout ceux de la capitale qualifiée d’énergivore, avec un cinquième de la population du pays.
Trouver les espaces au sommet des immeubles demeure le challenge des autorités en charge de ce secteur. Les experts estiment que 60 000 livres égyptiennes, soit 3 350 euros, sont nécessaires au passage à l’énergie solaire pour chaque foyer cairote. En 2016, seulement 9% de l’électricité égyptienne étaient issus d’énergies renouvelables. Le challenge des autorités c’est d’atteindre 42% d’énergie renouvelable en 2035.
Le Maroc veut atteindre le cap de 52% d’énergie renouvelable en 2030
Jusqu’en 2009, le Maroc, pays dépourvu de gisements d’hydrocarbures, dépendait à 95% des combustibles fossiles notamment le charbon, le pétrole et le gaz pour satisfaire ses besoins en électricité. Dès la même année, le pays s’est fixé un cap pour réduire sa dépendance ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre. Le royaume chérifien envisage alors d’exploiter les énergies renouvelables pour couvrir 42% de ses besoins en utilisant à parts égales toutes les ressources naturelles disponibles (soleil, vent et eau).
C’est dans ce contexte que naît le programme Noor (« lumière » en arabe). Il se décline en trois phases. Noor I, Noor II et Noor III L’appel d’offres est adjugée par un consortium constitué de huit conglomérats saoudiens, emmené par ACWA Power et son partenaire espagnol Sener.
La première centrale thermo-solaire (« Noor I »), construite à Ouarzazate, au sud du pays, en plein désert du Sahara, s’étalait sur quatre ans, de 2012 à 2015, pour une capacité de 160 MW. Inaugurée par le roi Mohammed VI, Noor I a fourni l’électricité à plus de 600 000 Marocains. Début 2018, la mise en service de deux nouvelles unités d’une capacité respective de 200 et 150 mégawatts, utilisant des technologies diversifiées, devait porter à 580 MW la puissance installée de l’ensemble des centrales du complexe de Ouarzazate, et la superficie totale du site à 3000 ha, faisant de ce mégaprojet « l’une des plus grandes centrales thermodynamiques à concentration du monde ». Le coût des deux phases est évalué à près de 2,1 milliards d’euros. La banque publique allemande Kfw et la Banque mondiale ont cofinancé le projet à hauteur de 650 millions d’euros et 400 millions d’euros respectivement.
Au total, ce sont plusieurs milliards d’euros qui ont été mobilisés pour la réalisation du complexe solaire de Ouarzazate. Outre la Banque mondiale et l’agence allemande, l’Agence marocaine pour le développement durable (Masen) a collecté les fonds sous la forme de prêts, auprès de plusieurs autres institutions financières internationales dont la Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d’investissement, et l’Agence française de développement (AFP). Ils ont ensuite été rétrocédés à la compagnie saoudienne ACWA. Après livraison des travaux, il échoit à cette dernière d’exploiter le site et de rembourser les prêts grâce aux revenus de la revente de l’électricité à un tarif garanti pendant vingt-cinq ans.
C’est donc tout logiquement que le souverain marocain a dévoilé les nouvelles ambitions de son pays en matière des énergies propres, lors de la COP21 en décembre 2015 à Paris : il est question désormais d’atteindre 52% en 2030. Un an plus tard, le pays était l’hôte de la COP22. Il s’engageait alors à revoir à la baisse la facture de ses importations de combustibles fossiles et, ce faisant, à réduire de 32% les émissions de gaz à effet de serre en 2030, ce alors même qu’à l’échelle planétaire le Maroc est responsable de seulement 0,15% de ces gaz polluants, soit 2 tonnes de CO2 par habitant en 2012 (contre 7 tonnes pour un Français, près de 20 tonnes pour un Américain du Nord et 62 tonnes pour un Koweïtien). La mise en service des parcs solaires et éoliens devrait ainsi éviter le rejet annuel de 9,3 millions de tonnes de CO2, soit 13 % des émissions actuelles et moins que l’idéal de 19% escompté, qui dépend de financements internationaux.
2000 MW d’énergie renouvelable au Maroc pour 14 milliards d’euros, et un réacteur nucléaire après 2030
Ces dernières années, le Maroc a initié un nouveau programme de 850 MW, réparti sur cinq sites. Ce projet est censé faire décoller le secteur de l’électricité, malheureusement toujours trop insuffisant, dans un pays dont la consommation d’électricité double tous les dix ans du fait du raccordement des zones rurales. Il n’en demeure pas moins que le pays envisage depuis 2020 de hisser sa production solaire à 2 000 mégawatts.
Le solaire n’est pas l’unique source. Fin 2014, le Maroc est devenu pionnier dans la production de l’énergie verte dans la région Maghreb en construisant à Tarfaya, son premier et le plus puissant parc éolien d’Afrique, doté d’une puissance de 300 MW. Pour les autorités cependant, il n’est pas question de mettre un terme aux combustibles fossiles.
L’hydroélectricité est l’une des sources historiques et la première énergie verte du Maroc. Les 140 barrages exploités totalisent 1 700 MW et de nouveaux ouvrages sont d’ores et déjà en projet. Deux unités d’exploitation à base du charbon, de 700 MW chacune, étaient en chantier il y a peu à Safi, dans l’ouest du pays, et d’autres étaient en cours d’extension. Le gouvernement a également annoncé la poursuite de l’importation du gaz naturel, de schistes bitumineux et du gaz de schiste. La construction d’un réacteur nucléaire après 2030 est en vue.
Le Maroc est engagé dans une transition énergétique, mais on ne peut pas demander à un pays du Sud d’être à 100% renouvelable du jour au lendemain. Il faut y aller par étapes et nous sommes sur la bonne voie,
déclarait à un confrère français le directeur de l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique.
Pour implémenter son programme solaire et éolien et opérer sa mutation énergétique, le pays devrait mobiliser 14 milliards d’euros. L’Etat compte financer tous ses projets moyennant sa garantie au montage d’initiatives public-privé. Fin 2019 par exemple,l’Agence marocaine pour le développement durable avait obtenu un prêt de 20 milliards de dirhams (près de 1,8 milliard d’euros) auprès d’une dizaine d’institutions internationales pour financer Noor selon le même modèle.
Or, à la fin de l’année 2019, la puissance installée en énergies renouvelables n’a atteint que 3 701 MW, soit 34% de la puissance totale. Du coup, des voix se sont élevées au Parlement marocain pour dénoncer la vente de l’électricité à un prix inférieur au coût de production, ce qui génère des pertes. Pourtant, selon un chercheur cité par le Monde Afrique, il y a lieu de relativiser, car la part des énergies propres au Maroc a bondi de 8 % à 30 % entre 2008 et 2018.
L’Algérie, la Tunisie et l’Afrique du Sud traînent le pas, la production éthiopienne d’énergie renouvelable s’établit à 93,90%
Grâce aux ambitions démesurées de l’Egypte et du Maroc, la production d’énergie renouvelable en Afrique du Nord a augmenté de 40%, entre 2012 et 2022, selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA). L’Algérie et la Tunisie, elles, semblent traîner le pas. L’énergie renouvelable ne représente que 1,8% de la consommation algérienne, largement dépendante des combustibles fossiles, pour lesquelles la Tunisie dépend à 70% pour sa consommation nationale.
L’Algérie jouit pourtant d’une forte exposition au soleil (3600 heures par an). Le niveau de pollution dans les villes de Tunis, Sousse et Bizerte bat tous les records en Afrique, si l’on en croit un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Deuxième consommateur d’énergie après le secteur industriel, le transport à lui seul consomme 45% de la production totale de combustibles fossiles tunisiennes. Toutes choses qui justifient la création depuis 1996 au sein de l’Agence nationale de protection de l’environnement, d’un réseau national de surveillance de la qualité de l’air en charge d’élaborer et de mettre en œuvre les plans de conservation de la qualité de l’air et les procédures d’alerte en période de pollution.
En revanche, l’Ethiopie, la Zambie, le Mozambique et la Tanzanie sont cités parmi les pays où la production d’électricité repose plus sur les énergies propres. Au final, ce sont au moins sept pays africains, parmi les 10 pays répertoriés plus haut, qui, à l’échelle mondiale, comptent plus d’énergies « alternatives » dans leur production nationale (l’énergie nucléaire non incluse).
Ces informations sont révélées par le rapport du Forum économique mondial, intitulé « Global Energy Architecture Performance Index ». Le document hisse l’Ethiopie en tête du classement (93,90% d’énergies renouvelables sur l’ensemble de sa production de l’électricité), suivie de l’Islande (89,07%), la Zambie (88,86%) ; le Mozambique (87,63%), la Tanzanie (85,62%) ; le Népal (84,08%) ; le Kenya (82,84%) ; le Togo (82,31%) ; le Nigeria (80,96%), et le Paraguay (80,04%).
La Namibie, premier potentiel mondial du solaire
En termes de potentiel en énergies propres notamment le solaire, la Namibie elle aussi rassure à l’échelle du continent. Le pays de l’Afrique australe est classé numéro un mondial, ayant le plus grand potentiel solaire. Suivi de l’Egypte, 2ème africain et 4ème mondial, le Lesotho (3ème en Afrique et 8ème mondial), la Lybie, le Botswana.
S’agissant du potentiel de développement, un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), daté de 2021, ajoute au tableau ci-dessus (Maroc, Ethiopie) le Kenya et l’Afrique du Sud. Mais le rapport précise qu’il ne s’agit là que de pays ayant fait preuve d’un « engagement ferme » en faveur d’une utilisation accélérée des énergies renouvelables modernes et qui sont à la tête des efforts de transition énergétique.
La Côte d’Ivoire, le Zimbabwe, le Cameroun, et la République démocratique du Congo figurent, quant à eux, parmi le top 20 des pays où les énergies propres ont le vent en poupe, selon des chiffres publiés en 2014 par l’IEA, et qui pourraient avoir évolué entre temps. Mais encore faut-il que ces pays aient les moyens de leur ambition. « L’investissement dans les énergies propres en Afrique est à un niveau bas et alarmant », déplorait l’an dernier Michael Bloomberg, émissaire spécial des Nations unies pour l’action climatique, lors de la COP 27 à Charm El-Cheikh en Egypte.
Changer cela nécessite de nouveaux niveaux de collaboration pour identifier des projets d’énergie propres viables et leur apporter plus de financements privés et de soutiens publics, afin de transformer le potentiel de l’Afrique en tant que leader mondial de l’énergie propre en réalité,
ajoutait l’ancien maire de New York.
Ruée des puissances industrielles vers les combustibles fossiles de l’Afrique, baisse des investissements de 32% en 2020
Les facteurs identifiés comme freins ou « barrières» au déploiement efficace d’une industrie des énergies renouvelables en Afrique, sont principalement l’absence de connaissance des opportunités dans le secteur de la part des investisseurs nationaux, de même qu’une mauvaise politique commerciale et une planification défaillante insusceptibles de favoriser l’expansion des réseaux électriques. Ce à quoi l’IEA, dans son rapport 2019 intitulé Africa Energy Outlook, ajoute l’insuffisance des politiques et des plans d’investissement existants dans de nombreux pays africains et leur incapacité à répondre à leurs besoins énergétiques croissants.
Mais il y a plus : les discours contradictoires des partenaires internationaux, qui promeuvent la réduction des énergies fossiles responsables du dérèglement climatiques, et appellent les pays africains à l’urgence de virer dans les énergies non polluantes. Seul moyen selon eux de limiter le réchauffement en dessous de 1,5°C.
L’« addiction » de la Chine vers les combustibles fossiles
Pendant ce temps, la course des grandes puissances vers l’exploitation des combustibles fossiles en Afrique se poursuit à un rythme effréné. Qui plus est, une part considérable de la production est destinée à satisfaire les besoins de l’Occident, déplore un rapport intitulé « Qui finance l’expansion des énergies fossiles en Afrique ? », rendu public le 15 novembre 2022 à Charm El-Cheikh (Egypte), lors de la COP27.
Ce document nous apprend que 2/3 des nouveaux projets d’exploration et d’exploitation de réserves découvertes ces dernières années dans 48 pays du continent, sont portés par des multinationales étrangères qui exportent l’essentiel de leur production.
Deux tiers de ces projets sont portés par des multinationales dont le siège se trouve hors d’Afrique et la majorité sont tournés vers l’exportation pour satisfaire les besoins occidentaux,
expliquait la directrice de l’ONG allemande Urgewald, Heffa Schücking, coautrice du rapport auquel avaient participé une trentaine d’associations africaines.
Le rapport notait par ailleurs qu’environ 16 milliards de barils supplémentaires de pétrole ou l’équivalent devraient être produits d’ici 2023, soit l’équivalent de deux années d’émissions de l’Union européenne. Les deux méga projets adjugés en Ouganda et en Tanzanie (Tilenga et Eacop entendez East African Crude Oil Pipeline) par la major française TotalEnergies, déployée dans 15 pays, en est une illustration.
Il consiste en la pose de 1 443 km de pipeline chauffé traversant les deux pays de l’Afrique de l’Est, faisant de la multinationale française le premier acteur de l’expansion décriée aussi bien par l’ONG allemande que par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Car les conséquences environnementales de ces projets vont de la menace d’extinction d’espèces protégées, elle-même consécutive à la destruction de la faune sauvage, à la contamination des deux plus grandes réserves d’eau douce de la région (les lacs Victoria et Albert). Et, en perspective donc, des problèmes d’accès à l’eau potable et à l’eau d’irrigation pour près de 14 millions de personnes qui pourraient être confrontées à la faim.
Parmi celles-ci, au moins 100 000 personnes qui depuis 2019 sont privées de la liberté de cultiver leur terre, selon des informations relayées par un journal de l’Hexagone. Ces problèmes se posent alors même que sur le plan lucratif, lesdits projets constituent 14% de la production à venir. La Chine est aussi pointée comme l’une des puissances industrielles tirant le plus grand profit de l’exploitation de combustibles fossiles destinés à alimenter ses propres industries.
Fournir l’électricité aux 600 millions d’Africains qui en sont privés, dont 570 millions vivent en Afrique au Sud du Sahara
Le continent a pourtant tout ce qu’il lui faut en termes de potentiels en énergie renouvelable ou fossile pour répondre à ses besoins en électricité, mais il reste le parent pauvre en la matière. Sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles est encore largement notable. Pourtant, en 2013, une analyse prospective de l’IRENA contenue dans un document intitulé « L’Afrique et les énergies renouvelables : la voie vers la croissance durable », projetait que
la part des énergies renouvelables en Afrique peut passer de 17% en 2009 à 50% en 2030 et à près de 75% d’ici 2050. La production électrique provenant de ces sources passerait de 28 GW en 2010 à 800 GW d’ici 2050 avec 245 GW générés à partir du solaire photovoltaïque, 242 GW de l’hydroélectricité, 94 GW de l’énergie solaire thermique à concentration, 69 GW de la biomasse et 8 GW de l’énergie géothermique. Ce scénario prend en compte l’objectif visant à atteindre l’accès universel à des services énergétiques modernes d’ici 2030, tout en réduisant considérablement les coûts à long terme.
Force est de constater que ces projections sont demeurées illusoires. Pour l’IRENA., il suffit de mettre en place des politiques, une réglementation, une gouvernance appropriée et un accès aux marchés financiers, et l’Afrique pourrait alors satisfaire jusqu’à 67% de ses besoins énergétiques d’ici 2030.
Il faudrait au moins tripler les investissements annuels dans les énergies propres au sein des économies émergentes et en développement afin de faire face aux besoins croissants en énergie et de s’aligner sur les objectifs climatiques définis dans l’accord de Paris,
plaident l’Agence internationale de l’énergie et la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale consacrée aux financements du secteur privé, dans un rapport publié à l’orée du sommet pour un nouveau Pacte financier mondial organisé à Paris les 22 et 23 juin 2023.
Les deux institutions estiment que les investissements à opérer sur l’ensemble du continent pour parvenir à ces objectifs, devront passer de 770 milliards de dollars en 2022 à au moins 2 800 milliards de dollars d’ici au début des années 2030.
En tout état de cause, les dirigeants du continent ont tout intérêt à saisir les opportunités, s’ils tiennent à fournir l’électricité aux 600 millions d’Africains qui en sont privés (soit un Africain sur deux), et dont 570 millions vivent au Sud du Sahara. 930 millions d’autres fils du continent ne disposent pas de combustibles de cuisson propres.