Le porte-parole du groupe minier français Eramet annonce à l’agence de presse Reuters ce mercredi matin 30 août 2023 qu’il a été contraint de mettre en pause toutes ses opérations au Gabon après qu’un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a déclaré sa prise du pouvoir.
Dès ce matin toutes les opérations de Comilog et Setrag ont été mises à l’arrêt et le trafic ferroviaire a été suspendu,
a-t-il déclaré. Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué) est un producteur de manganèse détenu en majorité par Eramet et Setrag (Société d’exploitation du transgabonais) une entreprise de transport ferroviaire exploitant le réseau de chemin de fer gabonais.
Selon Boursier.com, Eramet a trébuché de 6% à 71,7 euros à l’ouverture de la bourse de Paris, rattrapé par la situation au Gabon où le groupe minier emploie quelque 8000 personnes. A 07h11 GMT, la chute en bourse atteignait 8,39%.
Comilog exploite la mine de Moanda, la plus grande de manganèse au monde avec 7,5 millions de tonnes de minerai produites. Setrag, de son côté, a expédié l’année dernière 7,2 millions de tonnes de matières premières.
En Bourse, TotalEnergies Gabon, filiale de TotalEnergies dans le pays, Maurel & Prom, qui vient tout juste d’annoncer le rachat du producteur gabonais de pétrole Assala Energy auprès d’un fonds d’investissement de Carlyl ont enregistré des chutes de 15 à 20%.
Dissolution de toutes les institutions de la République
Le Gabon a eu un réveil agité ce mercredi matin. Un groupe d’une douzaine de militaires gabonais a annoncé un peu plus tôt l’annulation des élections et la dissolution de “toutes les institutions de la République” via un communiqué lu sur la chaîne de télévision Gabon 24 abritée au sein même des services de la présidence de la République. “Au nom du peuple gabonais, nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime actuel”, ont déclaré les officiers.
Dans la lecture de la déclaration, l’officier a souligné les mobiles du coup force. Après avoir constaté
une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos (…) nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place,
a déclaré le lieutenant-colonel disant s’exprimer au nom d’un “Comité de transition et de restauration des institutions” et entouré d’une douzaine d’autres se tenant silencieusement derrière lui, vêtus de treillis militaires et de bérets.
Réélu pour un troisième mandat lors du scrutin de samedi
Sur la chaîne de télévision Gabon 24, les officiers ont déclaré qu’ils représentaient toutes les forces de sécurité et de défense du pays d’Afrique centrale.
Ils ont déclaré que les résultats des élections étaient annulés, que toutes les frontières étaient fermées jusqu’à nouvel ordre et que les institutions de l’État étaient dissoutes.
Peu avant l’annonce des militaires, l’autorité nationale en charge du scrutin avait annoncé le président du gabon Ali Bongo Ondimba, au pouvoir depuis 14 ans, a été réélu pour un troisième mandat lors du scrutin de samedi avec 64,27% des suffrages exprimés.
M. Bongo a battu, dans un scrutin à un seul tour, son principal rival Albert Ondo Ossa, qui n’a recueilli que 30,77% des voix, ainsi que 12 autres candidats qui n’ont récolté que des miettes, a détaillé le président du Centre gabonais des élections, Michel Stéphane Bonda, sur une télévision d’Etat. Le taux de participation a été de 56,65%.
Ce coup d’État, s’il réussit, serait le huitième en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale depuis 2020, après le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Tchad et récemment le Niger.