La Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) est un projet de zone de libre-échange en cours de création sur l’ensemble du continent africain, qui est censée accélérer l’intégration économique, stimuler la production, la transformation des matières premières, et favoriser l’industrialisation sur le continent.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), la ZLECAf devrait stimuler le commerce intra-africain de 52,3 % d’ici 2025, augmenter les revenus de l’Afrique jusqu’à 450 milliards de dollars d’ici 2035, et sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté.
Dans cette optique, les ports interviennent comme des maillons essentiels. Ils jouent un rôle essentiel pour accélérer l’intégration commerciale dans la sous-région Afrique. Selon les statistiques, en Afrique, plus de 75% des échanges extérieurs passent par les ports. Ce qui fait des corridors maritimes et portuaires des leviers importants pour la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf).
Le commerce intra africain s’établit actuellement à 15% du commerce total du continent
L’Afrique participe à moins de 3% du commerce mondial. Le commerce intra africain s’établit actuellement à 15% du commerce total du continent contre 58% en Asie et 67% Europe. 44 Etats sur les 54 que compte l’Afrique ont ratifié l’accord sur la Zlecaf. Seulement 4 pays africains ont signé le protocole sur la libre circulation alors qu’il faut au moins 15 pour sa réalisation.
Au sens définit par l’Union africaine, la libre circulation des personnes en Afrique, programme phare de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, « est une aspiration du continent ou un outil permettant de tirer profit de la connectivité régionale, de l’intégration, d’un commerce plus large, de la migration de la main d’œuvre ou des objectifs de développement, conformément aux Objectifs mondiaux durables des Nations Unies 2030. »
La Zlecaf fera doubler le fret maritime
Les analystes sont optimistes quant aux retombées de la mise en œuvre de la Zlecaf qui fera doubler le fret maritime en le faisant passer de 58 millions à près de 132 millions de tonnes.
La mise en œuvre de la Zlecaf apparait ainsi comme un enjeu clé dont s’est d’ailleurs saisi le conseil annuel (43e) de l’Association de gestion des ports de l’Afrique de l’ouest et du centre (AGPAOC), un évènement majeur attendu des managers et opérateurs portuaires d’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’édition 2023 attendait la présence de plus de 20 directeurs généraux et de plus de 350 experts internationaux.
Du 6 au 9 novembre 2023, le Lagos Continental Hôtel au Nigeria a accueilli tout ce gratin sur le thème :
Les ports et la Zone de libre-échange continental africaine (ZLECAF).
Infrastructures portuaires arrimées aux standards internationaux
Pour une forte contribution des ports à la réussite de la mise en œuvre de la Zlecaf, les recommandations formulées à l’occasion ont porté sur les infrastructures et équipements, le cabotage, la connectivité, la sécurité, l’interconnexion, l’industrialisation et la transformation, la dématérialisation et la digitalisation, le financement des navires, la coopération…
Dans le détail, il s’agit du renforcement de la digitalisation portuaire par la dématérialisation des procédures administratives et douanières, ainsi que des activités opérationnelles ; du développement d’une plateforme africaine par la réalisation d’infrastructures portuaires arrimées aux standards internationaux, pour mieux desservir le continent ; de la consolidation des mécanismes favorisant l’accès aux financements privés pour soutenir les investissements nécessaires aux activités portuaires ; du renforcement de la connectivité avec l’hinterland pour minimiser la rupture des charges grâce au développement du transport multimodal ; et du renforcement de la coopération inter-étatique en matière de sécurité et de sûreté.
La digitalisation au service du commerce extérieur africain
Profitant de ce rendez-vous, Soget, éditeur de logiciels qui conçoit, développe et exploite des solutions au service de la performance logistique, portuaire et douanière de ses clients a publié un Livre blanc, avec Ports et Corridors, sur la digitalisation au service du commerce extérieur africain.
En fait, selon meretmarine, la logistique, qui a évolué au-delà du déplacement de marchandises, est aujourd’hui marquée par une présence croissante des flux informatiques. Dans ce contexte, la Convention FAL 46 de l’Organisation maritime internationale (OMI) oblige tous les États signataires à mettre en place un guichet unique portuaire pour la gestion des escales et des documents informatiques, ce qui nécessite une transition vers la digitalisation dans les ports du monde entier.
La nécessité de cette digitalisation requise par l’OMI, institution spécialisée des Nations Unies chargée d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution, mais également par l’OMD et la Cnuced joue, apprend-on, un rôle crucial dans la compétitivité des pays et est un levier majeur dans le classement du LPI – Logistic Performance Index – délivré par la Banque mondiale.
La facilitation du commerce africain
En rappel, les travaux du 43ème conseil annuel de l’Association de gestion des ports de l’Afrique de l’ouest et du centre ont débuté avec la 18e table ronde des Directeurs généraux des membres de l’AGPAOC, offrant l’opportunité de dresser le bilan des propositions faites il y a trois ans. Des discussions ont également eu lieu sur les opportunités de développement économique et logistique, y compris le financement des navires, en relation avec la ZLECAF.
Pendant trois jours, les participants ont exploré divers sujets, tels que les réalités et les perspectives pour la facilitation des échanges commerciaux par les autorités portuaires. Les perspectives mondiales sur la facilitation du commerce africain ont été débattues, et une réunion du conseil d’administration élargi avec les comités techniques a été tenue, stimulant ainsi des échanges.
44ème Conseil annuel en novembre 2024 en République de Guinée
La clôture de l’événement a été marquée par une séance plénière du 43e conseil, mettant en lumière la présentation et l’adoption du rapport des activités du Secrétaire Général. Une semaine riche en échanges et en réflexions stratégiques pour le futur des ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Par ailleurs, les experts de l’AGPAOC ont souligné l’importance cruciale de l’industrialisation et de la transformation des matières premières pour assurer le succès économique de la ZLECAf. Le 44ème Conseil annuel est programmé en novembre 2024 en République de Guinée, le thème retenu sera « Les ports et l’environnement côtier marin ».