Malgré une légère baisse au premier trimestre 2023, le marché africain des smartphones est très lucratif. Selon la firme américaine International Data Corporation (IDC) dans son dernier rapport trimestriel « Worldwide Mobile Phone Tracker », les vendeurs de téléphones ont expédié environ 17 millions de Smartphones en Afrique au premier trimestre 2023.
Ce chiffre représente une diminution de 3,4% par rapport au trimestre précédent où 17,6 millions de Smartphones ont été expédiés sur le continent. Mais, ces ventes ont rebondi au 2ème trimestre 2023.
Selon le dernier rapport « Worldwide Mobile Phone Tracker » de la firme américaine International Data Corporation (IDC), les ventes de Smartphones ont connu une augmentation de 2,6 millions au deuxième trimestre de 2023, ce qui représente une hausse de 15 %, par rapport au trimestre précédent, et de 7,6 % par rapport à la même période de 2022. Ce sont 19,6 millions de téléphones connectés qui ont ainsi été expédiés, d’avril à juin, notamment en Afrique du Sud, au Nigeria et en Égypte.
L’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Egypte restent les trois principaux acteurs du marché, même si les deux premiers ont vu leurs livraisons baisser en glissement trimestriel.
Au niveau des marques, Transsion (Tecno, Itel et Infinix) vient en tête avec la plus grande part des livraisons de Smartphones en Afrique au premier trimestre 2023. Le sud-coréen Samsung et le chinois Xiaomi occupent les deuxième et troisième places, respectivement.
Tecno, Infinix et Itel, le trio gagnant, détrônant Samsung
Selon Makers Africa, ces trois marques du même groupe ravissent la vedette aux autres en Afrique. Elles sont des produits du groupe chinois Transsion et sont leaders des Smartphones en Afrique. Créée en 2006, la société Transsion s’est orientée très tôt vers le marché africain.
Elle fabrique des Smartphones en Chine pour les vendre en Afrique sous trois marques différentes, à savoir : Tecno, Infinix et Itel. Le téléphone Tecno 780 a été le premier lancé au Nigéria avant de s’étendre à toute l’Afrique.
C’est d’ailleurs le premier mobile sur le continent à offrir deux emplacements de carte SIM. En 2019, la marque Tecno a remporté le Prix Africa Information Technology & Telecoms Awards (AITTA) du téléphone de l’année. Suite à la bonne marche de l’expérience de ce mobile, Transsion a lancé la marque Infinix et aussi Itel, qui ont fait carton plein.
Avec un modèle différent des autres, ces deux téléphones sont adaptés à l’usage des Africains. Ils sont prisés grâce à leurs coûts moins chers, la solidité et l’autonomie de leur batterie. Les marques de Transsion ont une avance sur le marché africain des téléphones mobiles. Ces trois marques revendiquent ensemble une part de marché de 44,33%.
Samsung, le maître détrôné
La marque du groupe coréen occupait le marché africain, mais a été détrônée par le roi chinois de Smartphones Transsion. Même si Samsung n’a pas pu conserver le monopole en Afrique, il est au second rang des marques de téléphones mobiles les plus vendues sur le continent.
Selon l’International Data Corporation (IDC), un cabinet d’étude de marché international, Samsung est le deuxième plus gros vendeur de Smartphones en Afrique. Sa part de marché est estimée à 20%. Le même rapport a révélé que c’est en Europe que la marque de téléphone a le plus vendu en 2020. Elle a expédié 99 millions de Smartphones sur l’ensemble du marché Europe, Moyen-Orient et Afrique.
Huawei, sur une bonne voie
C’est l’une des marques de téléphonie qui évolue à un rythme de croisière en Afrique. Son chiffre d’affaires sur le continent fait un bond, avec une probabilité d’accélération. Elle est la troisième marque de téléphone la plus utilisée sur le continent, avec 8% de part du marché.
Malgré la crise sanitaire mondiale et les restrictions des Etats-Unis contre le constructeur mobile Huawei, la marque poursuit sa progression. Cette résilience est confirmée par les chiffres de la firme. En 2018, Huawei a réalisé en Afrique 5,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires, 60 % via la vente d’équipements et de services et 40 % grâce à ses téléphones.
Désormais la marque explore une possibilité de collaboration avec l’opérateur français Orange en Afrique du Sud, pour déployer la 5G sur le continent. Implanté sur le continent depuis 1998 et très présent au Kenya puis en Afrique du Sud, Huawei s’est étendu à toute l’Afrique.
Apple, en offensive
La marque à pomme n’est plus réservée aux technophiles au portefeuille bien garni. C’est devenu la marque de téléphone de plus en plus de jeunes en Afrique qui, pour une raison ou une autre, préfèrent désormais la marque Iphone d’Apple à toutes les autres.
Il est comme une fierté ou un signe de réussite sociale d’avoir un téléphone Iphone. D’un coup, la vente de la firme a été boostée sur le continent et elle assoit progressivement son hégémonie.
Conscient de cette tendance en sa faveur, Apple a déployé ses services dans plusieurs pays d’Afrique comme le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Libye, le Maroc, le Rwanda et la Zambie. Le périmètre d’Apple s’étend ainsi sur le continent.
Xiaoma, en conquête
Après avoir conquis l’Europe, le fabricant de téléphones Xiaomi séduit peu à peu en Afrique. La firme chinoise a entamé véritablement son expansion sur le continent courant 2019. Avant cela, elle était, à travers des tiers distributeurs, présente dans trois pays africains, le Kenya, le Nigéria et l’Afrique du Sud.
En installant des divisions officielles en Afrique, Xiaomi envisage de dominer une partie du marché. Selon les chiffres du cabinet d’étude Canalys, la marque chinoise a augmenté ses expéditions vers l’Afrique de 150% et obtient 7% de part du marché.
Sur le plan mondial, le fabricant de téléphone a vu ses ventes bondir de 83% en un an (de 2020 à 2021) et sa part du marché est de 17%.
Les smartphones 100% africains cherchent à se frayer une place
Bien dominé par les marques étrangères, le marché africain des téléphones portables enregistre néanmoins, un certain nombre d’initiatives se réclamant 100% africaines. C’est le cas par exemple de Kunfabo, un Smartphone 100% africain conçu par l’entrepreneure Fadima Diawara.
Kunfabo (être en contact en malinké) est une marque de Smartphone adaptée aux réalités du continent africain. Selon sa conceptrice, la Guinéenne Fadima Diawara, elle propose des téléphones de qualité conformes aux normes internationales.
Mon objectif, c’est que jusqu’au fin fond de l’Afrique, tout le monde puisse avoir accès aux technologies. Il est très important que chacun puisse avoir accès à la localisation des points médicaux. Partant des applications que nous avons développées pour accompagner le consommateur africain dans sa vie quotidienne, nous proposons un Smartphone de qualité, muni d’un système d’exploitation Android 9.1 et d’une couverture 4G,
précise-t-elle.
Trois applications « Made in Africa » sont installées dans ce Smartphone : Find Me, Afro Cook et Dikalo. La première est une application de géolocalisation des zones de santé et de pharmacies de proximité. Le but de cette application est de mettre la technologie au service de la santé.
La deuxième est une application de recettes africaines pour faire connaître l’art culinaire des 54 pays d’Afrique. La troisième, quant à elle, est un système de messagerie africain à l’image de WhatsApp.
Cette innovation a permis à Fadima Diawara de gagner plusieurs prix tels que le prix de la start-up la plus originale en Espagne en 2020 et le prix du meilleur entrepreneur de l’année de la ville de Girona en Espagne (2020).
Les Smartphones Mara X et Mara Z du Rwanda
Ils se réclament premiers Smartphones 100 % « fabriqués en Afrique ». Les Smartphones Mara X et Mara Z utiliseront le système d’exploitation Android de Google. Les téléphones sont fabriqués par la société technologique Mara Group.
C’est le premier fabricant de Smartphones en Afrique,
a déclaré Ashish Thakkar, PDG de ce groupe à l’agence de presse Reuters.
Le Mara Phone est 100% Made in Africa. Il est fabriqué à Kigali dans la première usine de Smartphones du continent africain, lancée le 7 octobre 2019. Créée par l’industriel ougandais Ashish Thakkar, l’usine, inaugurée le 7 octobre 2019, devrait sortir 1 200 Smartphones par jour.
Implantée dans la zone économique spéciale de Kigali, l’unité industrielle représente un investissement de 22 millions d’euros et est destinée à produire 1 200 appareils par jour. Deux modèles doivent sortir des lignes de production rwandaises : le Mara X et le Mara Z.
Ils utilisent le système d’exploitation Android de Google, avec la garantie d’une mise à jour pendant deux ans. Ils bénéficient également d’une batterie longue durée plus résistante et d’un large espace de stockage.
Le Mara X est commercialisé à 175 750 francs rwandais (171,20 euros) et le Mara Z 120 250 francs rwandais (117,15 euros). Un positionnement plutôt haut de gamme pour l’Afrique et un véritable pari sur la qualité.
En effet, les Smartphones les moins chers de la concurrence, Samsung, Tecno ou les téléphones sans marque, se vendent entre 30 et 70 euros.
Nous avons compris, il y a quelques années, que, pour créer un impact social positif sur notre continent et sur les marchés émergents, nous devions disposer de Smartphones abordables et de haute qualité. C’est à ce moment-là que nous avons proposé Mara Phones,
s’est justifié Ashish Thakkar, lors de l’inauguration.
De fait, le patron de Mara Phones mise sur une production 100 % locale pour se démarquer de ses concurrents et combler le retard commercial qu’il accuse par rapport à ceux qui ont investi le marché bien avant lui.
« Elikia », le smartphone du Congolais Verone Mankou, celui du tunisien Evertek, ou « Kunfabo », le prototype de la Guinéenne Fadima Diawara, voire le Nile X de la société égyptienne Sico, ont bien été conçus sur le continent ou possèdent des applications 100 % africaines, mais ils sont soit assemblés en Chine soit financés par Pékin.
Mara X et Mara Z arrivent sur un marché très prometteur. Selon GSM Association (GSMA), le taux de pénétration du Smartphone s’établissait à 44 % sur le continent à la fin 2018. Et il devrait s’envoler à 70 % d’ici à 2024, d’après les estimations du suédois Ericsson. Soit plus de 500 millions d’appareils.
Mais si le marché affiche un énorme potentiel, il est également très concurrencé, notamment par les fabricants asiatiques. Toujours selon GSMA, Samsung, Transsion et Huawei cannibalisent 74,4 % des revenus de l’industrie des télécoms en Afrique.
Des Smartphones assemblés en Égypte, en Éthiopie, en Algérie et en Afrique du Sud
Des entreprises assemblent des Smartphones en Égypte, en Éthiopie, en Algérie et en Afrique du Sud, mais importent les composants,
a déclaré Thakkar.
Nous sommes en fait les premiers à faire de la fabrication. Nous fabriquons les cartes mères, nous fabriquons les sous-cartes pendant tout le processus…. Il y a plus de 1 000 pièces par téléphone,
a-t-il ajouté. Précisant que l’usine avait coûté 24 millions de dollars et pouvait produire 1 200 téléphones par jour.
Le Nile X de l’Égypte
C’est le nouveau joyau de l’industrie Tech égyptienne. L’entreprise Sico Technology basée au Caire a annoncé le lancement du Nile X, présenté comme étant le premier Smartphone 100% africain, et qui est appelé à devenir une référence en Afrique et dans le monde.
D’après Sico Technology, l’objectif derrière la création de Nile X est de mettre à la disposition de la population des téléphones intelligents, dans un contexte où seulement 32% d’Egyptiens disposent d’un Smartphone. L’idée est de profiter de cette brèche pour proposer des téléphones à des prix abordables et adaptés.
Il existe de fortes opportunités pour l’Égypte d’être un centre de production de Smartphones abordables en Afrique et nous voulons faire partie de ce changement. Nous voulons une révolution dans le secteur électronique dans la région… Nous avons la capacité de produire plus de 1,8 million d’unités dans les deux premières semaines dès le lancement,
explique Mohamed Abel Azim, directeur marketing de SICO, cité par happyinafrica.com.
En ce qui concerne les caractéristiques, le Nile X dispose d’une capacité de 4 Go de Ram, et d’un appareil photo à 13 mégapixels. Pour ce qui est coûts, ils oscillent entre 11 et 235 dollars, ce qui devrait le rendre accessible même aux faibles bourses.
Il est tout de même utile de préciser que le projet Nile-X bénéficie du soutien de ministère égyptien des Technologies de l’information et de la Communication, qui y a déjà investi environ 400 millions de livres égyptiennes. Après l’Égypte, on apprend du journal happyinafrica que l’entreprise SICO a pour ambition de s’étendre en Afrique avec des projets de construction d’un hub régional est-africain à Nairobi et d’expansion au Mozambique, au Nigeria et en Afrique du Sud.