La prévalence du handicap est estimée à 15,6 % dans la région africaine de l’OMS. Sur une population supérieure à un milliard d’habitants selon des estimations, le nombre de personnes ayant besoin d’au moins une aide technique dépasse les 200 millions, un chiffre qui est appelé à doubler d’ici à 2050. Actuellement, seuls 15 % à 25 % des personnes nécessitant des aides techniques comme les fauteuils roulants y ont accès. L’accès n’est pas assuré à la hauteur des besoins exprimés dans la Région africaine de l’OMS.
Les besoins des personnes à mobilité réduite ne sont pas pleinement assurés par les États membres, qui se heurtent à plusieurs obstacles. En général, ces problèmes s’expliquent par : la faiblesse de la gouvernance et l’insuffisance du financement national ; la promotion sous-optimale des partenariats public-privé. Au Botswana par exemple, 31 % des personnes à mobilité réduite n’ont pas accès aux technologies d’assistance (fauteuils roulants).
Au Malawi, en Namibie, en Zambie et au Zimbabwe, seules 17 % à 37 % des personnes ayant besoin d’aides techniques telles que des fauteuils roulants, ont effectivement accès à ces dispositifs. Au Cameroun, le handicap affecte 5.4 % de la population soit plus d’un million d’individus.
Véritable casse-tête
Le fauteuil roulant est un dispositif médical classé parmi les aides techniques de déplacement. Il est utilisé pour améliorer l’autonomie aux personnes à mobilité réduite. Les personnes avec un handicap surtout physique vivent le martyr. Elles déplorent le manque d’appui pour l’achat des moyens roulants avec lesquels elles se déplacent.
Par exemple au Sénégal, pour tenir debout, ces personnes sont obligées de décaisser des sommes exorbitantes pour s’approvisionner de leurs aides techniques. Parfois, certains sont obligés de tendre la main explique le vieux Mamadou Diop.
Les fauteuils roulants coutent excessivement chers sans aucune subvention. Un fauteuil neuf, tu l’as en occasion à 165,6 dollars US soit 100 000 F. CFA. Si c’est à la pharmacie, c’est 414 dollars US soit 250.000 voire 496,8 dollars US soit 300 000 F CFA. Et l’appareillage coûte excessivement cher.
Analyse du marché des fauteuils roulants électriques
Selon Mordor Intelligence, la taille du marché des fauteuils roulants électriques est estimée à 3,50 milliards USD en 2023 et devrait atteindre 5,84 milliards USD d’ici 2028, avec un TCAC de 10,76% au cours de la période de prévision (2023-2028). En 2020, les chaises électriques ont atteint des ventes de près de 2 millions d’unités dans le monde. Cette croissance devrait se poursuivre au cours de la période de prévision, principalement en raison de l’augmentation de la population âgée.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, 50 millions de personnes sont blessées chaque année par des accidents de la route dans le monde. Les fauteuils roulants électriques aident les patients à se déplacer en toute sécurité et confortablement d’une zone à l’autre. Ainsi, l’augmentation des accidents devrait augmenter la demande de fauteuils roulants électriques au cours de la période de prévision.
Des initiatives africaines pour palier au problème de fauteuils roulants
Ernest Mongezi Majenge est connu sous le nom de “docteur en fauteuil roulant”. Il remet à neuf de vieux fauteuils roulants et les transforme en moyens de transport tout-terrain adaptés aux escaliers. Il faut 24 heures à Majenge, le jeune entrepreneur d’Afrique du Sud, pour assembler toutes les pièces nécessaires à chaque produit de mobilité.
Les fauteuils roulants tout-terrain de M. Majenge sont déjà sur le marché international, la France étant le premier pays à prendre des commandes. En Afrique du Sud, les fauteuils roulants peuvent coûter entre 200 et plus de 10 000 dollars américains. Des innovateurs comme Ernest Mongezi Majenge pensent qu’il existe un marché pour des fauteuils roulants de haute qualité et plus abordables.
L’association “Des fauteuils et des ailes” a décidé, depuis 2015, de recycler le matériel médical pour l’envoyer en Afrique plutôt que de l’envoyer à la casse. Destination Yaoundé pour offrir de l’autonomie à des personnes handicapées totalement démunies :
En se promenant dans les rues de la ville, au fil des rencontres et à la suite d’une visite dans un centre de rééducation, nous avons été choqués par la condition de la personne handicapée en Afrique. Beaucoup de personnes amputées mendiaient, le matériel paramédical des patients laissait plus qu’à désirer… On s’est tout de suite dit qu’il fallait agir,
se rappelle Priscille amputée de membres. L’association avait déjà récolté 5 tonnes de matériel, soit les 3/4 d’un container 40 pieds.
Par ailleurs, le groupe Incavare, fabricant de fauteuils roulants manuels et électriques, de lits médicaux, d’appareils d’assistance respiratoire et de produits d’hygiène est présent dans une vingtaine de pays, en plus de ceux d’Afrique du Nord : ses produits sont vendus en Côte d’Ivoire, au Sénégal, Cameroun, Tchad, en Afrique du Sud, au Gabon, etc.
L’Afrique représente près de 5 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, pour la région « Europe – Afrique ». En effet, la politique de développement du groupe Incavare sur le continent africain est gérée depuis le site de Fondettes, d’où sortent chaque année près de 120.000 fauteuils roulants manuels et où travaillent 300 personnes.
Le 3 décembre 2023, l’Afrique se joindra à la communauté internationale pour commémorer la Journée internationale des personnes handicapées permettant ainsi à quelques personnes handicapées de conquérir un peu d’autonomie grâce à la remise d’un fauteuil par certaines ONG.