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Dette publique : les taux élevés d’emprunt font courir un risque de crise aux pays africains

Selon la dernière édition du rapport sur la dette internationale établi par la Banque mondiale intitulé International Debt Report, les pays en développement ont dépensé un montant record de 443,5 milliards de dollars en 2022 pour assurer le service de la dette. Au cours de la dernière décennie, les paiements d’intérêts par les pays pauvres ont quadruplé, atteignant un niveau record de 23,6 milliards de dollars en 2022.

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C’est une situation qui inquiète particulièrement l’Afrique dont la majorité des pays comptent parmi les pays les plus pauvres du monde. Surtout que nombre de pays africains ont recours à l’emprunt extérieur pour financer les projets de développement. Par conséquent, ils sont exposés depuis quatre décennies au risque de crise que leur fait courir la hausse des coûts d’emprunt.

Et seulement pour l’année 2022, note la Banque mondiale dans la dernière édition du rapport sur la dette internationale, Debt Report, publiée le 13 décembre 2023, les pays en développement ont dépensé un montant record de 443,5 milliards de dollars en 2022 pour assurer le service de la dette. Selon les analyses de l’institution de Bretton Woods, les paiements au titre du service de la dette, principal et intérêts, ont augmenté de % par rapport à l’année précédente pour l’ensemble des pays en développement.

En 2022, les 75 pays admis à emprunter auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA), institution de la Banque mondiale qui soutient les pays les plus pauvres, ont payé un montant record de 88,9 milliards de dollars au titre des frais de service de la dette. Au cours de la dernière décennie, les paiements d’intérêts par ces pays ont quadruplé, atteignant un niveau record de 23,6 milliards de dollars en 2022.

Plus inquiétant encore, la Banque mondiale prévoit que le coût global du service de la dette des 24 pays les plus pauvres devrait s’envoler en 2023 et 2024, avec une augmentation qui pourrait atteindre jusqu’à 39%. Et, l’augmentation des coûts d’emprunt a détourné le peu de ressources disponibles au détriment de secteurs critiques qui en ont besoin, tels que la santé, l’éducation et l’environnement.

Des niveaux d’endettement record et des taux d’intérêt élevés ont précipité de nombreux pays vers la crise,

explique Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale.

Chaque trimestre où les taux d’intérêt restent élevés se traduit par une augmentation du nombre de pays en développement qui basculent dans le surendettement et se heurtent au choix difficile entre le service de leur dette publique et l’investissement dans la santé publique, l’éducation et les infrastructures. Cette situation appelle une action rapide et coordonnée de la part des gouvernements débiteurs, des créanciers privés et publics et des institutions financières multilatérales, plus de transparence, de meilleurs outils pour assurer la viabilité de la dette et des modalités de restructuration plus rapides. Faute de quoi, ce sera une autre décennie perdue pour ces pays.

La Banque mondiale

Les financements des créanciers privés se tarissant, la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales de développement sont intervenues pour aider à combler le déficit. C’est ainsi qu’en 2022, les créanciers multilatéraux ont fourni 115 milliards de dollars de nouveaux financements à faible coût aux pays en développement, dont près de la moitié provenait de la Banque mondiale.

Celle-ci, par le biais de l’IDA, a fourni à ces pays 16,9 milliards de dollars de nouveaux financements de plus qu’elle n’en a reçu au titre des remboursements de principal — soit près de trois fois le chiffre comparable enregistré il y a dix ans. En outre, la Banque mondiale a décaissé 6,1 milliards de dollars de dons en faveur de ces pays, soit trois fois le montant accordé en 2012.

Les pays pauvres de plus en plus vulnérables

La flambée des taux d’intérêt a accentué les vulnérabilités liées à la dette dans tous les pays en développement. Rien qu’au cours des trois dernières années, on a compté 18 défauts de paiement souverains dans dix pays en développement, soit plus que le nombre enregistré au cours des deux décennies précédentes. À l’heure actuelle, environ 60 % des pays à faible revenu sont exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà dans cette situation.

Les frais de service de la dette ayant augmenté, ce sont les nouvelles solutions de financement possibles qui se sont amenuisées pour les pays en développement. En 2022, les nouveaux engagements de prêts extérieurs en faveur d’entités publiques et de prêts garantis par l’État dans ces pays ont chuté de 23 %, ayant été ramenés à 371 milliards de dollars, soit leur plus bas niveau en dix ans. Les créanciers privés se sont largement abstenus de prêter aux pays en développement, ayant reçu 185 milliards de dollars de plus en remboursements de capital qu’ils n’en ont décaissé en prêts.

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