Le titre minier du gisement de Baniaka a été remis le 8 janvier 2024 à Joe Ariti Administrateur Directeur Général de Reminac, une filiale de l’entreprise australienne Genmin, par le ministre gabonais des Mines, Hervé Patrick Opiangah lors d’une cérémonie à Libreville. Avec le permis désormais sécurisé, Genmin pourra poursuivre les discussions visant à mobiliser les fonds pour construire la mine située dans le Haut-Ogooué, à environ 70 km au sud de Franceville.
Aujourd’hui est un moment important pour Genmin, puisque le ministre des Mines nous a remis le décret présidentiel signé autorisant la production de minerai de fer à Baniaka pour une durée initiale de 20 ans,
a commenté monsieur Ariti.
Objectif produire 10 millions de tonnes annuellement
La phase d’opérationnalisation de ce projet pourrait démarrer au deuxième trimestre de l’année 2025 avec une production de 3 millions de tonnes/an pour un début, selon nos confrères de Gabon Review. Laquelle devrait progressivement augmenter pour atteindre 10 millions de tonnes annuellement à la longue. L’investissement initial pour le lancement du projet est quant à lui de 250 millions de dollars, soit près de 125 milliards FCFA d’après un communiqué du ministère gabonais des Mines. L’entreprise prévoit créer 500 à 700 emplois directs et 500 emplois indirects, à travers les prestataires locaux intervenant dans le projet.
Le fer du Gabon de plus en plus courtisé
À côté du gigantesque minerai de fer de Baniaka, règne le minerai de Belinga qui a effectué sa première expédition (exportation) au deuxième semestre de l’année 2023 par une autre entreprise australienne dénommée Ivindo Iron, filiale du géant minier Fortescue Metals Group comme le précise le site web de la primature gabonaise. Le directeur général d’Ivindo Iron avait d’ailleurs été reçu avec les dirigeants de Fortescue, par le Premier ministre de la transition au mois de décembre dernier.
Au Cameroun des revenus de plus de 38 millions US dollars attendus du gisement de Lobé
Au Cameroun, l’entrée en production de la mine de fer de Lobé à Kribi, dans le Sud, est prévue en 2025 tel qu’annoncée par le ministre par intérim des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale le 3 décembre 2023, précise le site d’information Investir au Cameroun.
D’ici quelques semaines, 80% des équipements déjà embarqués en Chine seront arrivés au Cameroun. Une mission de suivi se rendra en Chine en décembre 2023,
a-t-il déclaré. Rappelons que le pays avait signé une convention avec le groupe chinois Sinosteel pour exploiter le site long de 20 kilomètres. L’objectif est d’extraire puis d’enrichir localement le minerai pour obtenir une teneur en fer de 60%. Selon la Sonamines, le projet a la capacité de soutenir une exploitation sur 25 ans, produisant annuellement 10 millions de tonnes de minerai de fer brut pour 4 millions de tonnes de concentré « à exploiter en fonction de la demande sur le marché ».
La vente de cette production devrait procurer à l’État des revenus annuels de 38.213 738,38 US Dollars soit 22,9 milliards de FCFA, dont 8.176 738,78 US Dollars (4,9 milliards de FCFA) destinés aux communautés locales. La société Sinosteel Cam SA, filiale du géant minier chinois Sinosteel Corporation, a décroché le permis d’exploitation de ce projet minier doté d’un potentiel de 632 820 millions de tonnes de fer, dont 33,3% sont exploitables d’après nos confrères d’Investir au Cameroun.
Mbalam-Nabeba, des gisements de fer de niveau mondial entre le Congo et le Cameroun
Le projet minier de Mbalam-Nabeba, gisement de fer de niveau mondial écartelé entre le Cameroun et le Congo a aussi connu récemment une avancée. En effet, l’entreprise Cameroon Mining Compagny Sarl (CMC) a fait un pas en avant signant une convention avec l’État du Cameroun, le 5 octobre dernier à Yaoundé lors d’une cérémonie présidée, par Fuh Calistus Gentry, ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique (Minmidt) par intérim. D’après Sundances Resources, il s’agit d’une filiale du Singapourien Coconut Logic Holdings Pte Ltd.
Cependant il faudrait noter que la signature de cette convention intervient dans un contexte où le permis de CMC est contesté par l’entreprise minière australienne Sundance Resources. Dans un communiqué publié le 21 octobre 2023, Sundance Resources déclare avoir émis, le 18 octobre 2022, un avis de litige d’expropriation à la République du Cameroun. L’entreprise réclame des dommages et intérêts de 11,2 milliards de dollars soit 6.900 milliards de Fcfa, dont 5,7 milliards de dollars au Congo et 5,5 milliards de dollars à l’État du Cameroun dans son mémoire de réclamation déposé à la cour internationale d’arbitrage de la Chambre internationale de Paris.
Des enjeux notoires
Aujourd’hui la demande de fer est grandissante. C’est l’une des matières premières les plus utilisées dans le secteur industriel. Il représente environ 16 % des métaux de l’industrie selon l’International Iron and Steel Institute (World Steel Association) l’association industrielle internationale du secteur du fer et de l’acier. D’après une étude de Statista, la production mondiale brute était de plus de 1.900 millions de tonnes en 2021. En 2009, l’Union africaine (UA) a adopté le projet Afrique Extraction minière (AMV), un cadre pour la mise en valeur des ressources.
Ainsi, les revenus de l’exploitation minière devraient être investis dans les routes, les chemins de fer, les ports, l’énergie, l’eau et les télécommunications et il devrait y avoir davantage d’industries locales de transformation, une économie du savoir et un secteur des services dynamique, écrit Afrique Renouveau, la section Afrique du département de l’information de l’ONU. D’après le Dr Youmssi Bareja, expert en mines et en pétrole, et enseignant chercheur au Cameroun et en RDC, les pays africains ne disposant pas de certaines infrastructures sont obligés de mutualiser leur construction comme le Congo et le Cameroun qui se sont associés pour le développement et la mise en production du fer de Mbalam au Cameroun et du fer de Nabeba au Congo dont
un chemin de fer reliant les deux pays et un port en eau profonde dans la ville de Kribi au sud du Cameroun
précise-t-il.
L’omniprésence de la Chine dans les gisements ferreux d’Afrique
Il y a quelques années, la présence chinoise dans le secteur minier africain se limitait à des prises de participation minoritaires dans des projets. Mais aujourd’hui, les chinois n’hésitent plus à investir des centaines de millions de dollars pour prendre le contrôle de grands projets miniers. Cette conquête des gisements de fer s’explique simplement par le fait que la Chine est le premier consommateur de fer au monde et dispose des capitaux suffisants à travers ses banques pour pouvoir exploiter les minerais en Afrique. C’est le cas de l’entreprise Sinoosteel qui a décroché le tout premier permis d’exploitation du minerai de fer de Lobé au Cameroun.
Au mois de novembre dernier, le géant chinois Baowu Resources a signé un protocole d’accord non contraignant avec la compagnie minière australienne Genmin qui a récemment obtenu le droit d’exploitation du minerai de fer de Baniaka au Gabon ; les entrepreneurs chinois qui étaient déjà présents sur le gisement de Belinga toujours dans ce pays. Ils ne cachent donc pas leur désir d’avoir une main mise sur les exploitations ferreuses dans la sous-région Afrique-centrale.
Au début, leur stratégie consistait à repérer des mines qui avaient des problèmes, qui avaient fermé : ils arrivaient avec des capitaux, et essayaient de les relancer, à bas coût. Mais ces dernières années, cela a évolué, nous savons qu’ils sont intéressés par des actifs ayant plus de valeur,
explique Patrick Mawire, associé d’Ernst & Young en Zambie, dans des propos relayés par RFI et repris par l’Agence Ecofin. La situation est donc sans équivoque, elles sont nombreuses les entreprises qui détiennent le permis d’exploitation de gisements de fer en Afrique centrale et dont l’exploitation des mines est en projection. Dès lors, dans un contexte où de nouvelles industries de transformation de l’acier voient le jour dans la sous-région, les entreprises nationales pourraient-elles profiter de ces grandes opportunités face aux entreprises étrangères présentes, au-devant desquelles les sociétés chinoises ?