Les trois principaux pays producteurs de minerai de fer en Afrique sont pour le moment l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Liberia. La Mauritanie et le Liberia cherchent à mieux se positionner sur le marché. Alors que sa production annuelle oscille entre 12 et 13 millions de tonnes actuellement, la Mauritanie et sa société la SNIM ont dévoilé un plan ambitieux visant à doubler ce chiffre à l’horizon 2026. Quant au Liberia, il a signé en septembre 2021 un nouvel accord de 25 ans avec ArcelorMittal, qui devrait entrainer une augmentation de ses volumes de production.
En effet, entre 2022 et 2026, le monde devrait produire beaucoup plus de minerai de fer par que les cinq années précédentes où la production a stagné. C’est ce que prédit la firme de recherche Fitch Solutions, qui s’attend à ce que les volumes produits augmentent en moyenne de 2,7 % sur la période, pour atteindre 361 millions de tonnes en 2026.
L’implication des pays africains
En Guinée, l’incertitude prévaut toujours quant au respect du calendrier de développement des projets de fer (tous les blocs de Simandou, Mont Nimba) en raison du contexte politique. Au Gabon, la compagnie australienne Fortescue Metals est arrivée fin 2021 sur le projet Belinga sur lequel l’Etat fonde de grands espoirs, alors que Genmin Limited accélère les travaux sur son projet Baniaka où les ressources minérales totalisent désormais 700 millions de tonnes titrant 39 % de fer.
Enfin, au Cameroun, si le projet Mbalam a longtemps défrayé la chronique en raison des échecs répétés, c’est le gisement de Lobé à Kribi qui fait couler beaucoup d’encre depuis la conclusion par l’Etat d’une convention minière avec Sinosteel. Selon Fitch, la hausse de la production sur les cinq prochaines années va faire baisser les prix, qui ont été revus à la hausse quand le conflit entre la Russie et l’Ukraine a éclaté, car le niveau de l’offre devrait dépasser celui de la demande. Cette situation finira par freiner les taux de production vers la fin de la décennie, l’agence prédisant un taux de croissance annuel moyen de la production de 1,1 % entre 2026 et 2030.
Le fer pour ressourcer l’industrie sidérurgique en Afrique
L’Afrique est riche en ressources minéralières, dont certaines sont parmi les plus importantes du monde. Le continent est doté de vastes réserves de minerai de fer, qui ont été exploitées depuis des siècles pour produire du fer et de l’acier. Depuis lors, la production de fer et d’acier est devenue une activité économique importante dans de nombreux pays d’Afrique. Le fer est utilisé pour produire de l’acier, qui est l’un des matériaux de construction les plus utilisés dans le monde.
L’acier est utilisé dans la construction de bâtiments, de ponts, de voitures, de navires et d’autres structures. Il est également utilisé pour fabriquer des produits de consommation tels que des réfrigérateurs, des cuisinières et des outils de jardinage. L’industrie sidérurgique est donc un secteur vital pour l’économie mondiale. En Afrique, l’industrie sidérurgique a été un moteur de croissance économique et de développement industriel depuis des décennies.
Malgré les défis rencontrés par l’industrie, les gouvernements et les entreprises cherchent à investir dans l’industrie sidérurgique pour répondre à la demande intérieure en acier et stimuler la croissance économique. Avec la demande croissante pour les produits en acier en Afrique, il est possible que l’industrie sidérurgique continue de se développer dans la région.
L’Afrique n’a pas besoin d’importer le fer à béton
Certains pays ont pris la décision d’exploiter à bon escient leur matière première. Le Gabon a décidé de mettre fin à l’importation du fer à béton. Selon les chiffres du ministère du Commerce, « le Gabon produit actuellement plus de 20 000 tonnes de fer à béton par an, ce qui représente plus de 75% du marché local ». Cette décision avait été prise, quelques semaines, après le lancement du plan d’accélération de la transformation de l’économie gabonaise qui vise, entre autres, selon le Premier ministre, la reprise en main de la production des matériaux de construction au Gabon.
Par ailleurs au Cameroun, le Directeur général des Douanes (DGD), Fongod Edwin Nuvaga, dans une correspondance relayée par Ecofin, s’adressait aux chefs de secteurs, coordonnateurs des zones Halcomi III et aux commandants de groupement, en ces termes: « Sur très hautes instructions de monsieur le président de la République, les opérations d’importation du fer à béton restent interdites jusqu’à nouvel ordre ». Cette sortie du DGD faisait suite à une correspondance du Secrétaire général de la présidence de la République datant du 13 mars 2023.
Cette décision a pour but de protéger la production locale. La preuve, selon la note sur le commerce extérieur produite par l’Institut national de la statistique, le Cameroun a importé 297 633 tonnes de ‘‘Fonte, fer et acier’’ pour un coût de 364,1 millions USD soit 218,020 milliards de Fcfa. S’agissant des ‘‘Ouvrages en fonte, fer et acier’’ ce sont 58 717 tonnes, d’une valeur de 194,8 millions USD soit 116,627 milliards de Fcfa qui ont pénétré les frontières camerounaises.
Pourtant, la filière métallurgie-sidérurgie est porteuse de promesses. Elle revendique une production annuelle évaluée à 260.000 tonnes, et peut se gargariser d’être l’une des rares filières du pays à satisfaire la demande locale qui se chiffre à 180.000 tonnes de fer à béton par an. Calculette en main, l’on se rend compte que la demande locale est amplement comblée et les 80.000 tonnes restant peuvent potentiellement être exportables.