Prometal Groupe a procédé à l’inauguration de deux nouvelles usines, Prometal 4 et Prometal 5, la première dédiée à la production de fer, de fils machine, et la seconde à la fabrication de bouteilles de gaz. Quelle peut être, selon vous, la plus-value d’une telle initiative sur l’économie camerounaise et celle de la sous-région ?
En tant que député qui se bat tous les jours au Parlement pour le made in Cameroon, pour l’import-substitution, je ne pouvais pas ne pas être présent au côté du gouvernement et du Premier ministre, Chef du gouvernement, pour venir encourager cette initiative de l’entreprise Prometal pour pouvoir produire du fer à béton et autres produits métallurgiques au Cameroun. Je pense que les chiffres que le PDG nous a donnés sont très encourageants et je pense que c’est la voie. Vous savez, ce n’est que le secteur privé qui peut amener le développement industriel au Cameroun.
L’Etat est incapable de faire ce que cet opérateur fait. J’en veux pour preuve : sur presque 80 entreprises publiques aujourd’hui, pratiquement aucune ne fait du bénéfice. Ça démontre à merveille que l’Etat est dans l’incapacité de produire et d’être dans les industries productives. Ça appartient au secteur privé. Et donc il faut l’encourager. Je salue là le courage du Premier ministre d’être venu personnellement à l’inauguration de ces deux usines pour montrer la voie, le chemin et pour peut-être dire au reste de Yaoundé, pour ne pas dire au reste de son régime, que c’est le secteur privé qui doit porter l’industrialisation et la commercialisation au Cameroun.
Le secteur privé seul peut le faire et nous avons les capacités financières et humaines au Cameroun, de corriger la balance commerciale, de faire en sorte que vraiment, déjà, dans un premier temps, que tout ce qui n’est pas technologiquement distant, comme le fer à béton, qu’on puisse le fabriquer au Cameroun, et ensuite on va s’améliorer et, pourquoi pas, produire les choses encore beaucoup plus complexes que celle-ci.
S’agissant de la consommation du « Made in Cameroon », tel que vous l’avez relevé, on a l’impression que des goulots d’étranglement subsistent. Que faut-il faire pour corriger la tendance actuelle ?
Ecoutez, les goulots existent, c’est naturel. Vous savez, vous ne pouvez pas entrer dans un marché avec des produits nouveaux, et tout de suite dominer ces produits-là. Deuxièmement, et ça se voit dans le domaine politique d’ailleurs, il y a un déficit d’identité nationale au Cameroun. Et donc les gens ne comprennent pas que consommer camerounais c’est garantir l’emploi pour leurs enfants à venir et leurs enfants existants. Les gens ne comprennent pas qu’il faut soutenir la production locale. Les gens pensent qu’en soutenant la production locale on rend riche son voisin.
Donc on préfère peut-être rendre riche quelqu’un qu’on ne connaît pas. Non ! Aucun pays ne s’est développé sur l’importation. Les pays se développent parce qu’ils produisent et parce qu’ils exportent. Et pour pouvoir exporter, il faut déjà que nos marques soient bien établies au sein de nos communautés nationales avant de pouvoir s’imposer ailleurs. Donc il est naturellement important que les consommateurs le comprennent.
Mais il y a aussi beaucoup de réticence venant du gouvernement et c’est tout simplement parce que ce n’est pas dans son ADN. Vous savez, le logiciel de ce gouvernement a été mis en place en 1957. Donc ils sont un peu distants de tout ce qui se fait aujourd’hui dans le monde entier. Et c’est pour ça que je pense que le véritable décollage du « Made in Cameroon » ne doit venir que quand il y aura un autre système, quand il y aura un autre pouvoir en place.
On a l’impression qu’ils ne prêchent pas par l’exemple. Peut-être faut-il que les autorités elles-mêmes s’intéressent à la production locale…
Ecoutez, je le dis au parlement et je vous le répète, tant que vous entrez dans les bureaux des ministres camerounais qui ont des mobiliers fabriqués en Chine plutôt que des meubles en bois du Cameroun, vous buvez de l’expresso au lieu de boire le café du Cameroun, tant que vous allez à la Présidence de la République et sur la table il n’y a pratiquement aucune boisson camerounaise, on a un problème. Vous savez, on n’est pas obligé de manger au vin. On peut manger au vin de palme, on peut manger à l’eau, on peut manger à la bière locale, etc.
C’est des images fortes qu’on envoie. Maintenant quand on mange plutôt au whisky importé, au champagne importé et au vin importé, c’est aussi un message qu’on envoie. Et c’est pour ça que je dis que vous ne pouvez pas utiliser les mêmes qui ont créé le problème pour le régler. Donc c’est déjà une bonne chose, cette résilience du secteur privé que nous constatons ici aujourd’hui. C’est une bonne chose qu’il y ait certaines personnes comme le Premier ministre qui ont peut-être compris ce combat. Mais l’immense majorité de ce régime n’a pas compris malheureusement comme vous le dites.