Certes, la première session ordinaire du Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) n’aura pas accouché de grands changements au niveau de la finance sous-régionale, mais le fait majeur reste que c’était le tout premier CPM d’Yvan Sana Bangui, le nouveau gouverneur de la Banque centrale de la zone Cemac. Cette session du CPM, comme il est de tradition, a examiné l’évolution récente de la conjoncture économique et les perspectives macroéconomiques, tant au niveau international que sous-régional.
Et, il en est ressorti qu’au niveau sous-régional, le taux d’intérêt des appels d’offres reste inchangé à 5,00% ; le taux de la facilité de prêt marginal à 6,75% ; le taux de la facilité de dépôt à 0,00% et les coefficients obligatoires à 7,00% sur les exigibilités à vue et 50% sur les exigibilités à terme. Ce, au regard des évolutions économiques et financières marquées au niveau international par des fortes incertitudes et au niveau sous-régional par des réalisations macroéconomiques plutôt favorables ; une position extérieure confortable et une inflation globale encore élevée, malgré une inflation sous-jacente sur une tendance baissière depuis février 2023.
Une croissance économique de 3,6% dans la Cemac
S’agissant des perspectives économiques monétaires et financières, le CPM a relevé qu’au plan sous-régional, elles seraient marquées par : une croissance économique de 3,6% en 2024, soutenue principalement par la bonne tenue des activités non pétrolières (4,1% en 2024, contre 3,1% en 2023) ; des tensions inflationnistes persistantes à 5,5% en 2024 ; une dégradation des indications des finances publiques, avec notamment un solde budgétaire, hors dons, qui reviendrait de 0,0% du PIB en 2023 à -0,2% du PIB en 2024, et une contraction de l’excédent du compte courant, dons officiels compris, qui reculerait de 3,5% du PIB en 2023 à 1,5% du PIB en 2024 ; une augmentation de la masse monétaire de 12,6% contre 9,1% en 2023 ; un léger repli des réserves de change de la monnaie à 74,2% et des réserves en mois d’importations des biens et services à 4,3% en 2024 contre 4,8% en 2023 et la poursuite du dynamisme des opérations sur le marché des valeurs du Trésor.
Stabilité au niveau international
Au plan international, le CPM a constaté que l’activité économique mondiale devrait se stabiliser dans un contexte caractérisé par : des niveaux encore élevés des taux directeurs appliqués par les banques centrales pour lutter contre l’inflation, et la persistance des tensions géopolitiques, en lien avec la poursuite des conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza.
Selon les perspectives de l’économie mondiale publiées en janvier 2024 par le FMI, la croissance mondiale devrait rester stable à 3,1% en 2024 et 2025, comme en 2023. Parallèlement, les tensions inflationnistes mondiales devraient continuer à se relâcher, avec un taux d’inflation mondiale qui reviendrait de 6,8% en 2023 à 5,8% en 2024, puis de 4,4% en 2025, en rapport avec le resserrement des politiques monétaires et le recul des prix internationaux des produits de base.