Les prévisions du World Platinum Investment Council (WPIC) sont alarmistes au sujet du ratio entre l’offre et la demande mondiale de platine. Selon cette organisation internationale, qui regroupe les industriels et les miniers de ce secteur, le déficit en offre de platine en 2024 devrait se situer à 476.000 onces. Un déficit qui pourrait logiquement avoir un effet négatif sur la production des énergies dites de transition, notamment l’hydrogène.
Selon le groupement international des industriels et des miniers, ce déficit est dû en particulier à la baisse de la production sud-africaine, premier producteur mondial avec des réserves estimées à 3 965 000 Oz, et de celle de la Russie. En 2023, l’Afrique du Sud a extrait 120 tonnes de ce minerai critique présent dans la croûte terrestre. Elle devance de loin la Russie, classée 2ème mondial avec une production estimée à 23 tonnes et des réserves à 600 000 oz, et son voisin zimbabwéen qui n’a produit que 19 tonnes l’année dernière pour des réserves estimées à 488 000 oz.
Une offre toujours insuffisante face à la demande croissante
Une offre jugée très insuffisante au regard de la croissance de la demande mondiale de ce métal précieux en passe de devenir une ressource stratégique. Outre son usage classique dans la bijouterie, le platine était jusqu’à une période récente utilisé dans l’industrie automobile et servait à produire les convertisseurs catalytiques pour réduire les émissions nocives des moteurs Diesel.
Mais la décadence de ce type de véhicules tombés entre-temps en désuétude, a porté un coup dur au marché du platine, non sans un effet probable de découragement pour les acteurs de cette filière minière. La période comprise entre 2020 et 2023 a été caractérisée par un surplus de production mondiale de platine dû au fait que ce métal utilisé aussi dans la bijouterie, avait perdu presque le tiers de sa valeur sur cette période. Ce n’est qu’en 2023 que le marché du platine a enregistré ses premiers déficits de l’offre.
Car, contre toute attente, l’on assiste depuis quelques semaines à un regain de la demande de ce métal précieux. Ce phénomène a pour conséquence la flambée des cours à l’échelle mondiale. A titre d’illustration, jeudi 30 mai 2024, les cours moyens mondiaux affichent les montants ci-après : 968.20 euros en moyenne pour l’once de platine ; 31 128.19 euros pour le lingot de ce « métal blanc » et en moyenne 31.13 euros pour le gramme.
En 2023, le WPIC prévoyait une augmentation de la demande de 24% ce alors que, paradoxalement, l’offre ne devait augmenter que de 3%. L’once de platine valait alors 400 dollars de moins que celle de palladium. La flambée de prix due à l’inadéquation entre l’offre et la demande a débuté il y a quatre ans.
Les voitures à hydrogène sont demandeuses
Cet intérêt s’explique d’abord par le développement croissant de voitures électriques (dites aussi à hydrogène) à travers de nombreux pays industrialisés de la planète. Du coup, le platine et le palladium, reconnus comme des catalyseurs, sont en passe de devenir des métaux stratégiques dans la transition énergétique à l’échelle mondiale. Le platine intervient dans la production de l’hydrogène vert dit renouvelable. Dès lors, il demeure l’un des composants essentiels et indispensables dans la production des piles à combustibles utilisées comme batteries pour transformer l’hydrogène en électricité.
L’autre enjeu, géopolitique celui-là, tient au fait que, depuis 2022, les pays occidentaux préfèrent de plus en plus le platine au palladium dans la production des pots catalytiques des voitures. Cette tendance tient non seulement aux coûts onéreux du palladium tel qu’indiqué quelques lignes plus haut, mais, dans un contexte de guerre russo-ukrainienne, elle participe également des mesures pour contourner l’offre de la Russie, premier producteur du palladium, avec 42% de la production globale devant l’Afrique du Sud (37%).
En revanche, l’Afrique du Sud détient 70% de la production mondiale de platine. En 2019, la nation arc-en-ciel contrôlait 73% de la production de ce métal blanc, 81% de l’iridium, 83% du rhodium et jusqu’à 90% du ruthénium. Ces quatre éléments, qui sont toujours presque associés dans la croûte terrestre, font partie des six métaux rares (comprenant en outre le palladium et l’osmium) qui composent le Groupe de Platine (EGP).