Tradex poursuit son expansion en Afrique. Après la République centrafricaine, le Tchad et la Guinée équatoriale, la société camerounaise projette la création d’une filiale en République démocratique du Congo (RDC). Son capital, 4,14 millions de dollars US (2,5 milliards de Fcfa). La décision de cette expansion en RDC a été approuvée lors du Conseil d’administration de l’entreprise le 25 juillet dernier, à Paris. Selon Africa Business+, les engagements initiaux devraient tourner autour de 8,28 millions de dollars US (cinq milliards de Fcfa). De plus, ils pourraient être revus à la hausse du fait de la forte dollarisation de l’économie congolaise.
L’arrivée de Tradex sur le marché de la distribution des produits pétroliers comporte des avantages pour les deux parties. La RDC sera davantage approvisionnée en gaz de pétrole liquéfié (GPL), un produit pour lequel le pays manque de ressources. C’est en effet pour y remédier que le pays a lancé sa production de gaz naturel liquéfié (GNL), au cours de l’année en cours. Le premier cargo destiné à l’exportation de gaz liquéfié a été sorti du pays. La production devrait atteindre 600 000 tonnes cette année, augmentant à 3 millions de tonnes par an à partir de 2025. Le lancement des activités de Tradex en RDC, est en phase avec la volonté du groupe camerounais d’exporter la marque dans plusieurs pays d’Afrique centrale. Ceci, afin d’explorer des marchés en dehors de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qu’il couvre déjà à 80 %.
Tradex RDC devient ainsi la quatrième antenne à l’étranger du groupe camerounais. Il est actif dans la distribution (stations-service, consommateurs et industriels) et l’exportation de produits pétroliers, ainsi que dans le soutage maritime et aérien. Le chiffre d’affaires réalisé par Tradex au Cameroun est de 645,89 millions de dollars US (390 milliards de Fcfa), pour un bénéfice de 24,84 millions de dollars US (15 milliards de Fcfa) pour le compte de l’exercice 2023. L’année la plus fructueuse de l’histoire de l’entreprise sur le plan commercial. Ces résultats affichent une augmentation favorisée par une hausse des ventes des produits commercialisés à plus de 500 000 tonnes de m3 de carburants (30,5%) et 100 000 tonnes métriques de gaz domestique (3%). Avec ses 81 stations-services sur l’étendue du territoire camerounais, Tradex est le second acteur du secteur de la distribution des produits pétroliers dans le pays.
Développer le secteur pétrolier
L’investissement de la société camerounaise intervient alors que la RDC envisage d’exploiter des réserves de pétrole estimées à 5 milliards de barils, selon APANews. Pour l’heure, le pays produit 25 000 barils de pétrole par jour à partir de son bassin côtier, en partenariat avec le producteur d’hydrocarbures indépendant Perenco. Les 180 millions de barils de réserves pétrolières de la RDC lui permettent de se lancer dans une vaste campagne d’exploitation de ses ressources afin de renforcer la sécurité énergétique et la croissance du PIB. C’est dans cette optique que les autorités congolaises ont été conviées à l’édition 2024 du forum Invest in African Energy (IAE). Cette plateforme met en lumière les opportunités d’investissement lucratives couvrant la chaîne de valeur du pétrole et du gaz de la RDC.
Le forum IAE permettra à terme de mettre en relation des projets d’énergie et d’infrastructure avec des investisseurs mondiaux, dans le but de faire progresser l’exploration, le transport, le traitement et la distribution du pétrole et du gaz en RDC et dans la région de l’Afrique de l’Est. L’expansion de Tradex dans ce pays est donc une opportunité que le groupe camerounais a su saisir et une fenêtre ouverte sur l’Afrique de l’Est.
Pour atteindre ses objectifs, la RDC a initié un cycle d’octroi de licences pour 30 blocs au début de l’année 2022. Une initiative visant à débloquer des réserves de pétrole évaluées à 650 milliards de dollars. Le processus d’octroi des licences s’est poursuivi en janvier 2023. La RDC a attribué des licences d’exploration et de production pour trois blocs de gaz du lac Kivu aux sociétés énergétiques nord-américaines Symbion Power, Winds Energy & Production et Alfajiri Energy. Ces attributions ouvrent la voie au développement d’un projet de transformation du gaz en électricité par Symbion Power, d’une valeur de 300 millions de dollars et d’une capacité de 60 MW, qui pourrait débloquer l’expansion de la chaîne de valeur du gaz dans le pays.
De la coopération Sud-Sud
Depuis quelques années, la RDC mise sur la collaboration avec les gouvernements régionaux et autres partenaires. Cette manœuvre vise à attirer les investissements et favoriser le développement local. Cela a conduit à la signature d’un accord avec l’Angola pour le développement conjoint du bloc 14, situé à la frontière maritime des deux pays, en juillet dernier. Ce partenariat permet d’augmenter également la fourniture des produits pétroliers raffinés par l’Angola à la RDC, renforçant ainsi la résilience énergétique du pays. En outre, le partenariat prévoit des initiatives de partage des connaissances dans le but d’établir les meilleures pratiques et de développer les industries pétrolières et gazières respectives des deux pays.
En outre, en mai dernier, la RDC a signé un accord avec l’Ouganda qui prévoit que le pétrole produit dans le graben Albertine de la RDC sera transporté via l’oléoduc Est-africain et exporté vers les marchés mondiaux. Le pays de Félix Tshisekedi a également conclu un accord avec la Guinée équatoriale en 2022 pour la construction d’une raffinerie et des installations de stockage. Ces deux initiatives devraient ouvrir une nouvelle ère de développement en aval et en milieu de chaîne, facilitant l’exportation du pétrole brut de la RDC vers de nouveaux marchés. À travers Tradex, le Cameroun plante son drapeau dans un marché où les opportunités coulent à flot.