L’organisation chargée du football mondial, la FIFA a fait part de son intention de collecter un milliard USD (environ 533,1 milliards de francs CFA) pour construire au moins un stade répondant aux normes Fifa dans chacun des 54 pays africains. Son président, Gianni Infantino, a annoncé cette décision à l’occasion des festivités du 80e anniversaire du TP Mazembe, à Lubumbashi, en RD Congo. Pour y arriver, la Fifa va travailler avec la Confédération africaine de football (CAF) et d’autres parties prenantes concernées, dans le but d’améliorer l’arbitrage, les infrastructures et les compétitions de football en Afrique, précisent nos confrères de BBC Afrique.
Nous voulons emmener l’Afrique au plus haut niveau et montrer au monde entier le talent exceptionnel et les talents de votre continent,
a déclaré Gianni Infantino.
Nous voulons mener une politique comprenant trois axes, l’arbitrage, l’infrastructure et les compétitions, en étroite collaboration avec la CAF et ses 54 fédérations membres,
a promis le patron de la Fifa. En plus, le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé le projet de construction d’un nouveau stade international pour le pays d’Afrique de l’Est afin d’accueillir les matches de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football en 2027. En effet, le pays accueillera conjointement avec le Kenya, et la Tanzanie la phase finale de CAN 2027. Ces ouvrages représentent une niche d’opportunités pour les fabricants de tartan (sol à base de caoutchouc usé), utilisé dans le revêtement des stades.
Une technique propre et efficace
Le sol en tartan est un type de sol sportif perméable à l’eau utilisé dans les courts de tennis, les terrains de basket-ball, les pistes d’athlétisme, les zones de jogging et d’échauffement. Il est principalement utilisé aux abords des terrains de football, des salles de sport intérieures et extérieures et des aires de jeux pour enfants. Il se compose de deux couches : les granulés SBR et EPDM. Selon un rapport du forum mondial des PDG de l’industrie du pneu, un milliard de pneus usés sont générés chaque année dans le monde. Près de quatre milliards se retrouvent dans des décharges.
Au Nigéria, une nouvelle ère a sonné pour le recyclage du caoutchouc à travers l’ingéniosité de la start-up Freetown Waste, depuis 2022. Alors que dix millions de pneus usagés s’entassent chaque année dans les décharges de ce pays, avec des risques importants sur la santé et l’environnement, la start-up Freetown Waste Management Recycle a décidé de les recycler pour obtenir des produits destinés au revêtement de sol notamment des briques de pavage et des dalles pour les édifices.
En 4 ans, l’usine basée à Ibadan dans l’État d’Oyo, a permis le carrelage de plusieurs maisons, des bureaux techniques, des parcs de loisirs, des aires de jeux et des restaurants de Lagos, la capitale économique du Nigéria. Selon Theophlius Okoyomon, le directeur de l’exploitation de la start-up, le marché nigérian du revêtement de sol en caoutchouc devrait croître avec l’augmentation de la demande de véhicules. C’est ainsi que l’entreprise collabore avec plus de 150 personnes qui travaillent comme agents de collecte de pneus dans des dépotoirs.
Recycler 15 millions de pneus par an au Nigéria
L’usine de recyclage de pneus a reçu le certificat d’Évaluation de l’impact sur l’environnement (EIE) du ministère de l’Environnement et des Ressources en Eau de l’État d’Oyo qui lui permettra d’accéder prochainement au certificat de fabrication décerné par le ministère fédéral du Commerce et de l’Investissement. Cependant, la jeune entreprise déjà présente au Rwanda et en Guinée équatoriale envisage l’expansion de ses activités dans d’autres pays africains à l’instar de la Gambie, du Ghana, du Kenya, du Sénégal et de l’Afrique du Sud.
Jusqu’à présent, plus de 100 000 pneus ont été recyclés dans les produits finaux de l’entreprise, mais l’objectif est d’en recycler 15 millions par an en produits utiles réutilisables à usage résidentiel, commercial et industriel avec une vision claire d’être le leader de la fabrication de caoutchouc recyclé au Nigéria. Nous avons une capacité de production de 1000 tonnes par an tant pour notre ligne de concassage que pour notre ligne de fabrication qui produit environ 400 m2 de tuiles et 3 300 m2 de tapis en caoutchouc par jour,
explique Ifedolapo Runsewe la directrice générale de Freetown Waste.
Des déchets à la richesse
Au Nigéria, plusieurs entreprises privées se lancent dans la collecte des pneus usés dans le but de les transformer en d’autres produits. C’est le cas de Free Recycle, entreprise dirigée par Ifedolapo Runsewe qui transforme de vieux pneus en briques de pavage, en carreaux en tongs et plusieurs autres produits. Pour elle, se procurer des pneus usés au Nigeria est une chose facile :
je pense que si vous marchez cinq minutes ou dix minutes dans la rue, je vous garantis que vous verrez au moins dix pneus dans les égouts, vous les trouverez au coin de la rue aux endroits où ils ne devraient pas être idéalement. Et je pense que c’est l’une des choses qui nous a amené à faire le recyclage des pneus usés.
Free Recycle a démarré ses activités en 2018 avec environ quatre employés. Depuis, l’effectif est passé à plus de 150 personnes. En six ans, plus de 600. 000 pneus ont été collectés et plus de 400 000 d’entre eux ont été recyclés en de nouveaux produits.
La majorité de ces pneus que vous voyez autour de vous, sont une source de richesse, en fait de déchets à la richesse. Beaucoup de gens ont été embauchés dans cette usine. Vous pouvez voir combien de gens travaillent ici, ils gagnent bien leur vie, et c’est une grande chose. Et les produits qu’ils fabriquent à partir de là peuvent être vendus localement et à l’étranger,
a indiqué Bolanle Emmanuel, coordinatrice du Conseil nigérian de promotion des exportations dans l’État d’Oyo.
Des procédés de recyclage simplifiés au Burkina Faso
Au Burkina Faso, le programme Entrepreneuriat & Technologies Adaptées (E&TA) a lancé un projet de recyclage de pneus usagés en dalles pour le sol en collaboration avec l’Université Ouaga II et la HES-SO (HEIA-FR & HEG-FR). Dans le but de valoriser les pneus usagés, plusieurs objectifs sont fixés à savoir le développement d’un procédé simple et bon marché de fabrication de dalles à base de pneus broyés et l’application de celui-ci au Burkina Faso afin de stimuler l’entreprenariat local.
Avant de pouvoir moudre le pneu, une fragmentation est nécessaire. Puis le pneu est broyé dans un moulin et un mélange de fibre, d’acier et de granulés de caoutchouc est récupéré. S’ensuit une séparation afin d’obtenir des granulés de caoutchouc propres. La technologie habituelle pour produire des dalles à base de pneus usés implique l’emploi de solutions commerciales d’oligomères de polyuréthane chères et difficiles d’accès en Afrique subsaharienne. De ce fait un procédé innovant, plus adapté aux conditions locales, a été développé. Les avantages sont les suivants: procédé simple, accessible, plus robuste et les dalles créées peuvent être recyclées.
Les paramètres du procédé ont été optimisés en suivant la méthodologie du plan d’expériences (DoE). Les critères d’optimisation étaient les suivants: augmentation de la résistance physique des dalles, augmentation de l’élasticité et atténuation de l’odeur. Le procédé optimisé a été transmis au Burkina-Faso sous forme d’une « recette » simple. Une production pilote a été mise en place à Ouagadougou, la capitale du pays. Plusieurs collaborations ont été mises sur pied, notamment avec la mairie de Ouagadougou et une association d’artisans sur pneus usés, de plus une étude de marché sur le produit a été menée. La technologie est susceptible d’être valorisée dans d’autres pays en voie de développement. Une collaboration a été établie récemment avec l’Integrated Polytechnic Regional College Karongi, au Rwanda, pour la continuation du projet dans ce pays.
Pneupur, gagner des marchés au Cameroun
Les frères jumeaux camerounais Benjamin et Frédéric Belibi, des passionnés de l’automobile, qui ont d’ailleurs fait leurs études dans ce domaine en France, peaufinent une petite révolution dans le traitement généralement réservé aux pneus usagés au Cameroun. Grâce à l’entreprise Pneupur, qu’abrite la technopole de l’Ecole nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, ils ont lancé, au début de l’année 2019, la première unité de recyclage et de valorisation des pneus usagés au Cameroun. Construite sur 3 hectares, dans la localité de Bikok, dans la région du Centre du pays, cette unité permet de transformer les pneus usagés collectés sur le territoire national, en granulés permettant de revêtir les sols des cours d’intérieur des bâtiments d’habitation et des terrains multisports, les sols des aires de jeu, les cours d’écoles et autres lieux de jeu d’enfants.
Plus de 120.000 m² d’espace à revêtir à Yaoundé
Cette unité industrielle, qui ambitionnait en 2018 de créer 41 emplois directs et 150 emplois indirects sur une période de 3 ans, a démarré par une capacité de traitement de 70 000 pneus usagés, pour atteindre 150 000 pneus traités au bout de la 3ème année de fonctionnement. L’usine aurait nécessité un investissement de 544 595 USD (327 millions de FCFA). Breveté auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI), qui couvre 17 pays membres, le procédé est adapté au climat tropical de cette région du monde. Pour le moment, la start-up fait appel à un sous-traitant local pour produire les granulés issus de vieux pneumatiques. « Nous y ajoutons une résine sans solvant pour en faire un produit écoresponsable », précise Frédéric Bélibi. L’entreprise, qui emploie six personnes en plus des cofondateurs, réalise ensuite elle-même la fabrication du sol et son installation, écrit le média en ligne, Entrepreneurs les échos.
Il y a une véritable demande localement car la plupart des aires de jeux sont en terre battue ou en ciment, une surface inadaptée,
poursuit l’entrepreneur qui estime à plus de 120.000 m² le potentiel du marché dans la capitale camerounaise.
Les prouesses d’E-Cover au Sénégal
E-Cover est une structure sénégalaise créée en 2020 et qui s’active dans le recyclage et la revalorisation des déchets. Cofondée par Yaye Souadou Fall et Khady Diallo, la startup s’active dans le recyclage de pneus qu’elle transforme en granulats de caoutchouc, en carreaux, en semelles de chaussures et en revêtement de sol pour les entreprises, les ménages, les complexes sportifs, les écoles et les mairies.
L’idée de revaloriser les pneus a commencé très tôt avec du matériel très rudimentaire à savoir des hachoirs à viande. Le premier investissement a permis d’acheter 20 hachoirs pour augmenter la capacité de production. Soutenue par le WIC (Women Investment Club), E-cover a aujourd’hui une usine de production avec des équipements de recyclage industriels de pointe située au niveau de la zone industrielle de Dakar sur une surface de 1600 m2. L’entreprise dispose d’une trentaine de points de collecte à Dakar. Equipé d’un laboratoire interne, E-Cover s’efforce à produire du granulat calibré et de qualité répondant aux standards internationaux et la structure est en passe d’obtenir la certification FIFA pour gagner plus de part de marché dans le secteur du gazon synthétique, d’après le site d’information Act Afrique.