C’est enfin une réalité. Nana Akufo-Addo, le président ghanéen a donné le premier coup de pioche pour la construction d’une raffinerie de pétrole d’une capacité de 300 000 barils par jour. “Le projet promet d’être une pierre angulaire du développement de notre nation“, a déclaré M. Akufo-Addo ce lundi 19 août en fin de journée, sur le site du projet dans la ville de Jomoro (sud-ouest), qui comprendra également des usines pétrochimiques.
Le président Nana Akufo-Ado a ajouté, sur la chaîne de télévision publique Ghana Television (GTV), que la première phase du projet, dont le coût est estimé à 12 milliards de dollars, sera financée et construite par un consortium composé de Touchstone Capital Group Holdings, UIC Energy Ghana, China Wuhan Engineering Co. et China Construction Third Engineering Bureau Co.
Pour le gouvernement, il s’agit ainsi de faire du Ghana la plaque tournante de la raffinerie du pétrole dans la région. Selon l’Association des raffineurs et distributeurs africains, l’Afrique de l’Ouest consomme environ 800 000 bpj dont près de 90 % sont importés. La raffinerie de Jomoro vise à fournir suffisamment de produits raffinés et de sous-produits pour approvisionner la région d’ici 2036, conformément à un accord signé en juin 2018.
Deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana est devenu producteur de pétrole en 2010. Il produit actuellement environ 132 000 bpj de pétrole brut et environ 325 millions de pieds cubes standard par jour de gaz naturel.
Des critiques
Des critiques affirment que le projet est imparfait. Cité par Reuters, Bright Simons, vice-président du groupe de réflexion IMANI Africa, basé à Accra, a déclaré que le consortium à l’origine du projet “n’est pas prêt à investir (et) que le projet n’a pas de plan d’affaires bancable”. Circonspect, il ajoute :
Notre position est qu’il s’agit d’une tentative spéculative de s’emparer d’une réserve foncière à bon marché.
Soulevant des préoccupations liées à l’impact social et environnemental du projet, des résidents du site de 20 000 acres proposé pour la construction de la raffinerie ont protesté contre les plans, exigeant que l’empreinte du projet soit réduite à 5 000 acres.
Oliver Barker-Vormawor, associé principal du cabinet d’avocats représentant certaines coopératives agricoles concernées, promet une rude bataille judiciaire au gouvernement :
La manière abrasive dont le gouvernement procède ne tient pas compte des préoccupations valables concernant l’impact social et environnemental du projet, les moyens de subsistance menacés par le déplacement des agriculteurs et les questions non résolues de la propriété et des droits fonciers de la communauté,
dénonce-t-il, cité par Reuters.
Pour sa part, le gouvernement brandit les pétitions d’autres résidents en faveur du projet pour rejeter ces réserves des populations riveraines.