Depuis la promulgation du nouveau code pétrolier en 2019, le Gabon n’a pas réussi à signer de nouveaux contrats d’exploration pendant quatre ans, malgré les incitations pour les investisseurs. Le 17 septembre 2024, le ministre gabonais du Pétrole, Marcel Abeke, a présidé la signature d’un contrat d’exploitation et de partage de production (CEPP) avec l’opérateur pétrolier français Maurel et Prom, lors d’une cérémonie tenue au ministère du Pétrole. Un événement qui marque une étape significative dans la relance du secteur pétrolier gabonais.
Le nouveau « CEPP EF9 » s’inscrit dans la stratégie du gouvernement gabonais de revitaliser le secteur pétrolier. Cette stratégie comprend des négociations directes avec les investisseurs et la mise en place de mesures incitatives pour encourager l’exploration et l’exploitation des ressources pétrolières. Il faut noter qu’actuellement sur 96 blocs, seuls 17 blocs sont opérationnels.
Des réserves de pétrole estimées à 3,68 milliards de barils
L’industrie pétrolière et gazière du Gabon devrait enregistrer un taux de croissance annuel moyen (CAGR) de plus de 0,8 % sur la période 2020-2025, selon les prévisions du programme Arise IIP. Face aux énergies renouvelables, qui affichaient une capacité de production installée de seulement 333 MW entre 2016 et 2018, le pétrole et le gaz restent les principales sources d’énergie pour l’économie en développement du Gabon. Les réserves de pétrole avérées du pays sont les sixièmes du monde et sont estimées à 3,68 milliards de barils. Le potentiel de cette industrie est encore largement inexploité, avec une production journalière estimée à 0,244 million de barils.
Le Gabon ne consomme qu’une petite partie de son pétrole (0,013 million de barils) et exporte le reste vers les marchés étrangers. A titre d’illustration, le pétrole brut constitue 96 % des exportations annuelles du pays vers l’Amérique du Nord, selon le programme Arise IIP. Le Gabon compte également une production de gaz naturel d’environ 0,1 milliard de mètres cubes, qui pourrait augmenter et dépasser les 28,3 milliards de mètres cubes. À la différence du pétrole, qui est principalement destiné aux marchés étrangers, le gaz gabonais est entièrement consommé localement.
Libéralisation du marché
Bien que le Gabon soit déjà le 8e producteur de pétrole et de gaz d’Afrique, il renferme encore des gisements qui n’attendent que d’être exploités. Le nouveau code des hydrocarbures adopté en 2019 veille à ce que la production de pétrole stimule la croissance. L’objectif est de libéraliser le marché en offrant de meilleures opportunités aux entreprises qui souhaitent investir dans l’industrie pétrolière et gazière du pays. En 2019, les revenus générés par la production de pétrole et d’autres liquides liés représentaient 45 % du PIB et jusqu’à 74 % des exportations.
Potentiel en gaz avéré estimé à près de 29 milliards de mètres cubes et largement inexploité
Le Gabon s’est récemment rendu compte que la transition énergétique nécessitait d’utiliser de bien plus grandes quantités de gaz. Par conséquent, de nombreux efforts sont actuellement faits pour augmenter la production. Tous les ménages gabonais ont besoin de gaz pour cuisiner leurs repas. Selon RFI, le pays produisait en 2021 20 % de sa consommation nationale de gaz. Si le gouvernement arrive à exploiter de nouveaux gisements, cela permettra de couvrir entièrement la demande locale dans ce pays de 2,389 millions d’habitants (2022). Par ailleurs, les fortes fluctuations des marchés mondiaux de l’énergie peuvent avoir de graves répercussions sur l’économie gabonaise.
Selon la direction générale du Trésor français, le Gabon détient des réserves prouvées de gaz naturel à hauteur de 28,3 milliards de mètres cubes, essentiellement sous forme de gaz associé. Ces ressources en gaz sont exploitées par la compagnie française Perenco, à partir de deux gisements que sont Ganga et Ozangue, d’après le média local le Nouveau Gabon. L’offre de Perenco est estimée à 20 %. Le déficit est donc de 60 %. Dans ce contexte, le Gabon cherche des investisseurs pour différents projets tels que des usines de GPL, de GNL et de GNC, des installations de stockage de gaz naturel liquéfié (GNL) et de Gaz naturel comprimé (GNC), des installations de regazéification sur site et des installations de conversion en biocarburant. L’objectif est d’obtenir des capacités de stockage de butane supplémentaires de 30 000 mètres cubes, contre 4 000 à 5 000 mètres cubes actuellement.
Environ 30 gisements de pétrole en cours d’exploitation au Gabon
Avec environ 30 gisements en cours d’exploitation, le Gabon est le sixième producteur mondial de pétrole. En 2019, le Gabon a conclu sept nouveaux contrats d’exploration et de partage de production avec Assala Upstream Gabon, Assala Gabon SA, Perence Oil & Gas Gabon Limited et Sinopec Overseas & Gas Limited. On peut s’attendre dans un avenir proche à d’importants investissements de grandes entreprises. Le cas de la signature récente d’un contrat d’exploitation et de partage de production (CEPP) avec l’opérateur pétrolier français Maurel et Prom.
La production de pétrole et de gaz devrait augmenter de 50% sur la période 2021-2025
Rappelons que le Gabon est officiellement revenu dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEC) en juillet 2016. L’objectif du gouvernement gabonais est de renforcer sa position dans la production de pétrole en prenant des participations dans les projets en cours d’élaboration. L’OPEC estime que le Gabon dispose de réserves offshore et terrestres totalisant 2 milliards de barils, principalement dans les régions situées au sud-ouest du pays. Elle voit là un marché potentiel favorable au développement d’entreprises pétrolières et gazières en amont et en aval du secteur. Selon les estimations du projet ARISE IIP ; grâce aux importantes réserves avérées du pays, le secteur pétrolier amont devrait connaître une augmentation de la production de pétrole et de gaz de 50 % sur la période 2021-2025.
Le Gabon rachète Assala Energy, deuxième opérateur pétrolier du pays
Le Gabon a versé, le 21 juin 2024, au fonds américain Carlyle, la dernière tranche pour le rachat des parts d’Assala Energy, deuxième opérateur pétrolier du pays, avec plus de 45 000 barils/jour en termes de production et un chiffre d’affaires de plus de 600 milliards de FCFA par an. Le deal a été annoncé par Carlyle dans un communiqué du 21 juin 2024. Selon les informations, c’est l’entreprise suisse Gunvor, spécialisée dans le commerce, le transport et le stockage de produits pétroliers et autres produits de l’industrie pétrolière, qui a pré financé l’opération. Les conditions de remboursement (taux et mode de remboursement, en dollars ou en barils n’a pas encore précisé).
Dans la mouvance de la relance du secteur pétrolier et gazier au Gabon, le pays abritera du 20 au 22 octobre prochain, la première édition du Sommet sur le pétrole, le gaz et la transition énergétique au Gabon. Cet événement qui réunit les principaux acteurs du secteur des hydrocarbures est organisé par le ministère du pétrole, du gaz et des mines, avec l’appui du IN-VR, une société de promotion et de conseil en énergie. Ainsi, le Gabon amorce sa transition énergétique, tout en restant un pays pétrolier. Le pays entend faire de son potentiel gazier, un véritable levier de sa croissance économique.