L’initiative, qui s’inscrit dans une stratégie nationale de développement industriel, a pour ambition de construire un écosystème pharmaceutique durable, régionalement compétitif et innovant. Lors d’un dialogue sectoriel à Gaborone cette semaine, Keletsositse Olebile, Directeur général du Centre d’investissement et de commerce du Botswana (BITC), a présenté les grandes lignes de cette initiative. S’appuyant sur une étude menée en 2023 avec le programme Africa RISE, financé par l’Union européenne, le BITC cherche à moderniser le secteur pharmaceutique botswanais en s’appuyant sur les conclusions de cette recherche.
L’objectif est de développer une industrie pharmaceutique locale capable de produire des médicaments pour répondre aux besoins internes, tout en restant compétitive à l’échelle régionale et internationale,
a souligné Olebile chez nos confrères de Business Weekly Reporter.
Africa RISE, programme axé sur l’amélioration du climat des affaires en Afrique australe, soutient cette initiative dans le cadre d’un partenariat UE-Afrique centré sur les investissements durables et la croissance verte.
Olebile a également évoqué les opportunités émergentes, notamment le programme Team Europe, qui vise à renforcer la fabrication de vaccins et de médicaments en Afrique grâce à un soutien financier de l’UE. Le Botswana, malgré sa dépendance aux importations pharmaceutiques, a vu son secteur croître rapidement. En 2023, les importations de produits pharmaceutiques ont augmenté de 14 % d’une année sur l’autre en 2023. Plus de 68 % de ces importations provenaient d’Afrique du Sud et d’Inde.
Il a noté que la croissance du secteur pharmaceutique est en grande partie tirée par les dépenses de santé, qui représentaient 5,8 % du PIB du Botswana en 2023, avec des dépenses totales de 1,3 milliard de dollars américains. Il a en outre souligné que le développement agressif de l’industrie pharmaceutique locale pourrait contribuer à réduire la dépendance aux importations.
Potentiel de l’industrie pharmaceutique du Botswana
En discutant du potentiel de l’industrie pharmaceutique du Botswana, Olebile a révélé que le secteur était évalué à plus de 2,6 milliards de pesos (193 millions de dollars américains) d’ici 2022, avec une prévision de 2,7 milliards de pesos (205 millions de dollars américains) d’ici 2025. Il s’est dit optimiste quant au potentiel du secteur à se développer et à pénétrer les marchés régionaux et internationaux. Cependant, l’ambition est de réduire cette dépendance en développant une production locale. Le Botswana Vaccine Institute, déjà actif dans la fabrication de vaccins vétérinaires, est pressenti pour jouer un rôle clé dans cette transition vers une production pharmaceutique locale.
Moemedi Mokgosi, Directeur de la recherche du BITC, a présenté les résultats de l’étude qui cartographie l’écosystème pharmaceutique du Botswana, identifiant des sous-secteurs stratégiques comme les biopharmaceutiques, les plantes médicinales et les ingrédients issus de l’industrie bovine et minière. Mokgosi a souligné l’importance de développer un cadre d’investissement attrayant pour attirer les investisseurs et renforcer la collaboration entre les secteurs publics et privés. La biodiversité unique du Botswana, notamment ses plantes indigènes, pourrait également devenir une ressource clé pour l’industrie pharmaceutique. Le BITC encourage ainsi le développement de recherches approfondies sur ces plantes afin de créer une base de données nationale et d’exploiter ces ressources naturelles de manière durable.
Cette stratégie s’inscrit dans un contexte où seuls 20 pays africains possèdent des capacités de production pharmaceutique, dont la majorité se concentre sur les médicaments génériques. Le Botswana ambitionne de se positionner comme un acteur régional majeur, capable non seulement de produire des médicaments, mais aussi de fournir des services de certification et de formation médicale à travers l’Autorité de réglementation des médicaments du Botswana (BOMRA).
Pour réussir, le pays doit s’appuyer sur son dynamisme industriel et sa capacité à innover, tout en favorisant les partenariats entre les universités locales, les ONG, les praticiens de la médecine traditionnelle et les entreprises privées. Cette démarche audacieuse pourrait propulser le Botswana en tant que futur leader de la production pharmaceutique en Afrique subsaharienne.