L’Afrique a enregistré un total de 1,9 milliard de dollars US d’investissements (1 159 milliards FCFA) en capital privé à la fin du troisième trimestre 2024, soit une chute de 53 % par rapport à la même période en 2023, selon le dernier rapport de l’Association africaine du capital privé (AVCA). Ce niveau est bien inférieur à la moyenne des cinq dernières années, estimée à 4,2 milliards de dollars (2,896 milliards FCFA), marquant ainsi le plus faible volume d’investissements depuis 2020.
Le nombre de transactions, bien qu’en baisse de 11 % avec 287 opérations conclues depuis janvier, subit un recul moins sévère que les montants investis. Ce désengagement s’explique principalement par une diminution notable des transactions de grande ampleur. Les opérations de plus de 50 millions de dollars (30,5 milliards FCFA) ont reculé de 75 %, et aucune transaction dépassant les 250 millions de dollars (152 milliards FCFA) n’a été enregistrée au cours de cette période. Les transactions dans la tranche de 50 à 100 millions de dollars (30,5 et 61 milliards FCFA), quant à elles, ont chuté de 92 %. Cette prudence des investisseurs résulte d’une volonté de minimiser les risques en privilégiant des opérations de taille plus modeste, selon l’AVCA.
La pression sur le capital-risque et les start-ups africaines
D’après le rapport de l’AVCA, le secteur du capital-risque, souvent moteur d’innovation sur le continent, est également touché par ce ralentissement. Bien qu’il représente encore une large part de l’activité (62 % en volume et 52 % en valeur), les transactions de capital-risque ont diminué de 21 %, tandis que les montants investis ont presque été divisés par deux (-49 %). Face à cette pression, les start-ups africaines adoptent une stratégie plus défensive, mettant en pause leurs initiatives de croissance pour optimiser leurs opérations existantes et conserver leurs ressources. Le segment du capital-investissement connaît une situation paradoxale. Alors que le nombre de transactions a augmenté de 28 % par rapport à l’année précédente, soutenu par des rachats et des levées de fonds destinés à la croissance, les montants investis demeurent en nette baisse. Seulement 400 millions de dollars US (243 milliards FCFA) ont été déployés dans ce segment, soit une chute de 66 % en comparaison à 2023.
La dette privée, un refuge pour les investisseurs
Contrairement au capital-investissement et au capital-risque, la dette privée s’illustre par sa résilience et même par une hausse de 14 % de la valeur des transactions. En période de volatilité, la dette privée attire les investisseurs en quête de placements stables et flexibles. Avec une demande accrue de financement, notamment dans les services financiers, les entreprises de prêt africaines trouvent dans la dette privée un levier précieux pour maintenir leurs activités, malgré les contraintes de liquidité.
Malgré cette série de replis, l’Afrique conserve un potentiel d’attractivité significatif pour les investisseurs disposés à adopter une vision à long terme. Les fonds levés pour des clôtures finales au cours de l’année 2024 atteignent ainsi 2 milliards de dollars (1 217 milliards FCFA), témoignant de cet intérêt latent. Toutefois, les perspectives de croissance demeurent fragiles : des pressions de solvabilité pèsent sur les banques africaines, et Fitch anticipe une hausse des prêts non performants. Des mesures comme l’augmentation des exigences de capital au Nigeria ont pour objectif de stabiliser le secteur bancaire, mais le chemin vers une relance solide reste semé d’embûches.
Le capital privé en Afrique, affecté par les incertitudes économiques mondiales, marque un net recul en 2024. Les grandes transactions se font rares, tandis que les investisseurs préfèrent désormais des opérations plus petites et moins risquées. Si certains segments, comme la dette privée, parviennent à tirer leur épingle du jeu, la prudence reste de mise pour le secteur du capital privé dans son ensemble. L’attractivité de l’Afrique persiste, mais les acteurs doivent s’adapter aux nouveaux défis pour espérer renouer avec une dynamique de croissance durable.