« L’éducation est l’arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde », disait le panafricaniste et leader Nelson Mandela. S’il est vrai que l’éducation a contribué à faire de grands hommes et femmes, il est surtout indéniable aujourd’hui que l’enseignement à distance représente un potentiel énorme pour les systèmes éducatifs africains. Un aspect crucial de l’écosystème numérique est la disponibilité des compétences et de la formation nécessaire pour utiliser et développer efficacement les technologies numériques.
Avec les progrès de la technologie et une connectivité accrue, l’éducation numérique est devenue un outil puissant pour transformer les expériences d’apprentissage, élargir l’accès à l’enseignement supérieur et répondre aux demandes de l’économie postindustrielle à travers le continent africain. Le taux de pénétration d’internet y est d’ailleurs passé de 29% en 2015 à 37-41,3% en 2023, selon les sources, contre une moyenne mondiale de 67%.
Forte demande de compétences numériques
L’Afrique a connu une poussée de numérisation, les gouvernements et les organisations privées investissant massivement dans l’amélioration des infrastructures numériques. Cela s’est traduit par un accès accru à Internet et à la technologie mobile, ouvrant de nouvelles opportunités en matière d’éducation et de développement des compétences. À mesure que la numérisation se propage à travers le continent, elle offre le potentiel de démocratiser l’éducation et d’ouvrir les portes à de nouvelles possibilités d’apprentissage pour des millions de personnes.
À partir des données du Forum économique mondial (WEF), les TIC, l’ingénierie et les sciences ont été identifiées comme des domaines STEM (Science, Technology, Engineering, and Mathematics) – américanisme désignant quatre disciplines : science, technologie, ingénierie et mathématiques-, et leur prévalence dans la main-d’œuvre de différents pays africains a été examinée. L’Égypte (6,85 %), l’Afrique du Sud (5,7 %), le Congo (3,53 %) et le Nigeria (2,83 %) se distinguent comme les pays ayant la part la plus élevée de domaines STEM dans leur main-d’œuvre, ce qui indique un plus grand besoin de compétences numériques dans ces pays. En ce qui concerne la demande de compétences numériques, l’Égypte (31 %), l’Afrique du Sud (25 %), le Nigeria (12 %) et le Congo (11 %) apparaissent comme les quatre pays africains ayant la plus forte demande de compétences numériques. Ces résultats présentent des perspectives prometteuses pour les demandeurs d’emploi et les décideurs politiques, mettant en évidence les opportunités potentielles de développement des compétences et de croissance économique dans ces pays.
Dynamisme de la numérisation en Afrique
L’Afrique connaît une véritable révolution dans le domaine des filières technologiques, avec l’émergence de 30 programmes de master de premier plan en études technologiques pour l’année 2024, selon Resilient.digital-africa.co . Ces programmes, offerts dans différentes universités à travers le continent, reflètent l’engagement croissant de l’Afrique à développer son expertise dans les domaines de la technologie et de l’innovation, ouvrant ainsi la voie à une transformation numérique et économique.
Ces programmes, offerts dans diverses universités à travers l’Afrique, couvrent une gamme étendue de disciplines technologiques, allant de l’informatique et de l’ingénierie à la cybersécurité et à l’intelligence artificielle. Conçus pour fournir aux étudiants les compétences et les connaissances nécessaires pour relever les défis technologiques actuels et futurs, ces programmes de master offrent des cursus innovants et axés sur la pratique.
Parmi les universités offrant ces programmes figurent des institutions de renom telles que l’Université du Cap en Afrique du Sud, l’Université de Nairobi au Kenya, et l’Université de Lagos au Nigeria. Ces établissements se sont engagés à offrir une éducation de qualité et à contribuer à la formation de la prochaine génération de leaders technologiques africains.
Selon les experts, il est essentiel d’investir davantage dans l’éducation et la formation technologiques, en mettant l’accent sur l’inclusion, l’accessibilité et la pertinence des programmes d’études. En encourageant la collaboration entre les universités, les entreprises et les gouvernements, l’Afrique peut renforcer ses capacités technologiques et stimuler son développement économique à long terme.
Accéder au web sans connexion internet dans 18 pays africains
L’EDbox est un nano serveur Raspberry incluant un point d’accès wifi auquel pourront se connecter jusqu’à 25 terminaux simultanément, PC, tablettes et smartphones, qui pourront ensuite accéder aux services et contenus embarqués. L’EDbox, qui a pour intérêt d’être utilisable en mode déconnecté, peut néanmoins se raccorder à l’internet en la branchant ou en la connectant par wifi sur un routeur, voire à un simple smartphone utilisé en point d’accès.
Une connexion épisodique lui permet alors de se mettre à jour. Ainsi les enseignants et les élèves-maîtres, en zones rurales, ont un accès garanti aux ressources numériques de qualité leur permettant de se former. ED4free a distribué ses produits dans 18 pays d’Afrique. ED4free est une association française à but non lucratif, créée en 2017, spécialisée dans les outils numériques éducatifs simples et peu coûteux pour l’éducation et la formation dans les pays en développement, plus particulièrement en Afrique.
Déficit de compétences numériques à combler
Face à une frontière numérique en évolution rapide, les économies africaines risquent de prendre encore plus de retard en raison d’importantes lacunes en matière d’infrastructures, de technologies et de compétences qui posent à la fois des défis et des opportunités pour l’avenir de l’éducation numérique en Afrique.
Le manque d’accès à une éducation de qualité et à des programmes de formation pertinents entrave le développement des compétences numériques au sein de la main-d’œuvre. En outre, des disparités existent entre les zones urbaines et rurales, où l’accès limité à la technologie entrave la diffusion de l’éducation numérique dans les régions reculées. En plus, l’insuffisance des infrastructures éducatives, notamment le manque d’ordinateurs, de tablettes et de connexions Internet fiables, présente un défi majeur pour l’intégration de l’éducation numérique dans les salles de classe. Également, la pénurie d’enseignants maîtrisant les outils et méthodologies numériques entrave l’adoption efficace de la technologie dans le secteur de l’éducation.
Potentielles solutions
Pour favoriser l’autonomisation numérique en Afrique et combler le déficit de compétences, plusieurs initiatives peuvent être entreprises selon les experts. Notamment, la spécialisation en STEM. Aussi, des programmes de développement des compétences devraient être encouragés, s’adressant à la fois aux jeunes entrant sur le marché du travail et aux professionnels cherchant à perfectionner leurs compétences.
En plus, les gouvernements et les secteurs privés à travers l’Afrique doivent donner la priorité à l’éducation numérique dans leurs programmes, en allouant des ressources pour améliorer les infrastructures éducatives, y compris l’accès aux ordinateurs et à une connectivité Internet fiable pour faciliter l’apprentissage numérique, soutenir les programmes de formation des enseignants et subventionner les appareils numériques. De même, la collaboration entre les secteurs public et privé peut faciliter la création de contenu numérique pertinent et favoriser l’innovation dans l’éducation. Il faudrait surtout investir dans des initiatives complètes et continues de formation des enseignants au numérique, étendre l’infrastructure Internet et la rendre plus abordable.
Transformer des vies à travers le numérique
La numérisation de l’éducation en Afrique offre un immense potentiel pour transformer des vies et former une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine numérique qui stimule la croissance économique. L’adoption de la numérisation dans l’éducation profitera non seulement aux individus, mais propulsera également le continent vers une croissance et un développement économiques durables. Le voyage peut être difficile, mais la destination recèle la promesse d’une Afrique plus inclusive et plus autonome numériquement.
Dans un paysage mondial en évolution rapide, où la numérisation et les compétences correspondantes gagnent en importance dans le processus de transformation des économies, le rôle de la numérisation dans l’élaboration des marchés du travail et des économies, tant au niveau régional que mondial, ne peut être sous-estimé. L’Afrique est témoin d’une révolution numérique, la technologie jouant un rôle essentiel dans l’élaboration de son avenir. À mesure que les industries adoptent de plus en plus la numérisation, la demande d’individus maîtrisant les compétences numériques explose. Une belle promesse pour l’embellie du marché de l’enseignement à distance.
C’est une bonne nouvelle pour les apprenants