En Indonésie, les exportations d’huile de palme sont annoncées en baisse, à 30,2 millions de tonnes fin 2024 ; soit 2 millions de tonnes de moins qu’en 2023, selon Reuters, citant le chargé de la division du commerce et de promotion de l’Association indonésienne de l’huile de palme, Fadhil Hasan. Cette situation est surtout liée d’une part, à un temps sec et des rendements faibles et d’autre part, à l’accroissement de l’usage domestique. En outre, l’obligation d’incorporation de l’huile de palme dans le biodiesel à un mélange de 35 % devrait porter la consommation intérieure d’huile à 24,2 millions de tonnes, un niveau record.
Par ailleurs, dans le cadre du 12ème Plan Malaisie, qui s’étend de 2021 à 2025, la Malaisie (deuxième producteur mondial d’huile de palme) cherche à stimuler les investissements dans les sous-produits de l’huile de palme, désignant la biomasse comme secteur stratégique. Ainsi le pays entend transférer une grande partie de sa production dans la fabrication de biocarburants.
Nigeria, premier marché de l’huile de palme en Afrique
Au Nigeria, l’Association nationale des producteurs de palme (NPPAN) et l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI) ont récemment signé un protocole à Abuja. Selon les informations relayées par le quotidien local The Guardian, le 31 août dernier, cet accord vise à stimuler l’industrie de l’huile de palme dans les deux pays. Pour la partie nigériane, l’initiative devrait permettre d’accroître la production d’huile de palme et les revenus des agriculteurs, et limiter l’importation.
Pour rappel, le Nigeria est le premier producteur de cette denrée sur le continent et le 5ème producteur mondial d’huile de palme, derrière l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et la Colombie. D’après le Département américain de l’agriculture (Usda), le Nigeria devrait importer 22 % de sa consommation qui devrait atteindre plus de 1,9 million de tonnes en 2024/2025, indique notre confrère Ecofin.
Hausse de la production projetée en 2025 au Gabon
En 2023, la production d’huile de palme brute avait reculé en raison des perturbations observées dans les plantations de Mouila et d’Awala, liées à des mouvements de grève. Suite à cette situation, les récoltes de régimes de palme avaient légèrement diminué de 0,3 %, passant de 619 505 tonnes en 2022 à 617 929 tonnes. De même, la transformation des régimes avait généré 146 414 tonnes d’huile de palme brute, contre 147 804 tonnes l’année précédente, soit une baisse de 0,9 %.
Selon le tableau de bord de l’économie gabonaise, publié par le ministère de l’Économie, le Gabon anticipe une reprise de la production d’huile de palme cette fin d’année ainsi qu’en 2025. La hausse attendue dans la filière devrait être soutenue, entre autres, par la production des plantations d’Olam, notamment avec l’amélioration des rendements grâce à l’arrivée à maturité des palmeraies d’Awala (Kango) et de Mouila, ainsi que par les productions issues des différents projets agricoles lancés dans le pays ces dernières années, indique Le Nouveau Gabon.
Sous l’impulsion de ces différents projets, le palmier à huile devrait rester le pilier de développement de cette branche. Ainsi, d’après les prévisions du document de cadrage macroéconomique et budgétaire 2023-2025, la production d’huile de palme devrait atteindre 109 499 tonnes en 2025 contre 107 336 tonnes en 2021, soit une hausse attendue de 2 163 tonnes. Des performances que le pays souhaiterait voir s’améliorer davantage dans les prochaines années.
Le Cameroun traine le pas
Au Cameroun, la production d’huile de palme atteint 500 000 tonnes/an, pour une demande nationale de 2 400 000 tonnes. Dans ce pays d’Afrique centrale, la production d’huile de palme devrait chuter au cours du 3e trimestre 2024, selon le test prévisionnel de conjoncture, publié trimestriellement par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). D’après ce document prospectif de la banque centrale, qui est basé sur les enquêtes réalisées auprès de chefs d’entreprises, responsables d’administrations et autres acteurs clés des différentes filières et secteurs d’activité de la Cemac, cette baisse projetée est consécutive au
cycle de production du palmier à huile, peu propice à une récolte optimale pendant cette période .
A en croire l’ingénieur de conception en industrie agricole et alimentaire, Foupouapouognigni Mohamed, cette chute de la production peut aussi s’expliquer par le fait que les variétés de palmier à huile utilisées dans la plupart des palmeraies ne sont pas améliorées. A cette raison, il ajoute les mauvaises pratiques agricoles.
Les gens ne maîtrisent pas souvent le temps de la récolte et le traitement à faire rapidement avant l’extraction de l’huile et par conséquent, les procédés d’extraction d’huile de palme ne sont pas efficaces,
relève-t-il à Data Cameroon.
Il souligne aussi le manque de formation des producteurs, c’est à dire qu’ils ne s’adaptent pas aux réalités qu’impliquent les changements climatiques.
Comme mécanismes de contournement pour permettre une production optimale de l’huile de palme au Cameroun, Foupouapouognigni Mohamed recommande la formation des producteurs, tout en copiant les exemples des grands producteurs de l’huile de palme tels que la Malaisie, l’Indonésie et le Brésil.
Il va aussi falloir que nous allions vers les variétés bien améliorées, résistantes aux maladies et à la sécheresse. Il va aussi falloir revoir la gestion de l’eau et adopter les bonnes pratiques agricoles telles que l’association des cultures intercalaires en faisant des associations qui vont permettre d’augmenter les rendements du palmier à huile. Par exemple, une légumineuse tel que le haricot ou l’arachide qu’on met avec le palmier à huile permet de fixer l’azote qui pourra être réutilisé par le palmier,
indique l’ingénieur à Data Cameroon.
Inflation touchant plus de trois milliards de consommateurs
L’Afrique de l’Ouest a vu ses importations d’huile de palme en provenance de la Malaisie grimper de près de 47% en 2023 pour atteindre 978 156 tonnes, selon les données du Malaysian Palm Oil Council (Mpoc). Le Nigeria est le premier importateur de la zone avec 304 043 tonnes (+33,92%). Il est suivi par le Togo (236 275 T., +74,37%), le Bénin (136 255 T. ; +467,18) et le Sénégal (128 015 T. ; +101,25%). En Afrique sub-saharienne, la croissance est moins forte. Elle est de 25,6% avec un volume de 2 906 237 tonnes d’huile de palme de Malaisie importé. Le Kenya continue d’être le premier importateur d’huile de palme malaisienne, avec un volume de 915 335 tonnes, soit 31% du total exporté dans la région.
En fin novembre 2024, les contrats à terme sur l’huile de palme ont atteint leur niveau le plus élevé depuis deux ans, en raison des inquiétudes suscitées par la diminution de l’offre. Cette flambée des prix intervient alors que le monde est confronté à une inflation alimentaire croissante, ce qui constitue une préoccupation majeure pour plus de trois milliards de personnes qui dépendent de l’huile de palme comme principale source d’huile comestible, en particulier en Asie.
La hausse des prix est attribuée aux difficultés de production en Indonésie et en Malaisie, qui représentent ensemble plus de 80% de l’offre mondiale d’huile de palme. Des facteurs tels que le vieillissement des arbres et les perturbations météorologiques contribuent à réduire les niveaux de production. Ces facteurs, associés à une demande mondiale croissante, ont fait grimper les prix de plus de 15% au mois de novembre 2024, marquant ainsi le troisième mois consécutif de hausse.
Des experts ont déjà mis en garde contre la gravité de la crise alimentaire mondiale actuelle, certains établissant des comparaisons avec la situation de 2008. Les inquiétudes concernant l’impact à long terme de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’instabilité socio-économique persistent.