Loin des dépendances aux énergies fossiles, les investissements dans le solaire se multiplient pour offrir une solution durable aux défis de l’électrification. Le Maroc est l’un des exemples les plus emblématiques de cette transition. Le pays, avec son complexe Noor à Ouarzazate, a fait un pari ambitieux sur l’énergie solaire. Le projet, l’un des plus grands au monde, vise une capacité de 580 MW, avec l’objectif de couvrir 52% des besoins énergétiques du pays par des sources renouvelables, d’ici 2030.
Ce projet, qui s’inscrit dans une stratégie énergétique globale, a mobilisé des milliards de dollars de financement, avec le soutien de grandes institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale. Le Maroc se positionne ainsi en leader régional, avec des projets innovants qui marquent une étape décisive dans la diversification de son mix énergétique.
Une transition inévitable
De son côté, l’Égypte, avec le parc solaire de Benban dans le désert d’Assouan, incarne également cette ambition. Investi à hauteur de 4 milliards de dollars, ce projet de 1 650 MW a permis d’alimenter près de 1,8 million de foyers et devient une référence pour l’Afrique du Nord. Au-delà de la simple production d’énergie, le projet constitue un modèle d’intégration des énergies renouvelables dans un pays qui cherche à se diversifier loin de sa dépendance au pétrole et au gaz naturel. Le succès de Benban marque un tournant pour l’Égypte, qui souhaite devenir un acteur majeur dans le secteur des énergies renouvelables et réduire sa facture énergétique, tout en créant de nombreux emplois.
Par ailleurs, l’Afrique du Sud, qui a longtemps été dominée par l’exploitation du charbon, voit dans l’énergie solaire, une solution pour faire face à ses défis énergétiques internes. Les coupures de courant fréquentes et les coûts croissants de l’énergie ont poussé le pays à se tourner vers des alternatives renouvelables. Le projet Kathu, d’une capacité de 100 MW, illustre bien cette volonté de réorienter son secteur énergétique. L’Afrique du Sud a pour objectif d’atteindre 8 400 MW de solaire, d’ici 2030, un projet soutenu par des partenariats publics-privés qui devraient également permettre de stimuler la création d’emplois et de renforcer la résilience de son réseau énergétique.
Dans d’autres régions de l’Afrique, comme en Côte d’Ivoire, l’énergie solaire est également un levier pour développer des solutions d’électrification rurale. La centrale de Boundiali, dont la capacité atteindra 80 MW cette année 2025 selon les prévisions, fait partie d’une initiative plus large visant à garantir un accès à l’électricité pour toute la population. L’essor de l’énergie solaire pourrait ainsi permettre de relier plus facilement les zones rurales aux réseaux énergétiques, tout en offrant une alternative aux infrastructures coûteuses et difficiles à maintenir, comme les lignes de transmission classiques.
Cette dynamique favorise également un modèle énergétique plus résilient face aux crises économiques ou climatiques. Mais les opportunités offertes par l’énergie solaire s’accompagnent de défis de taille.
Enjeux et défis
L’accès au financement, bien que soutenu par des bailleurs de fonds internationaux, demeure une problématique pour de nombreux pays qui peinent à mobiliser les ressources nécessaires pour développer ces projets à grande échelle. De plus, la gestion et l’entretien des infrastructures solaires nécessitent des compétences techniques locales qui font parfois défaut. Les pays africains devront renforcer leurs capacités en matière de formation et de développement d’une main-d’œuvre qualifiée pour assurer la pérennité de ces investissements.
D’un point de vue environnemental, la transition vers l’énergie solaire est également une réponse à l’urgence climatique. Les énergies fossiles représentent une part importante des émissions de gaz à effet de Serre du continent, et l’adoption de solutions renouvelables permettrait une réduction substantielle de ces émissions. Selon l’Agence Internationale des Energies Renouvelables (IRENA), une transition réussie pourrait réduire de 70 % les émissions de CO2 de l’Afrique, d’ici 2050. En outre, en s’engageant dans des projets solaires, l’Afrique se donne les moyens de devenir un modèle de durabilité, en réduisant sa dépendance aux énergies polluantes et en améliorant ses indices de performance environnementale.
L’énergie solaire constitue ainsi une clé de voûte pour le développement économique de l’Afrique, offrant la possibilité de créer des emplois, d’améliorer les conditions de vie et d’offrir une réponse aux défis énergétiques du continent. Toutefois, pour que ces investissements atteignent leur plein potentiel, les pays africains devront surmonter des obstacles majeurs, notamment, le manque d’infrastructures de transmission, la complexité du financement et la nécessité d’une coopération régionale plus forte. Les partenariats avec le secteur privé, les investisseurs étrangers et les institutions financières seront essentiels pour maximiser les bénéfices de ces projets. L’Afrique, avec son potentiel solaire inégalé, a une occasion unique de transformer son paysage énergétique.