Ce métal brut, après les travaux d’affinage, permettra de « renforcer les réserves d’or de l’État », selon le Premier ministre. Pour rappel, c’est le 3 octobre 2023 à Yaoundé, que le gouvernement camerounais a livré les résultats de la première opération d’affinage du stock d’or détenu par le Trésor public, aux fins de la constitution des réserves de l’État.
Sur la base de l’arrêté conjoint ministère des Finances-ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique du 1er juin 2015, l’Ex-Capam (Cadre d’Appui à l’Artisanat Mnier) a canalisé et collecté pour le compte de l’État environ 778,04 kg d’or fusionné. Ce stock a fait l’objet de l’opération d’affinage pour obtenir 500 lingots d’or de 24 carats, d’une masse totale de 500,86 kg, ainsi que les alliages d’argent et de cuivre,
avait révélé au cours de la cérémonie, le ministre des mines par intérim, Fuh Calistus Gentry.
12e année d’expérimentation du projet Gold Avec ce premier stock d’or affiné, ainsi que l’affinage des cargaisons d’or brut récemment collectées, le Cameroun monte en puissance dans l’implémentation de son projet Gold, lancé au cours de l’année 2012. Ce projet, selon les officiels, a pour objectifs principaux de collecter auprès des sociétés minières, la part d’or revenant à l’État, et de la rétrocéder au Trésor public qui se chargera alors d’en faire des lingots aux standards requis pour la constitution des réserves d’or du pays auprès de la banque centrale (BEAC).
La constitution des réserves d’or présente de multiples avantages pour les États et les banques centrales.
En période d’incertitude économique ou de volatilité des marchés financiers, le métal précieux joue pleinement son rôle de protection. En outre, détenir de l’or permet aux banques centrales d’accroître la confiance en leur monnaie et leur économie nationale. (…) En tant qu’actif décorrélé, l’or est même susceptible, en temps de crise, de prendre de la valeur. Ainsi, les banques centrales, à l’instar de nombreux investisseurs, choisissent le métal jaune comme couverture contre l’érosion de la monnaie causée par la hausse des prix. (…) Parce que le marché de l’or est mondial, les réserves du métal précieux peuvent être utilisées pour pallier les besoins de liquidités à court terme. Également, par sa stabilité et la confiance qui lui est portée, l’or renforce la crédibilité des banques centrales…,
détaille la plateforme spécialisée goldinfo.fr
Accroissement du taux de rendement du métal de 30 à 95% Le gouvernement camerounais veut ainsi accroître la production nationale de l’or. C’est l’ambition qu’a fait savoir le ministre par intérim des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, lors d’une rencontre, le 17 janvier 2024 avec les exploitants miniers exerçant dans la région de l’Est.
Il s’agira d’adopter le système par lixiviation « Carbon in Leach » (Cil). « Il s’agit ici d’un système clos, moderne et adapté qui permet de contrôler la production de l’or dans les carrières », explique-t-on au Minmidt. Il faut souligner que jusqu’ici, le traitement du minerai d’or se fait en système ouvert. Or, selon les experts, cette méthode a pour conséquence une faible récupération de l’or métal estimé en moyenne à 30%. On dénote par conséquent un gaspillage de la ressource (70%) qui est déversée dans la nature. Selon le Minmidt, le système Cil a l’avantage de permettre l’accroissement du taux de rendement métal de 30 à 90%, voire 95%.
Par ailleurs, grâce à cette méthode, les résidus autrefois déversés dans la nature deviennent des gisements potentiels à exploiter pour extraire davantage d’or. De sources officielles, le système CIL est expérimenté à Colomine, première mine d’or industrielle du Cameroun développée par la société Codias SA, détentrice d’un permis d’exploitation dudit gisement. Un système pour traiter 500 tonnes de minerais d’or par jour Le 05 avril 2024, le pays s’est doté d’une unité de lavage d’or en vase clos, devenant le premier pays de la Cemac à disposer de ce système. Installé sur le site minier de Shunda Mining, situé dans l’arrondissement de Ketté, département de la Kadey région de l’Est, ce système de traitement innovant d’une capacité de traitement maximal de 500 tonnes de minerais par jour, est porté par un consortium d’entreprises composé de Codias SA, Xin Mining et Yucam.
Selon le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement Technologique, ce nouveau système va contribuer à : changer l’environnement de l’exploitation minière semi-mécanisée au Cameroun, tant dans l’amélioration du rendement de la production à plus de 90% ; l’augmentation de la collecte de l’impôt synthétique minier libératoire, ceci en remédiant aux manquements liés au système déclaratif ; l’augmentation des réserves d’or au Cameroun ; l’assurance d’une meilleure transparence. La nouvelle infrastructure est constituée d’une unité de concassage et criblage, d’une unité de classement et de broyage, et une unité de concentration par gravité.
Dans cette marche vers l’industrialisation de l’exploitation de l’or, le gouvernement camerounais entend respecter les réformes du nouveau Code minier. A titre d’illustration, il ne sera plus possible pour un opérateur d’exploitation minière de se voir délivrer un permis semi-mécanisé, sans avoir pris des dispositions d’installation de ce système clos ou signé un partenariat avec une société disposant d’un tel système. Actuellement au Cameroun, la production de l’or est issue d’une part de l’artisanat minier au sens strict, et d’autre part, de l’exploitation artisanale dite semi-mécanisée.
Selon le Plan d’action national de réduction, voire d’élimination du mercure dans l’extraction minière artisanale et à petite échelle de l’or au Cameroun 2025-2030 publié en mai 2024, l’exploitation de l’or se pratique dans huit des dix régions du Cameroun et varie d’une région à une autre en fonction du potentiel et de l’intensité de l’activité. Au moins 140 sites aurifères ont été identifiés au Cameroun et font l’objet d’une exploitation artisanale, mais ce chiffre a connu une évolution exponentielle au fil des années au regard de l’intensification de l’activité.