Cameroun : garantir la transparence pour attirer davantage d’investissements privés
Dans son traditionnel discours à la Nation, le 31 décembre 2024, le président de la République du Cameroun, Paul Biya a insisté sur l’importance de la gouvernance et il s’est appesanti sur les domaines industriel, énergétique, sanitaire, et de l’eau.
Le Cameroun ambitionne une croissance de 8% de son PIB d’ici 2030. Pour atteindre cet objectif, le pays projette une croissance de 4,1% en 2025, après 3,8% en 2024. Conformément aux objectifs fixés dans sa Stratégie nationale de développement (SND30). L’une des mesures phares prises pour freiner l’inflation qui est passée de 7,4% en 2023 à 5% en 2024 est le contrôle des comportements spéculatifs et l’augmentation de l’offre des produits de première nécessité. Cette dynamique devrait se poursuivre, avec une prévision d’inflation à 4% en 2025.
Industrialisation : Le moteur de l’émergence
Le Président a souligné les avancées majeures réalisées dans le secteur industriel, qualifié de clé de voûte de l’émergence économique. Parmi les initiatives emblématiques, la zone industrielle intégrée du Port Autonome de Kribi, dédiée à la transformation du cacao, du café et de l’hévéa, la construction de deux zones économiques spécialisées dans la transformation du bois à Edéa et Bertoua et l’ouverture de la plus grande usine de production de carreaux d’Afrique centrale à Bipaga (Kribi), avec 2 500 emplois directs créés.
Ainsi que la diversification des produits d’exportation, désormais orientée vers des biens industriels tels que l’aluminium, devrait s’intensifier grâce à la réforme de la Société nationale d’investissement (SNI). En parallèle, la technopole agro-industrielle de Ouassa Babouté, située à Nkoteng, consacrée à la production et à la transformation des céréales, ainsi que des produits laitiers, pourrait enfin voir le jour en 2025 après de longues attentes. Ces projets s’accompagnent également du lancement d’une sixième cimenterie, qui a déjà entraîné une baisse des prix du ciment sur le marché national.
Investissements stratégiques dans les ressources naturelles
Les perspectives dans le secteur minier renforcent l’optimisme. En 2025, l’exploitation des gisements de fer de Kribi-Lobe, Bipindi-Grand Zambi et Mbalam-Nabeba devrait débuter. La bauxite de Minim-Martap, dont la convention d’exploitation a été signée en juillet 2024, viendra également enrichir la contribution du secteur minier à l’économie nationale. De plus, la maîtrise des circuits de commercialisation des minerais vise à maximiser les revenus issus des ressources naturelles et à financer des projets de développement.
Investissements dans les infrastructures : une priorité
Le discours a mis en exergue les efforts du gouvernement dans le développement des infrastructures nécessaires pour soutenir l’économie les routes et autoroutes : En 2024, 446 kilomètres de routes ont été bitumées, et 228 kilomètres ont été réhabilitées. Les travaux des autoroutes Yaoundé-Nsimalen et Yaoundé-Douala avancent. En énergie, avec la mise en service des barrages de Nachtigal et Lom Pangar, le Cameroun a renforcé sa capacité électrique. La construction de 360 centrales solaires en zones rurales et de grands projets hydroélectriques promet une couverture énergétique élargie. En eau potable l’approvisionnement en eau potable a progressé avec le projet d’alimentation de Yaoundé, l’extension de la station de Japoma à Douala, et la rénovation des infrastructures dans les villes secondaires.
La réforme des finances publiques au cœur de la stratégie
Face à la rareté des ressources financières, le Président a insisté sur l’importance de la gouvernance et des réformes structurelles. L’accent est mis sur la lutte contre la corruption. Les détournements de fonds publics et les atteintes à la propriété foncière seront sévèrement sanctionnés. Le gouvernement s’engage à garantir la transparence pour attirer davantage d’investissements privés et maintenir la confiance des bailleurs de fonds internationaux. En outre, la réforme de la Société Nationale des Investissements (SNI) vise à en faire un levier stratégique de promotion des investissements productifs.
L’agriculture un levier important
Dans le domaine agricole, Paul Biya réaffirme que ce secteur continue de jouer un rôle crucial dans la réduction du déficit commercial. Il souligne que le plan intégré d’importation-substitution agropastorale et halieutique, présenté l’année dernière, commence à montrer des résultats concrets. À l’appui de cette affirmation, il mentionne les 452 tonnes de semences et les 12 800 tonnes de farine produites localement cette année.
Concernant le cacao, le chef de l’État met en avant les effets de la politique de promotion de la qualité mise en œuvre ces dernières années, ayant permis aux producteurs de bénéficier de prix particulièrement avantageux. Par ailleurs, il annonce le lancement imminent de la technopole agro-industrielle de Ouassa-Babouté, près de Nkoteng, qui sera dédié à la production et à la transformation de produits tels que les céréales, les tubercules, ainsi que le lait et ses dérivés.
Paul Biya a conclu en rappelant que l’émergence économique demeure une priorité nationale. Les efforts dans l’agro-industrie, les infrastructures, l’énergie, et le développement des ressources minières illustrent une vision ambitieuse pour transformer le Cameroun en une puissance économique régionale.
L’année 2025 s’annonce cruciale, non seulement sur le plan économique, mais également politique, avec l’élection présidentielle et les régionales. Un défi que le Cameroun va aborder.
CHIFFRES-CLES A RETENIR
+ Croissance économique prévue en 2025 : 4,1%
+ Inflation en baisse : de 7,4% (2023) à 4% (2025)
+ Routes bitumées en 2024 : 446 km
+ Nouveaux emplois industriels (usine de Bipaga) : 2 500
+ Production agricole 2024 : 12 800 tonnes de farine et 452 tonnes de semences.
Côte d’Ivoire : l’ambition de devenir un hub économique
Dans son message à la Nation à l’occasion du nouvel an, le président Alassane Ouattara a vanté une croissance robuste de 6,1 % et des investissements stratégiques dans les infrastructures, l’énergie et l’éducation. La Côte d’Ivoire se positionne comme un hub économique et énergétique en Afrique de l’Ouest.
Le Président a souligné la solidité du cadre macroéconomique du pays. Avec un niveau d’endettement maintenu à 56 % du PIB, en deçà du seuil communautaire de 70 % dans la zone UEMOA, la Côte d’Ivoire se donne les moyens de continuer à attirer les investisseurs internationaux.
Infrastructures stratégiques : des bases solides pour le développement
Le développement des infrastructures demeure une priorité nationale. L’extension et la modernisation de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny s’inscrit dans cette dynamique, visant à positionner la Côte d’Ivoire comme un hub économique et touristique de premier plan. Air Côte d’Ivoire, la compagnie nationale, entamera dès 2025 ses vols long-courriers vers des destinations stratégiques telles que Paris, Londres et New York. Ce développement contribuera à renforcer les échanges commerciaux et à attirer davantage de capitaux étrangers.
Dans le secteur énergétique, la Côte d’Ivoire se fixe l’objectif ambitieux d’atteindre 45 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2030, tout en consolidant son rôle de hub énergétique sous régional grâce aux récentes découvertes de pétrole, de gaz et de gisements aurifères.
Vers une souveraineté alimentaire grâce à l’agriculture
La politique de renforcement de l’autosuffisance alimentaire porte ses fruits. En 2024, la production de riz paddy a atteint 2 millions de tonnes, contre 846 000 tonnes en 2011. Le gouvernement poursuit ses investissements pour renforcer la sécurité alimentaire et stimuler la production agricole, notamment dans le secteur vivrier.
Les planteurs de café et de cacao, principaux acteurs de l’économie rurale, bénéficient d’une mesure historique avec l’octroi gratuit de la Couverture maladie universelle (CMU) dès 2025. De plus, le prix bord champ du cacao a été augmenté de manière significative, atteignant 2,83 USD (1 800 F CFA), un record dans l’histoire récente.
Investissements dans le social : éducation et santé au cœur des priorités
Le développement économique de la Côte d’Ivoire s’accompagne d’un fort investissement dans le capital humain. Le pays comptera dix universités publiques en 2025, contre trois seulement en 2011, grâce à la construction et la réhabilitation d’établissements dans plusieurs régions.
Dans le domaine de la santé, la couverture sanitaire a connu une nette amélioration. Désormais, 80 % des populations vivent à moins de 5 kilomètres d’un centre de santé, et 16 millions de personnes sont enrôlées à la Couverture Maladie Universelle.
Un climat favorable aux affaires et à l’investissement
Le Président a réitéré son engagement à améliorer l’environnement des affaires, notamment à travers la lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux. La Côte d’Ivoire s’emploie à devenir un modèle de bonne gouvernance en Afrique. Les secteurs stratégiques tels que le numérique, le tourisme et la culture offrent de nouvelles opportunités de croissance et d’emploi pour les jeunes. En 2025, la construction d’une Cité de l’Innovation et de la Culture regroupera des incubateurs de start-up et des infrastructures de pointe, renforçant ainsi l’attractivité du pays pour les investisseurs.
Le message du Président se conclut sur une note optimiste, avec l’assurance que la Côte d’Ivoire consolidera ses acquis économiques et sociaux en 2025. L’élection présidentielle à venir sera l’occasion de réaffirmer la maturité démocratique du pays et son ambition de devenir un leader économique et social en Afrique. Avec des bases solides, des réformes ambitieuses et un cadre macroéconomique stable, la Côte d’Ivoire se donne les moyens de réaliser sa vision : devenir une nation prospère et solidaire, où chaque citoyen contribue au rayonnement de la République.
CHIFFRES-CLES A RETENIR
+ Croissance économique prévue pour 2025 : 6,1 %
+ Niveau d’endettement : 56 % du PIB (en dessous du seuil communautaire de 70 % dans la zone UEMOA)
+ Production de riz paddy en 2024 : 2 millions de tonnes (contre 846 000 tonnes en 2011)
+ Prix bord champ du cacao : 2,83 USD (1 800 F CFA un record historique)
+ Universités publiques prévues en 2025 : 10 universités (contre 3 en 2011)
+ Couverture sanitaire : 80 % de la population vit à moins de 5 kilomètres d’un centre de santé
+ Personnes enrôlées à la Couverture maladie universelle (CMU) : 16 millions
+ Part des énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030 : 45 %
Gabon : relance économique et restauration des institutions après le putsch
Le président de la Transition du Gabon, le général Brice Clotaire Oligui Nguema a livré un discours d’espoir et de détermination à l’aube de 2025. Axé sur la relance économique et la restauration des institutions, il a annoncé une série de réformes ambitieuses et de projets majeurs visant à transformer le Gabon en une terre d’opportunités économiques, sociales et environnementales.
Lors de son allocution de fin d’année, le président de la Transition a insisté sur les efforts déployés pour relancer l’économie nationale. La réduction du train de vie de l’État et la lutte contre la corruption figurent parmi les priorités du gouvernement de transition. « Chaque Gabonais doit avoir sa juste part de la richesse nationale », a-t-il affirmé, en promettant une redistribution plus équitable des ressources.
La reprise par l’État de sociétés stratégiques, comme la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), marque un tournant dans la gestion des entreprises publiques. Après Assala, Fly Gabon et Cecagadis, cette nationalisation traduit une volonté claire de renforcer la souveraineté économique tout en respectant les lois et les engagements internationaux.
Des projets structurants pour stimuler la croissance
L’année 2025 mettra sous les projecteurs trois projets d’infrastructure majeurs. D’abord le port en eau profonde de Mayumba : Ce projet stratégique vise à renforcer les échanges commerciaux du Gabon et à en faire une plateforme logistique régionale. Ensuite la ligne de chemin de fer Belinga-Bouée-Mayumba : Elle facilitera le transport des ressources naturelles, tout en désenclavant les régions concernées. Et enfin le barrage hydroélectrique de Booué : un investissement clé pour répondre aux besoins énergétiques croissants du pays et favoriser le développement industriel.
Ces projets, créateurs de 163 000 emplois annoncés, traduisent une volonté claire de stimuler l’emploi des jeunes et de dynamiser les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, le transport, le tourisme, le numérique et l’industrie.
Un environnement favorable aux investissements étrangers
Le président de la Transition l’État a lancé un appel solennel aux investisseurs internationaux, mettant en avant la stabilité politique, les ressources naturelles abondantes et un cadre réglementaire renforcé. « Le Gabon est plus que jamais une terre d’opportunités », a-t-il déclaré, en insistant sur les réformes visant à garantir la transparence et la sécurité juridique des affaires.
Le Gabon ambitionne également de se positionner comme un leader de l’économie verte. En s’appuyant sur son rôle de pionnier en matière de préservation forestière, le pays prévoit d’introduire une taxe carbone pour les compagnies aériennes et maritimes traversant son territoire. Cette mesure inédite contribuera à financer des initiatives écologiques tout en consolidant la neutralité carbone du Gabon d’ici 2050.
En conclusion, le président de la Transition a appelé les Gabonais à s’unir pour bâtir un pays de justice, de progrès et de fraternité. Avec des projets d’envergure, un environnement économique attractif et des réformes audacieuses, le Gabon s’engage sur une voie prometteuse.
CHIFFRES-CLES ET PROJETS MAJEURS A RETENIR
+ Emplois annoncés des projets structurants en 2025 : 163 000
+ Port en eau profonde de Mayumba
+ Ligne de chemin de fer Belinga-Bouée-Mayumba
+ Barrage hydroélectrique de Booué
+ Objectif carbone : Neutralité carbone d’ici 2050
+ Nouvelle mesure écologique : Taxe carbone introduite pour les compagnies aériennes et maritimes traversant le territoire gabonais