En 2017, l’Organisation Maritime Internationale (OMI) a réalisé un audit du secteur maritime gabonais. Et, les conclusions ont révélé d’importants écarts, soit 33 au total. Depuis l’avènement du Comité pour la Transition et la restauration des institutions (CTRI) en août 2023 et sur instruction du Général de Brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema, Président de la Transition, de nombreuses réformes ont été faites dans le secteur afin de réduire ces écarts, indique le ministère gabonais des Transports.
Notamment, les instruments d’implémentation des conventions internationales au niveau local. De ce fait, six projets de textes ont été présentés au gouvernement. Ceux-ci permettront de réduire d’environ 8 à 14 écarts, les 33 constatés lors de l’audit de 2017. À condition que suivent les dispositions, mesures et décisions à prendre en application et conformément aux textes susmentionnés.
Pays model de la côte Ouest d’Afrique en matière de contrôle des navires
Des retombées positives de ces réformes ont déjà été constatées. En effet, le Gabon a reçu le Prix MoU d’Abuja (Mémorandum d’Abuja), le 13 septembre 2024 à Brazzaville au Congo. Ce prix place le pays au rang de Pays Model de la côte Ouest d’Afrique en matière de contrôle des navires.
Le Gabon dispose d’une des fenêtres maritimes les plus larges du Golfe de Guinée. Tout récemment, la Société de transport et des services maritimes (Sotrasmar) a mis en service deux embarcations rapides afin d’effectuer des manœuvres à quai et au large des eaux gabonaises. La mise en service de ces embarcations, essentielles pour le transport des pilotes vers les navires, joueront un rôle crucial dans les manœuvres à quai et en mer. Avec ces développements, l’entreprise envisage de s’engager davantage dans des activités comme la consignation, l’escorte maritime et le cabotage, promettant une évolution significative de la navigation gabonaise. Cette inauguration marque une étape importante dans le développement maritime du Gabon, positionnant le pays comme un acteur clé dans la région.
Investir dans les activités de consignation, d’escorte maritime et de cabotage
Le Gabon dispose d’une façade maritime, longue de 800 km environ, sur laquelle sont construits les ports maritimes d’Owendo et de Port-Gentil, qui jouent un rôle considérable dans l’économie du pays : près de 90% de ses échanges commerciaux transitent par ces ports. Cependant, à l’instar d’autres ports africains, ceux du Gabon ne semblent pas assurer correctement leur fonction de transit. De nombreux dysfonctionnements entravent le bon traitement des marchandises et la célérité des navires (chargement / déchargement, rotation.) Dans un avenir, Sotrasmar entend s’investir dans les activités de consignation, d’escorte maritime et de cabotage.
Owendo Mineral Port (OMP), projette de transporter 10 millions de tonnes de marchandises
À l’horizon 2025-2026, Owendo Mineral Port (OMP), filiale d’Arise qui opère le port minéralier d’Owendo, projette de transporter 10 millions de tonnes de marchandises. Ce volume de marchandises correspond aux objectifs annuels fixés à la création de ce port pour soulager le port commercial d’Owendo. Ces prévisions consacrent une hausse de près de 4 millions de tonnes de marchandises par rapport à ce qui a été transporté en 2022. Selon la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, le port d’Owendo est le port le plus performant de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, RCA, Tchad) en 2021, dans l’indice mondial de performance des ports à conteneurs (CPPI). Une augmentation du volume de marchandises dans cette place portuaire pourrait être une source de revenus supplémentaires pour le trésor public gabonais au titre de redevances portuaires.
Notons qu’au Gabon, la mer constitue le quatrième pilier stratégique pour atteindre l’émergence à l’horizon 2025. Le « Plan stratégique Gabon Émergent », initialement fondé sur le « Gabon vert », le « Gabon des services » et le « Gabon industriel » s’est enrichi d’un nouveau pilier dénommé « Gabon Bleu », pour renforcer la contribution du milieu marin à l’économie nationale. Ouvertes sur l’océan atlantique, ses 800 km de côtes sont parmi les plus longues des pays du golfe de Guinée. Grâce à sa Zone Économique Exclusive (ZEE), d’une superficie de 265 000 km2, le domaine maritime est quasi équivalent à ses possessions terrestres de 267 667 km 2. Le plateau continental s’étend sur 40 600 km2. Ce vaste patrimoine marin recèle une diversité de ressources qui alimentent quatre secteurs d’activités majeurs, à savoir : l’industrie pétrolière, l’activité portuaire, la pêche et le tourisme.
Une stratégie de sécurité maritime bien ficelée
Riche d’importantes ressources offshore (pétrole, gaz, ressources halieutiques, etc.), le domaine maritime du Gabon, quasi équivalent à ses terres, est confronté à des menaces et convoitises diverses (piraterie et brigandage, pêche illégale, immigration clandestine, litige frontalier, etc.) En effet, c’est à travers une Stratégie maritime intégrée (SMIG), qui est l’ensemble des actions des administrations civiles et militaires pour sécuriser le milieu marin, que le Gabon construit sa politique en la matière.
Élaborée en 2013, la SMIG est inspirée de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans 2050 de l’Union africaine (UA). La SMIG est conçue comme un outil pour faire face non seulement aux défis et aux exigences en matière de développement durable et de compétitivité, mais aussi, comme un plan d’action de la gouvernance sécuritaire maritime. Notons qu’avec l’ambition de protéger sa biodiversité et de sécuriser ses richesses maritimes indispensables au développement du pays, la politique de sécurité maritime du Gabon oscille entre le militaire et le civil.
Grâce à la mondialisation, la mer revêt un intérêt croissant dans l’économie des États côtiers. Il s’agit d’un mouvement planétaire face auquel le Gabon ne saurait rester en marge. L’économie maritime hors pétrole ne prendra véritablement sa pleine mesure que lorsque les Gabonais auront su définir la fonction qu’ils entendent assigner à leur espace maritime. Dans le même temps, le Gabon doit rompre avec une approche « continento-centrée » de son territoire national, pour une vision intégrée de la terre et de la mer. Pour ainsi mettre à profit le secteur maritime, juteux pour les investisseurs, aussi bien nationaux qu’étrangers.