Des difficultés dues à la rareté́ des ressources financières dans un contexte où les Investissements directs étrangers (IDE) sont réduits à la portion congrue. Cette tendance baissière des IDE est d’ailleurs largement soulignée dans le dernier rapport sur l’investissement mondial de la CNUCED en 2023. Les difficultés financières de la Cémac s’expliquent en partie par la baisse des ressources pétrolières, elle-même consécutive à la chute des prix de cette matière première sur le marché́ international.
Cette détérioration a de graves conséquences sur le solde budgétaire régional, déficitaire selon le Fonds monétaire international (FMI). Selon les prévisions de l’institution de Bretton Woods, ce solde devrait s’établir à 0,9% du PIB en 2025 contre 0,3% en 2023. Par ailleurs, et toujours du fait de cette conjoncture défavorable, le ratio dette publique/PIB de la région a atteint 53,8% en 2023 pour s’établir à 151 milliards d’Euros en 2024, soit 57,2% du PIB, avec en outre une vulnérabilité́ élevée dans certains Etats membres, notamment le Congo et le Gabon.
8,554 milliards USD pour financer les besoins du Cameroun entre 2025-2027, alors que l’Afrique ne pèse que 0,5% de la dette mondiale
Dans ce contexte, il est à craindre que le service de la dette, ainsi que l’inflation qui en découle, plombe les objectifs de développement durable de la zone, en l’occurrence dans les secteurs de la santé, l’éducation, les infrastructures, et l’environnement. Ce surendettement a préoccupé́ les chefs d’Etat de la Cémac, lors de leur réunion d’urgence à Yaoundé́, le 16 décembre 2024. L’option d’une seconde dévaluation du FCFA était sur la table et n’a été́ évitée que de justesse à l’issue dudit sommet extraordinaire.
Pourtant, le poids de la dette de l’ensemble du continent demeure dérisoire, comparé à celui des autres régions du monde. L’Afrique ne pèse que 0,5% de la dette mondiale. Pour le cas du Cameroun, le seuil d’endettement de ce « poumon économique » de la sous-région, reste en deçà̀ du ratio communautaire de 70%, alors que le pays a fixé́ ses besoins d’endettement à 8,554 milliards USD (5407 milliards de FCFA) pour le triennat 2025-2027. Dont 1,890 milliards USD (1795 milliards de F CFA) à lever pour le seul exercice budgétaire 2025. Les experts en finance relativisent donc le poids de la dette africaine, et pensent que le continent doit continuer à recourir à l’endettement pour financer ses infrastructures prioritaires. Mais quels types d’endettement ?
La finance structurée, une source alternative
Face à cette situation pour le moins critique, les experts en finance préconisent le recours aux modes de financement alternatifs et innovants pour réaliser les défis économiques de l’Afrique centrale en matière d’infrastructures d’intégration.
« Face au manque de ressources financières internes, à l’accès limité aux marchés financiers traditionnels, avec par contre un grand besoin de financement à long terme, les pays de la Cémac, en particulier le Cameroun, ont besoin des financements qui offrent une plus grande flexibilité́. Ils doivent par conséquent maitriser les financements structurés, pour diversifier leurs sources de financement, et pour obtenir des ressources financières à long terme pour leurs projets d’infrastructures et de développement», affirme Hubert Otele Essomba, dans un document mis à la disposition de la presse.
Il s’agit, selon le directeur associé du Cabinet d’expertise G&M Finance, « des instruments financiers complexes combinant des prêts, des actions, des obligations et des produits dérivés pour créer un produit financier à la carte, correspondant aux besoins spécifiques d’un pays ou d’une entreprise. »
Selon l’expert financier, la Cémac, dans sa quête de liquidités pour financer ses infrastructures de développement, doit « sortir des sentiers battus, parce que le système sous régional est un peu étroit pour pouvoir financer tous les besoins infrastructurels ».
Des experts hautement qualifiés et expérimentés en matière de finance internationale
L’atelier de Douala avait pour thème « maîtriser les financements structurés pour le développement des infrastructures dans les pays de la Cémac : cas du Cameroun ». Il était animé par des experts hautement qualifiés. Pendant trois jours, ils ont permis aux participants (cadres d’administration publique, des banques et des institutions) d’acquérir une maîtrise plus approfondie des instruments financiers complexes utilisés pour financer des projets à grande échelle ou des acquisitions importantes d’équipements et d’entreprises (LBO), ainsi que l’utilisation d’actifs comme garanties, la titrisation et notation financière, etc. Ces projets à long terme sont identifiés dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, des ressources naturelles (PPP, syndication, etc.)
Parmi ces intervenants dotés d’une longue expérience internationale, et ayant occupé́ des fonctions dirigeantes et managériales au sein des Cabinets de renommée internationale (PWC, Ernst and Young, Moody’s, Aircraft Portfolio Management, Citigate Dewe Rogerson, DBRS Europe…), des banques et institutions financières (BAD, BM, Banque de l’UE, Banque Atlantique, Union Bank, Fonds d’Investissement Africain…), et d’entreprises de divers secteurs, figurent Catherine Gerst, experte en stratégie financière (titrisation, analyse financière, communication financière et corporate, notation risque de crédit) ; Samuel Kotto Ndoumbe, directeur associé du Cabinet G&M Finance, Administrateur indépendant de banque, membre de l’Institute of Public Accountant d’Australie (IPA), ancien directeur général de la Banque Atlantique, du Fonds d’Investissement Africain, directeur de mission senior chez Ernst and Young et PWC et Consultant Banque africaine de développement (BAD) et Banque mondiale. Ou encore Patrick Provenzano, expert en stratégie transformation et efficience des organisations, Professeur associé et Coordonnateur du pôle « Gouvernance et Stratégie » de l’Université́ Catholique d’Afrique Centrale, ancien Directeur de mission chez R. Berger, Mercier, entre autres casquettes.