Moins médiatisé que le pétrole, le blé est pourtant partout dans le quotidien des consommateurs. Incontournable, cette céréale joue et a toujours joué un rôle central pour le développement des sociétés et l’organisation des relations de pouvoir. Ce, depuis l’origine des civilisations antiques.
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A en croire la revue « Hérodote 2015 », la demande de blé a doublé entre le début de la décennie 1970 et les années 2010, passant de 330 à environ 700 millions de tonnes. Et en 2050, la consommation mondiale de cette matière première importante à la fabrication de nombreux produits alimentaires devrait dépasser la barre des 900 millions de tonnes.
Toutefois, s’il est vrai que la demande pour ce produit se mondialise et va croissante, il n’en demeure pas moins vrai que sa culture en revanche reste localisée dans certaines sphères géographiques.
L’Union européenne assure 20 % de cette production (soit environ 145 millions de tonnes), ce qui la situe au premier rang des producteurs mondiaux, juste devant la Chine (122 millions de tonnes). En termes de rapports de force, il convient de souligner que les deux tiers de la production mondiale de blé sont actuellement réalisés par cinq puissances uniquement (Union européenne, Chine, Inde, États-Unis et Russie),
peut-on lire dans cette revue, parue aux éditions la Découverte.
Dans ce contexte, le blé est une céréale qui alimente les enjeux de puissance. Lesquels vont s’amplifier si d’autres ères de production n’apparaissent pas, notamment en Afrique. Un continent à la traine qui bénéficie pourtant des avantages naturels de la géographie, comme l’eau et des sols fertiles. Le défi des pays africains est alors d’investir dans cette culture stratégique afin d’atténuer les risques liés au contrôle du blé par une minorité.
Pour cela, les États du continent gagneraient à vulgariser, à mettre davantage des moyens financiers et à investir dans la recherche pour que le blé ne constitue pas un autre moyen de domination des grandes puissances sur eux.
Quant aux investisseurs locaux, l’occasion leur est donnée de s’accaparer d’un marché qui s’il n’est pas approvisionné localement fera perdre d’énormes devises aux pays du continent. Car selon la BAD, l’Afrique sub-saharienne devrait importer dans les dix prochaines années entre 9 et 11 millions de tonnes de blé en plus et l’Afrique du Nord devrait importer environ 4 millions de tonnes, soit 16% de plus.