Le constat est clair. Le pain et tous les autres produits alimentaires faits à base de blé ne sont plus les choses les plus partagées par les consommateurs africains tellement cette céréale se fait rare. L’offre en farine de blé produite localement étant quasi-insuffisante dans certains pays africains, presque inexistantes dans d’autres, les États n’ont d’autres moyens que de recourir aux importations pour suppléer une demande de plus en plus grandissante. Une situation qui contribue non seulement à obérer les réserves en devises de ces pays, mais également à creuser leurs déficits commerciaux.
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Au Cameroun par exemple, à en croire les estimations du ministère du Commerce, la demande en terme de blé est tellement importante et l’offre locale insignifiante (437 tonnes seulement selon la FAO) que les importations ont atteint près de 900 000 tonnes en 2022. Obligeant ainsi le pays, d’après le dernier rapport sur « le commerce extérieur du Cameroun », publié par l’Institut national de la statistique (INS), à expatrier une enveloppe de 182,7 milliards de FCFA. Pourtant, l’Institut de Recherche agricole pour le Développement (Irad), affirme que la production annuelle de blé au Cameroun pourrait atteindre plus de 400 000 tonnes.
D’après « R1 Afrique », le Mali vient de recevoir 100 000 tonnes de blé en provenance de la Russie afin de satisfaire son marché de plus en plus demandeur bien que la production locale soit à féliciter comparativement à un pays comme le Cameroun (le Mali a produit 37124 tonnes de blé en 2020, toujours d’après la FAO). Des situations qui ne sont guère reluisantes dans bien de pays africains tels que le Sénégal ou encore l’Egypte, le plus grand importateur de blé au monde.
Au Sénégal par exemple selon « l’Agenda du développement rural » publié le 17 mai 2022, ce pays dépend entièrement des importations pour satisfaire ses besoins en consommation de blé estimés à 180 000 tonnes par an pour une valeur de 160 milliards de FCFA. Concernant l’Egypte, Africa.Ifpri.info nous renseigne que le gouvernement égyptien importe un total de 12 à 13 millions de tonnes de blé par an. Toute chose, indique la même source qui fait perdre environ 5,7 milliards de dollars par an à ce pays d’Afrique du Nord.
Un énorme marché
De façon générale, ces exemples et bien d’autres démontrent à quel point le continent est dépendant des importations en matière d’approvisionnement en blé. Pourtant, constituant un énorme marché, si rien n’est fait pour produire du blé localement, l’Afrique sub-saharienne indique la BAD devrait importer dans les dix prochaines années entre 9 et 11 millions de tonnes de blé en plus. Soit entre 40 et 50% de plus que le niveau actuel de ses importations, tandis que l’Afrique du Nord devrait importer environ 4 Mt, soit 16% de plus.
Une occasion donc à saisir pour les investisseurs africains, le marché étant vaste et promoteur. Bénéficiant de vastes étendues de terre cultivable, d’un climat propice à la culture des céréales en générale et du blé en particulier, on est là face à une niche d’opportunités à ne pas négliger. Les investisseurs locaux peuvent donc profiter de cette situation de pénurie pour grappiller des parts du marché continental à l’Union Européenne, à la Chine, aux Etats-Unis et la Russie. Des mastodontes qui dictent leurs lois dans ce secteur
Pour rappel, la faible production locale indique les spécialistes tient au fait que les pouvoirs publics africains manquent de vision et de volonté d’investir dans la filière et de suivre la production. Ils gagneraient par ailleurs à vulgariser ce secteur, à investir dans la recherche, à former les producteurs et enfin à accorder des subventions conséquentes pour la filière.
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