Pour le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, cela parait comme une logique implacable : le prélèvement fiscal s’opère sur la richesse créée.
Plus il y a de richesses créées, plus il y aura des impôts à collecter. Favoriser la création de richesses aboutirait donc fatalement, et c’est ma conviction, dit Louis Paul Motaze, à un accroissement de la capacité contributive. À contrario, une entreprise qui meurt, c’est des emplois perdus pour la collectivité, c’est l’appauvrissement du pays et c’est des impôts perdus pour le futur…plus il y a des entreprises saines, plus nous prélèverons des impôts.
Sur la base de cette logique, le ministre des Finances commande un nouveau partenariat entre l’administration fiscale et le secteur privé.
Un partenariat qui veille, au-delà de tout, à la sauvegarde et au développement du tissu économique national. Un partenariat qui donne accès à de nouvelles passerelles d’échanges, plus constructives et moins belliqueuses. Un partenariat enfin, où la fiscalité cesserait d’être ressentie uniquement comme une charge à supporter, pour devenir un atout, une variable du développement.
Car, pour le ministre des Finances,
le secteur privé reste et demeure le moteur de la croissance économique. Et l’État a besoin de cette croissance économique pour mobiliser plus de recettes et créer plus d’emplois. Il incombe donc à l’Administration fiscale de trouver le juste équilibre, qui favoriserait l’émergence de ce partenariat nouveau avec le secteur privé, que j’appelle ici de tous mes vœux.
C’est donc à un jeu d’équilibriste que devra jouer Roger Athanase Meyong Abath, le nouveau Directeur général des impôts et son équipe. Collecter plus d’impôts, tout en maintenant un meilleur rapport avec le contribuable. Un défi pas du tout facile à relever.
Mais Louis Paul Motaze pense que « les pistes pour ce faire existent ». Le Cameroun présentant « un taux de pression fiscale entre 12 et 13%, ce qui est faible comparé à la moyenne africaine qui est de 17,2%, ou encore à des pays comme le Sénégal, la Tunisie et le Maroc où le taux de pression fiscale se situe respectivement à 18, 24 et 28%. Il existe donc encore beaucoup à faire, pour atteindre un niveau optimal de pression fiscale ». Surtout que les attentes en termes de collecte des impôts sont importantes. Il faut « mobiliser plus de ressources internes non pétrolières que par le passé. Je veux parler ici, d’une performance qui devrait dépasser assez largement les réalisations que nous avons pu produire jusqu’à présent », indiquera le Minfi.
Car, rappellera le Minfi, les
besoins en investissement pour les projets retenus dans la SND30 se chiffrent à près de 88 000 milliards FCFA, à étaler sur la durée de mise en œuvre de la stratégie, c’est-à-dire 10 ans. Par un calcul simple, on peut estimer que ce besoin se situe à environ 8.800 milliards FCFA par an. Pour 2023, le besoin évalué par le ministère de l’Économie est déjà calculé à 8.950 milliards FCFA. Or, notre capacité de mobilisation de ressources internes non pétrolières se situe à fin 2022 à 2.255 milliards, ce qui théoriquement, ne représenterait que 25% du besoin de financement annuel de la SND30…Ce qui laisse un gap à financer de près de 6.700 milliards à rechercher dans les ressources pétrolières et dans l’endettement.
La Direction générale des impôts qui mobilise presque 60% des ressources propres de L’État, devrait donc « tout simplement de mobiliser davantage, mais avec une meilleure qualité de service et un meilleur rapport avec le contribuable », de l’avis du Minfi.