Cameroun : les chiffres des importations de carburant, d’engrais, de poissons congelés sont un défi à l’import-substitution et aux investisseurs

Ils continuent d’obérer la balance commerciale du Cameroun. Les carburants, engrais et poissons congelés sont les trois principaux produits qui ont dopé la valeur des importations camerounaises au cours des neuf premiers mois de l’année 2022. Ce qui a contribué au déficit commercial qui n’a baissé que de 38,7% en glissement annuel pour se situer à 701 milliards de FCFA, soit une diminution de 442 milliards de FCFA, en dépit de l’augmentation de la valeur des exportations du pays de 49% au cours de la période en 2021.

Le rapport de l’INS révèle que les dépenses d’importations sur les carburants et lubrifiants ont augmenté de 65,1% entre janvier et septembre 2022, en comparaison avec la même période en 2021. Cette évolution est d’autant plus compréhensible que depuis l’incendie en mai 2019 de la Sonara, l’unique raffinerie de pétrole du pays, le Cameroun importe tous les produits pétroliers consommés sur son territoire. De plus, l’année 2022 a été non seulement marquée par une hausse des prix du brut et des produits raffinés sur le marché international, mais aussi par une augmentation des coûts du fret maritime.

Les engrais, dont les dépenses d’importation du Cameroun ont progressé de 43,4% au cours de la période analysée, n’ont pas non plus échappé à la conjoncture internationale décrite plus haut. Sur le renchérissement des fertilisants, un lien de cause à effet est directement fait avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine, déclenché le 22 février 2022. En effet, à en croire les données compilées par l’INS, les engrais représentent 17% des importations du Cameroun depuis la Russie. Ce qui fait de ce pays le premier fournisseur de ces intrants agricoles au Cameroun, avec 43% des parts de marché, contre seulement 11% pour la Chine.

Avec une augmentation de la valeur des importations de 42,5% au cours des neuf premiers mois de l’année 2022, le poisson congelé s’est une nouvelle fois hissé parmi les produits alimentaires qui obèrent le plus la balance commerciale du Cameroun. Pourtant, le pays est crédité d’environ 400 km de côtes réputées poissonneuses, sur lesquelles s’activent principalement des pécheurs étrangers alimentant des circuits commerciaux desservant leurs propres pays. Dans le même temps, selon les chiffres officiels, le Cameroun, lui, dépense en moyenne 100 milliards de FCFA chaque année pour ses approvisionnements en poissons congelés.  

La dépendance du Cameroun vis-à-vis des engrais russes et chinois se poursuit alors que le pays attend depuis bientôt 10 ans, la réalisation d’un projet de production locale d’engrais chimique dans la région du Sud-Ouest. Investissement de 1 250 milliards de FCFA porté par la société allemande Ferrostaal, ce projet, qui bute encore sur le prix du gaz naturel devant permettre d’alimenter l’usine, pourrait permettre de combler la demande locale, grâce à une production annuelle projetée à 600 000 tonnes d’ammoniac et 700 000 tonnes d’urée.

Ce projet est une illustration que ces importations qui rendent la balance commerciale du Cameroun déficitaire et fait perdre les devises au pays sont de véritables opportunités d’investissements notamment dans le cadre de la politique d’import-substitution prônée actuellement par les pouvoirs publics.

Hausse des recettes d’exportation de 49%

Selon les données compilées par l’INS, au cours des neuf premiers mois de l’année 2022, les recettes d’exportation du Cameroun se chiffrent à 2 487 milliards de FCFA pour 5,9 millions de tonnes de marchandises, enregistrant ainsi des hausses de 49% en valeur et 2,1% en quantité par rapport à la période correspondante de 2021. Cette hausse des recettes d’exportations, précise-t-on, est attribuable à l’augmentation des ventes de certains principaux produits d’exportation.

Il s’agit essentiellement du gaz naturel liquéfié (138,2%) et du pétrole brut (64,8%). Les exportations demeurent très peu diversifiées et sont constituées principalement de produits primaires. Les sept premiers produits représentent 92,9% des recettes d’exportations à fin septembre2022. Il s’agit principalement des huiles brutes de pétrole (44,8%), du gaz naturel liquéfié (17,1%) ; du cacao brut en fèves (7,0%) ; des bois sciés (6,1%) ; du coton brut (5,5%), et la pâte de cacao (3,2%).