Près de 840 millions de personnes en Afrique restent non-connectées à Internet, selon un ensemble de données fournies par Digital Report 2022 : les chiffres clés d’Internet et des réseaux sociaux.
Seulement 360 millions de personnes utilisent Internet en Afrique ce qui représente 32,8% de la population africaine totale, selon des estimations de l’Union Internationale de Télécommunications (UIT).
Les taux d’utilisation varient de 6 % au Soudan du Sud à 53 % en Afrique du Sud, ce qui souligne de profondes disparités et la nécessité de réformes selon les pays. Le continent le taux d’utilisation le plus bas au monde mais cependant la plus forte croissance en termes de nombre d’utilisateurs.
De nombreuses sources valident cette tendance haussière du nombre d’utilisateurs d’Internet sur le continent. Il faut effectivement noter avec Internet Society, une organisation mondiale à but non lucratif défendant un Internet ouvert et connecté au monde entier, que l’Afrique subsaharienne connaît la plus forte croissance au niveau de la pénétration mondiale d’Internet, passant de moins de 1 % en 2000 à plus de 30 % aujourd’hui.
L’utilisation d’Internet en Afrique a ainsi bondi de 23 % entre 2019 et 2021. Cependant, bien que la croissance soit impressionnante, toujours de 840 millions de personnes ne bénéficient pas d’un accès fiable et abordable à Internet.
Ceci dans un contexte où le continent connaît la plus forte croissance démographique au monde : de 100 millions d’habitants en 1900, la population de l’Afrique est passée à environ 275 millions dans les années 1950-1960, puis à 640 millions en 1990 et à 1,4 milliard en 2022 soit 18 % de la population mondiale. Et la population en Afrique subsaharienne spécifiquement devrait doubler d’ici 2050 pour atteindre 2,1 milliards d’habitants.
Opportunité gâchée
L’intérêt de la connexion Internet s’est déjà imposé comme une évidence. Internet Society le relève avec pertinence, pour près de 49 % de la population mondiale, chaque journée sans Internet représente une opportunité gâchée sur tous les continents, dans des communautés rurales et isolées, et même dans certaines communautés urbaines.
Bien que le taux de pénétration de l’Internet en Afrique dans son ensemble progresse de manière soutenue pour se situer autour de 43 % depuis décembre 2021, la pandémie de Covid-19 a démontré de manière irréfutable l’importance capitale que revêt la connectivité Internet. Les réseaux communautaires et les points d’échange Internet constituent assurément un moyen avantageux de combler la fracture numérique.
A ce propos, profitant d’une tribune lors de la conférence mondiale de développement des télécommunications (CMDT) de l’Union internationale des télécommunications tenue à Kigali, au Rwanda, du 6 au 16 juin 2022, Dawit Bekele, vice-président régional – Afrique, Internet Society, ne pouvait que saluer les progrès réalisés mais souligner en même temps les défis toujours nombreux pour essayer de combler la fracture numérique en Afrique :
Avec la pandémie COVID-19, nous avons pu constater à quel point la connectivité Internet est une bouée de sauvetage essentielle pour la continuité des affaires, des soins de santé, de l’éducation, du gouvernement et d’autres activités stratégiques. Nous saluons les investissements importants réalisés au cours des dernières décennies pour développer l’infrastructure Internet, qui ont permis à un plus grand nombre de personnes sur le continent [Ndlr africain] d’accéder à Internet. Cependant, la pandémie met également en lumière la fracture numérique qui subsiste, notamment dans les zones rurales, reculées et même urbaines du monde entier
appelant à intensifier les actions pour favoriser le développement de l’Internet dans toute la région africaine.
180 milliards de dollars supplémentaires de PIB
Selon une étude de la Société Financière Internationale (Banque Mondiale) et de Google, l’économie numérique de l’Afrique est l’une des plus grandes opportunités d’investissement négligées, avec un potentiel de 180 milliards de dollars supplémentaires de PIB de l’Afrique d’ici 2025.
Une enquête de l’agence ecofin publiée le 14 décembre 2022, montre bien comment la transformation numérique investit la vie quotidienne des Africains s’appliquant aussi bien aux ménages (utilisation d’internet pour communiquer, télétravail, achats en ligne), aux entreprises (e-commerce, solutions informatiques et d’Intelligence Artificielle) et aux administrations publiques (dématérialisation des démarches administratives, identité numérique, open data).
C’est donc naturellement que le tout dernier rapport de la Banque mondiale intitulé Afrique numérique : Transformation technologique pour l’emploi, vante les mérites du numérique dans l’essor des pays africains, posant comme hypothèse que l’Afrique « devrait devenir le plus grand marché de l’emploi au monde d’ici 2100 ».
Il est « primordial » pour matérialiser cette perspective que les pays africains intensifient leur utilisation productive des technologies numériques afin de favoriser la création d’emplois pour les plus de 22 millions d’Africains qui entrent sur le marché du travail chaque année.
L’Afrique a tout à gagner à intensifier les investissements dans le numérique. On prend mieux la mesure de l’analyse de Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale qui souligne pour le déplorer, l’important manque à gagner du fait de la faible utilisation de l’Internet sur le continent :
L’utilisation très limitée de l’internet mobile est une occasion manquée pour la croissance inclusive en Afrique,
regrette-t-il.
Combler ce retard, ajoute l’expert, renforcerait le potentiel du continent à créer des emplois pour sa population qui augmente et à stimuler la reprise économique dans un monde hautement numérisé.
A l’échelle mondiale, l’usage d’Internet dévoilée dans sa 10e grande étude par We Are Social et Hootsuite atteste que l’internaute type passe désormais plus de 40 % de sa vie éveillée en ligne. 170 milliards de dollars ont été dépensés sur les applications mobiles et en achats in-app en 2021, 12 milliards de téléchargements de nouvelles applications (+5,5 %), le temps moyen passé sur mobile a augmenté de 6,7 % en un an et 60,1 % des achats en ligne de biens de consommation sont réalisés sur mobile.