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Transport fluvial : de gros enjeux autour de l’aménagement du Bassin du Niger, attendu depuis 2013

L’exhumation par le Cameroun du projet de réhabilitation du port fluvial de Garoua pour un montant de 26,7 millions de dollars, pour rétablir la navigation des bateaux entre cette ville et le Nigeria, remet sur orbite le gigantesque projet visant à rendre navigable ce cours d’eau qui traverse neuf pays sur 3000 kilomètres entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Quatre institutions financières internationales, avec comme chef de file la Banque africaine de développement (BAD), s’étaient engagées en 2013 à mettre à disposition 113 milliards Fcfa, soit environ 270 millions de dollars, pour financer les travaux, dans la perspective de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale à l’orée de 2017 tel qu’envisagé par l’Union africaine.

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Cours du Niger. Crédit : Wikipédia

Dans la perspective de la redynamisation des places portuaires nationales, le gouvernement du Cameroun est en train de dépoussiérer le vieux projet de réhabilitation du port fluvial de Garoua, construit sous l’administration française en pleine deuxième guerre mondiale (1935), dans le but de désenclaver le Nord du pays et faciliter les échanges avec le Nigeria.

L’infrastructure a progressivement été laissée à l’abandon dès l’amorce de la décennie 1990 dans un contexte d’exacerbation des tensions entre le Cameroun et son grand voisin, tensions liées au différend frontalier de la presqu’île de Bakassi, située entre la région camerounaise du Sud-Ouest et l’Etat nigérian du Cross River (Calabar).

Ces dernières années, ce port rétrocédé à la communauté urbaine de céans en 2003 était devenu une plaque tournante du commerce illicite entre les deux pays. Sa réhabilitation annoncée vise également à stopper les activités illégales qui se déroulent à un niveau inquiétant le long du parcours fluvial entre Garoua et la ville de Warri, dans le sud du Nigeria (Etat du Delta).

En visite de travail dans la ville de Garoua fin juillet, le directeur général de l’Autorité portuaire nationale du Cameroun, Louis Epoupeke, a laissé entendre que le gouvernement recherche auprès de divers partenaires, un prêt de 16 milliards Fcfa, soit un peu plus de 26,7 millions de dollars US, pour désensabler le fleuve Bénoué sur lequel est construit le port, réhabiliter les voies de navigation, les quais, les bâtiments et toutes les infrastructures de la plateforme portuaire.

Les opérations annoncées visent à relancer les activités formelles sur le parcours fluvial de la Bénoué jusqu’au Nigeria et donner un coup de fouet aux activités économiques et commerciales dans le septentrion du pays.

Une démarche logique pour un pays qui, dans sa Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030, ambitionne d’aller à la conquête des marchés à fort potentiel de développement afin de pallier la faiblesse des échanges avec ses voisins.

Le pays ne capte en effet que 7,8% des recettes d’exportations en direction des autres pays frontaliers, dont à peine 1,1% du Nigeria. Outre ce pays qui compte quelques 136 millions d’habitants, le Cameroun se projette en effet sur le vaste marché ouest-africain, au moment où se met progressivement en place la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) dans le but de renforcer le commerce intra-africain.

L’autre enjeu de la rĂ©habilitation du port de Garoua pour le Cameroun rĂ©side en effet dans cette perspective. Car, au-delĂ  du Nigeria, c’est tout le Bassin du Niger qui traverse une dizaine de pays (Burkina Faso, du Cameroun, Benin, CĂ´te d’Ivoire, Mali, GuinĂ©e, Niger, Nigeria et Tchad), qui est privĂ© d’accès aux grands bateaux.

Dans le cadre du Programme de lutte contre l’ensablement dans le Bassin du Niger, ce groupe de pays a mis en place il y a plusieurs annĂ©es un projet visant Ă  faciliter la navigabilitĂ© fluviale de bout en bout entre le Cameroun et le Niger.

Le projet pour lequel un certain nombre d’institutions financières s’étaient engagĂ©es Ă  fournir des financements d’un montant de 113 milliards Fcfa, soit environ 270 millions de dollars US, incluant la contrepartie des Etats concernĂ©s, notamment la Banque africaine de dĂ©veloppement (BAD) en qualitĂ© de file des bailleurs de fonds, l’Union Ă©conomique et monĂ©taire ouest-africaine (UEMOA), la Banque ouest-africaine de dĂ©veloppement (BOAD) et la KFW (la coopĂ©ration financière allemande), est tombĂ© aux oubliettes.

La rĂ©alisation de ce gigantesque projet intĂ©grait, entre autres infrastructures connexes, la construction de 6 retenues d’eau dans la partie camerounaise du bassin afin d’amĂ©liorer l’agriculture, l’Ă©levage et la pĂŞche, et aussi l’amĂ©nagement des forĂŞts pour pouvoir mieux gĂ©rer ces ressources pour les gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes et futures.

En 2013, les chefs d’Etat et de gouvernement avaient adoptĂ© Ă  l’unanimitĂ© un Plan d’action de dĂ©veloppement durable du Bassin du Niger (PADD), assorti d’un programme d’investissements et d’un plan d’action Ă  mettre en Ĺ“uvre sur 27 ans. Et annoncĂ© que le dĂ©marrage du projet Ă©tait imminent, avant l’arrivĂ©e de la Zlecaf annoncĂ©e par l’Union africaine Ă  l’horizon 2017.

Le Bassin du Niger compte 3000 km de navigation fluviale potentielle dont à peine 20% sont utilisés. Notamment, entre Bamako et Gao au Mali, Lagos (Nigeria) et Niamey (Niger) et Garoua-Warri comme mentionné supra. La concrétisation de ce projet visait à résoudre en partie le problème d’enclavement des pays comme le Mali, le Burkina-Faso ou encore le Niger.

Sous le coup de sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), du fait des coups d’Etat qui y ont installé des pouvoirs militaires, ces pays subissent de plein fouet les conséquences de leur enclavement.  

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