C’est l’une des premières retombées du Sommet africain pour le climat, qui se tient à Nairobi, dans la capitale kenyane depuis lundi 04 septembre. Mardi 05 septembre, le sultan des Emirats Arabes Unis, Al Jaber a annoncé des investissements à hauteur de 4,5 milliards de dollars soit 4,1 milliards d’euros dans le secteur des énergies propres au profit du continent africain.
Le Sultan émirati s’exprimait à la tribune de ACS23 devant un parterre d’autorités africaines et du monde, réunies depuis hier dans la capitale kenyane pour plaider la cause du continent face au réchauffement climatique et montrer que l’Afrique possède un potentiel crucial en termes de gisements d’énergies vertes à développer.
L’investissement émirati vise à développer « 15 GW (gigawatts) d’énergie propre d’ici 2030 » et à « catalyser au moins 12,5 milliards de dollars (11,6 milliards d’euros) supplémentaires provenant de sources multilatérales, publiques et privées ».
Nous allons déployer 4,5 milliards de dollars (…) pour lancer un pipeline de projets rentables d’énergie propre sur ce continent très important »,
a déclaré le Sultan Al Jaber, cité par nos confrères de Reuters. La présence du dirigeant émirati au sommet de Nairobi n’est pas fortuite. Son pays est l’hôte de la 28ème édition Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), et c’est donc tout logiquement qu’il présidera les travaux prévus de fin novembre à début décembre prochain à Dubaï.
Le Sultan Al Jaber dirige également la société publique d’énergies renouvelables Masdar, membre du consortium devant développer les 15 gigawatts, ainsi que le géant pétrolier émirati ADNOC.
En outre, le Sultan Al Jaber gère le portefeuille du ministère émirati de l’Industrie et des Technologies. Selon lui,
Si l’Afrique perd, nous perdons tous.
Il a tenu ces propos pour justifier la décision de son pays de voler au secours du continent en matière de promotion et de développement des énergies non polluantes, loin des traditionnels fossiles combustibles.
L’initiative du leader émirati survient alors que l’Afrique, bien qu’hébergeant dans son sous-sol un énorme potentiel de combustibles fossiles (pétrole, gaz etc.), ne contribue qu’à 2% à 3% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète.
L’Afrique a besoin de 2000 milliards par an sur dix ans
En 2022, la capacité de production d’énergies renouvelables de l’Afrique était de 56 GW, selon l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA). Le continent abrite jusqu’à 40% de réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine (essentiels pour les batteries et l’hydrogène), ainsi que 60% du potentiel d’énergie solaire.
Paradoxalement, il capte à peine 3% des investissements mondiaux annuels dans la transition énergétique. Pourtant, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), 2000 milliards de dollars (1852 milliards d’euros) doivent être mobilisés et investis dans les pays en développement chaque année sur dix ans d’affilée, si les décideurs tiennent vraiment à limiter le réchauffement climatique en-dessous de 2% et au mieux à +1,5° Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, tel que souhaité par les accords de Paris.
Contrairement à son homologue sénégalais Macky Sall, qui plaide pour la poursuite de l’exploitation des combustibles fossiles au nom des contraintes liées au développement industriel du continent, le président kenyan William Ruto estime que la promotion des énergies vertes pourrait « sauver des vies et la planète du désastre ». Il l’a réitéré lundi à l’ouverture du Sommet de Nairobi, dont la déclaration est vivement attendue demain mercredi, jour de clôture des travaux.
Nous aspirons à définir un nouvel agenda de la croissance qui permette une prospérité partagée et un développement durable,
a-t-il affirmé sur le réseau X (ex-twitter) hier, peu avant l’ouverture des travaux.
L’Afrique détient la clé pour accélérer la décarbonisation de l’économie mondiale. Nous ne sommes pas seulement un continent riche en ressources, nous sommes une puissance au potentiel inexploité, désireuse de s’engager et d’être compétitive équitablement sur les marchés mondiaux,
a déclaré le président Ruto lundi à Nairobi dans son discours d’ouverture du sommet éponyme.