Le tout premier sommet africain sur le climat s’est ouvert ce lundi à Nairobi, dans la capitale kenyane en présence très hautes personnalités africaines et du monde, dont une quarantaine de dirigeants d’organismes internationaux, à l’instar du président de l’ONU Antonio Guterres.
Pendant trois jours, les quelque 30 000 personnes accréditées, selon les sources gouvernementales kenyanes, vont plancher sur le thème « moteur de la croissance verte et solutions de financement climatique pour l’Afrique et le monde ». Des quatre sous-thèmes retenus, le financement de l’action climat est de loin le plus important.
Car au-delà des mots et des bonnes intentions affichées jusqu’ici par les dirigeants des puissances mondiales relativement à l’impératif de la transition énergétique, les Etats-Unis en tête, les dirigeants africains veulent du concret.
Le président kenyan a d’ailleurs exprimé ce vœu ce lundi 4 septembre, lors de son discours d’ouverture.
Le sujet majeur (…) est l’opportunité sans équivalent que l’action climatique représente pour l’Afrique,
a-t-il souligné. Avant de poursuivre :
Pendant très longtemps, nous n’avons fait que regarder cette question, il est temps de nous lancer.
Un peu plus tôt dans la matinée, sur le réseau social X (ex-Twitter), le dirigeant kenyan avait interpelé la communauté internationale sur l’impérieuse nécessité de dégager des fonds pour le continent et d’alléger le poids de la dette pesant sur les pays africains. Un plaidoyer qu’il avait déjà porté à Paris en juin dernier, lors du récent Sommet pour un nouveau pacte financier mondial.
Seul le cri de détresse de la Zambie avait alors été écouté. Le Fonds monétaire international (Fmi) avait annoncé une restructuration de la dette de ce pays de l’Afrique australe.
Les pays africains veulent saisir cette opportunité pour élaborer une position commune et harmonisée sur la problématique du changement climatique et les énergies renouvelables dans la perspective de la 28ème édition de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28), prévue à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, de fin novembre à début décembre prochain.
Ceci justifie les autres thèmes que sont « l’agenda de la croissance verte en Afrique » ; « l’action climat et le développement économique » ; « l’optimisation du capital global ». C’est que le continent regorge d’immenses ressources énergétiques non polluantes, à l’instar des énergies solaire, éolienne et géothermique.
Nous devons voir dans la croissance verte non seulement un impératif climatique mais aussi une source d’opportunités économiques représentant des milliards de dollars que l’Afrique et le monde sont prêts à capitaliser,
a déclaré le président kenyan à l’ouverture du sommet.
L’action climatique n’est pas un problème du Nord ni un problème du Sud. C’est notre défi collectif, et il nous concerne tous. Nous devons nous rassembler pour trouver des solutions communes et mondiales,
indiquait le président William Samoei Ruto sur les réseaux sociaux, peu avant le sommet.
Selon Joseph Nganga, le président du sommet nommé par le président Ruto, cette initiative africaine, la toute première du genre, est l’occasion pour démontrer que « l’Afrique n’est pas juste une victime mais un continent dynamique avec des solutions pour le monde ».
Nous avons le pouvoir de répondre à cette crise […] L’Afrique représente une opportunité pour le monde si nous travaillons ensemble à des bénéfices mutuels,
a ajouté ce membre du mouvement Global Energy Alliance for People and Planet (GEAPP), une organisation de promotion des énergies renouvelables dans les pays en développement.
Seuls 3% des investissements mondiaux de la transition énergétique arrivent en Afrique
En effet, le continent africain est responsable de seulement 4% d’émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
Paradoxalement, c’est le continent qui subit le plus les effets de gaz toxiques rejetés chaque jour dans l’atmosphère par les grandes puissances industrielles mondiales, aujourd’hui qualifiées de « grands pollueurs ». Les initiatives proposées jusqu’ici n’ont produit aucun effet escompté. Comme le principe de « pollueur-payeur ».
L’Afrique abrite 60% des meilleurs potentiels en énergie solaire. Mais, fort curieusement, seuls 3% des investissements mondiaux dans la transition énergétique arrivent dans le continent L’harmonisation d’un « langage commun » pour les pays africains est de ce point de vue d’autant plus importante qu’une frange de dirigeants du continent estime que le continent doit poursuivre l’exploitation des énergies fossiles dont son sous-sol regorge.
Ils avancent pour ce faire comme argument l’impératif du développement économique et industriel. Un agenda qu’il faut concilier avec la nécessité de préserver l’atmosphère par la réduction du taux d’émission de CO2.
Le président sénégalais Macky Sall est de cet avis, et il l’a fait savoir lors du sommet pour un nouveau pacte financier mondial. Le Kenyan Willima Ruto, pour sa part, est favorable à une exploitation des énergies vertes à 100%.
Offrir prospérité et bien-être aux populations croissantes d’Afrique sans précipiter le monde dans un désastre climatique plus profond n’est pas une proposition abstraite ou un vœu pieux. C’est une réelle possibilité, prouvée par la science,
a déclaré le président du pays hôte du sommet. Son pays vise l’atteinte de cet objectif à l’horizon 2035. Une déclaration commune devrait sanctionner la fin des travaux su sommet prévue mercredi prochain.