Élever des cailles est un excellent moyen d’accroître son revenu. Si l’on s’appuie sur les données fournies par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), en collaboration avec Ingénieurs Sans Frontières (Isf), qui cite la collection « PRO-AGRO », ouvrages pratiques et illustrés sur l’élevage des cailles en zone tropicale et qui fait référence aux comptes d’exploitation prévisionnels de trois différents élevages, il ressort que des données collectées auprès de chaque groupe diffèrent d’un élevage à l’autre au Cameroun.
De ce fait, nous avons noté que, partant de l’exploitation «A» contenant 01 mâle et 04 femelles cailles, ce sont 800 œufs de cailles qui sont pondus par mois dont 480 vendus directement et 320 incubés pour 256 éclos (80%) pour un total de 230 cailles finies soit un taux de mortalité de 10%. La même étude précise plus loin que ledit élevage (1 mâle et 04 femelles de cailles) permet d’obtenir une marge de plus de 289,60€ soit 190.000 Fcfa après seulement 12 mois d’activité.
Quant à l’exploitation «B» mettant en exergue 04 mâles et 12 femelles cailles, il ressort que 2400 œufs sont pondus dont 1440 vendus directement et 960 incubés, 760 éclos soit 80% des œufs incubés et 691 cailles finies pour un taux de mortalité de 10%. Un tel élevage permet alors à son exploitant d’obtenir une marge de plus de 1067,10 € soit 700.000 Fcfa après 12 mois.
Pour ce qui est du troisième éleveur (exploitation C) (12 spécimen mâles et 36 femelles), il comptera 7200 œufs pondus dont 4320 œufs vendus directement et 2880 incubés, 2304 éclosions (80%) pour 2070 cailles finies avec 10% de mortalité. Un tel éleveur peut alors obtenir une marge de plus de 3658,77 € soit 2.400.000 Fcfa de revenus après 12 mois d’activité.
Il est possible de diversifier les sources de revenus de l’élevage en vendant des cailleteaux pour le démarrage d’autres élevages. Au Cameroun, l’élevage des cailles date de plusieurs années. Domestiquée pour la première fois en Asie vers 1400, elle représente le deuxième élevage de la volaille au Japon après la poule. La caille au Cameroun réussit dans la région du Centre, de l’Est, du Sud, de l’Ouest et un peu au Littoral.
Il en ressort donc que la chair de cailles et surtout les œufs de ce petit volatile ont d’énormes valeurs nutritives, puisqu’en Europe et en Asie on consomme généralement ces œufs pour combattre l’impuissance sexuelle et les allergies. À en croire Simplice Parfait Tchami, secrétaire général du Conseil interprofessionnel des cailles du Cameroun (Cicac),
le Cicac travaille à vulgariser l’élevage de la caille là où cela est possible, mais surtout à faire bénéficier des vertus des œufs et chair de caille à tous les Camerounais. Le Cicac regroupe plus de 160 éleveurs en ce moment et continu d’encourager les jeunes, les femmes et les personnes à la retraite à pratiquer cette activité qui est rentable. Par exemple pour 100 cailles on gagne près de 1.200.000 Fcfa par an,
a-t-il expliqué.
Étude du marché
Le secteur avicole au Cameroun est un secteur important du point de vue de l’économie nationale. C’est pourquoi, l’Excellence Market Studies Consultance Agency (Emsca) s’est penché sur l’étude du thème « Étude comparative entre le marché des cailles et des poulets de fermes dans la ville de Yaoundé en 2009 ». Après l’étude, il en ressort que 96% de consommateurs de cailles sont motivés par sa qualité et que la forme d’offre la plus vendue est les œufs de cailles de par sa capacité thérapeutique.
Cependant, le prix élevé de ces œufs en moyenne 150 Fcfa l’unité constitue un frein énorme pour sa consommation. Le marché révèle que plus de 86,9% de consommateurs tripleraient leur consommation si les prix advenaient à baisser au strict minimum.
Satisfaits par la qualité des produits, il est également sorti de cette étude que plus le revenu des populations était grand (97%), plus elles consommaient une quantité élevée de caille. Ce qui montre donc un grand investissement du revenu dans la consommation des cailles. À noter que, les personnes âgées entre 19 et 30 ans sont les principales consommatrices des cailles et de leurs œufs, tout comme les 86,7% qui ne consomment pas les cailles, n’ont aucune information sur cet oiseau puisque, l’une de forme de communication la plus répandue reste du «bouche à oreille», tel que rapporte l’étude.
Un business très rentable mais encore sous exploité
Outre le Cameroun, la caille est également élevée dans d’autres pays africains (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Bénin et même au-delà du continent. L’on note cependant le manque d’informations dans ce secteur d’activité qui prend peu à peu son envol, séduisant au passage de nombreux jeunes qui se lancent progressivement dans la coturniculture, qui malgré sa rentabilité, peine encore à satisfaire la demande du marché africain.
En 2021, le confrère agenceecofin.com avait rencontré l’Ivoirienne Christelle Kablan Ahizi, spécialiste en coturniculture et dont le père est l’un des pionniers de cette activité en Côte d’Ivoire. Dans la vidéo postée sur YouTube, Christelle nous renseigne sur l’élevage des cailles. Elle qui a débuté son activité avec 500.000 Fcfa, pour l’achat de 250 cailleteaux, sans compter l’investissement sur les intrants et autres médicaments destinés à rendre son cheptel productif.
Aujourd’hui, si l’on croit les chiffres qu’avancent Christelle Kablan Ahizi en termes d’effectifs en cailles que comptent sa ferme, c’est entre 5.000 et 10.000 cailles par unité de production. D’après Christelle, les potentiels acheteurs de cailles ainsi que des œufs de ce petit volatile de la taille d’une perdrix ne manquent pas.
Seul bémol, la production est parfois limitée, ce qui n’arrive pas à satisfaire la demande sans cesse croissante. Cette pénurie amène parfois les éleveurs à travailler en synergie afin de pouvoir satisfaire la clientèle. Comme circuit de commercialisation, Christelle avance que les hôtels, restaurants, supermarchés et aussi des particuliers, sont les principaux acheteurs de cailles et de leurs œufs qui d’ailleurs ont des valeurs thérapeutiques.
Outre Christelle Kablan de la Côte d’Ivoire, un autre confrère www. Afrique.le360.ma, met en exergue un jeune Burkinabè qui a fait de la coturniculture son cheval de bataille et sa source de revenus. Hamed Zamtako est présenté comme personne ressource dans l’élevage des cailles au Burkina Faso. Avec sa formation en Informatique, cela fait plus de 6ans qu’il s’est lancé dans l’élevage des cailles. Un choix au départ guidé par la simplicité de cette activité, Hamed Zamtako a depuis 2020 franchi le cap de 5000 têtes de cailles tous les 10 jours, à en croire le confrère.
Au vu des données avancées par le coturniculteur sur son élevage, tout porte à croire que l’élevage des cailles est une activité rentable puisqu’il est en mesure de mettre sur le marché tous les deux jours, une production d’œufs à consommer et de fécondation.
C’est vraiment un élevage très simple. La reproduction va très vite. Il va sans dire que si on arrivait à atteindre un certain niveau de cet élevage, cela pourrait permettre à beaucoup de personnes de se lancer dans le domaine,
assure l’éleveur.
Suite à son engagement dans le domaine, Zamtako a provoqué un grand intérêt de la part des Burkinabè, notamment chez les plus jeunes. S’il incarne la figure de proue de ce secteur d’activité au Burkina Faso, c’est sans doute parce qu’il est présenté comme le leader de la chaîne de production. Avec une production annuelle de plusieurs milliers de cailles et d’œufs, Zamtako cherche désormais de nouveaux bâtiments modernes et plus adaptés à son activité.
Pour ce faire, il a récemment ouvert le capital de sa ferme, espérant acquérir de nouveaux associés pour l’aménagement d’un terrain de 2 hectares qu’il a acheté grâce à l’élevage de cailles.
En termes d’ambition, nous sommes en train de viser une production de près de 20.000 têtes sur place. Cela va contribuer à ce qu’on puisse diminuer le prix de vente de la caille et la rendre accessible au plus grand nombre,
projette-t-il.
Un oiseau aux propriétés incommensurables
l’élevage des cailles est un secteur d’activité porteur, notamment avec la multitude de vertus qu’offre ce petit oiseau. Ces oiseaux sont résistants aux maladies, contrairement aux poulets de chair, et présentent une grande productivité et sont moins contraignantes en termes d’élevage. Excellent moyen d’accroître son revenu, l’élevage de cailles peut être pratiquée à petite ou à grande échelle.
Toutefois, les éleveurs peuvent planifier la taille de leur futur élevage en fonction de la capacité d’investissement et de la demande du marché identifiée en viande et œufs de cailles. De la famille des phasianidés (cette forme reconnue chez les Faisans et perdrix), la caille est un oiseau trapu, de petite taille, aux pattes courtes et au plumage varié.
Elle est élevée pour ses œufs majoritairement destinés à la consommation, à l’ornement et dans certains cas comme remède. L’on en dénombre alors plusieurs espèces parmi lesquelles la caille commune (135 grammes), la caille japonaise (300grammes) et la caille de Chine ou caille naine (40 grammes).
Comme vertus thérapeutiques, la chair de caille contient des propriétés nutritionnelles importantes à la vie de l’homme elle est faible en matières grasses, regorge de nombreuses calories et est riche en protéines. Il est de même pour ses œufs, qui sont riches en apports nutritifs à l’exemple des vitamines A, B1, B2, B5, B9, B12, K, D, et aussi du fer et du Zinc. Dont l’organisme à besoin.
Reproduction facile malgré le risque de consanguinité
Contrairement à des poulets de ponte, les cailles pondeuses contemporaines issues d’un long processus de sélection pondent toute l’année, avec une importance entre février et septembre. S’il est vrai que le cycle de reproduction commence vers la 6ème semaine, chez la caille, il est préférable d’attendre que le mâle et la femelle aient huit semaines pour produire des œufs féconds. De ce fait, l’éleveur doit songer à remplacer ses cailles mâles qui, dès qu’elles sont âgées de 08 mois, voient leur fécondité baisser considérablement.
Il est important pour un éleveur de cailles de s’assurer à ne pas croiser les mâles de son cheptel avec leurs propres filles afin d’éviter les risques de consanguinité. Tout comme avec les poulets, l’élevage des cailles nécessite une attention particulière si l’on ne veut pas avoir des pertes considérables. Pour cela, il est interdit de mélanger les cailleteaux d’âge différents en évitant les surpeuplements au sol et ne pas dépasser 40 spécimens par mètre carré.
Cette petite volaille peut être tuée par strangulation ou par décapitation entre 40 et 50 jours lorsqu’elle pèse entre 160 et 180 grammes. Si jusqu’ici le secteur d’activité peine à porter des fruits notamment en Afrique, c’est tout simplement parce que la coturniculture reste un secteur d’activité sous-exploité, malgré la forte rentabilité en termes de revenus que l’on peut en tirer.
Car la caille nécessite un faible investissement financier pour une grande productivité, puisque que ces oiseaux sont résistants aux maladies surtout lorsque les conditions d’hygiènes et les normes d’élevage sont respectées. Toutefois, elles ont une croissance rapide et leur chair tout comme leurs œufs restent prisés des consommateurs à revenus élevés des grandes villes africaines, contrairement aux poulets de chair dont l’élevage reste sensible.