L’industrie du cinéma d’animation en Afrique est un secteur en plein essor. D’après le rapport IMARC intitulé « Africa Animation Market : Industry Trends, Share, Size, Growth, Opportunity and Forecast 2024-2032 », le marché de l’animation en Afrique a atteint 13,3 milliards de dollars en 2023. Le même document prévoit des revenus à hauteur de 17,8 milliards de dollars d’ici 2032 avec un taux de croissance de 7,78% entre 2024 et 2032. Une croissance sans doute encouragée par l’émergence sur le continent, des studios de production des films d’animation.
Le cinéma d’animation africain connaît actuellement une révolution (numérique) comme il n’y en a jamais eu dans son histoire. Avec l’avènement des plateformes de crowdfunding et des incubateurs, de nombreux projets d’animation prolifèrent de part et d’autre du continent et démontrent à suffisance le trop-plein d’inspiration de la jeunesse africaine,
peut-on lire sur le site du Festival du cinéma d’animation africain (Canimaf).
Le boom des projets d’animation
Depuis quelques années, certains pays s’imposent comme géants dans le secteur de la production des films d’animation. Selon le livre blanc du marché de l’animation en Afrique publié en juillet 2019, les principaux producteurs d’animation en Afrique sont Dynamic Art Vision en Algérie (54 courts métrages), Afrika Toon en Côte d’Ivoire (4 longs métrages, 4 séries), Youneek Studios au Nigéria, Solomon Jagwe production en Ouganda et Triggerfish en Afrique du Sud (2 longs métrages et 4 séries).
Ce dernier studio a produit « Adventures in Zambezia », un film d’animation qui a fait sensation dans le pays à sa sortie en 2012. Un article publié par Africanews le 9 décembre 2019 rapporte que la production a engendré plus de 34 millions de dollars au box-office, consolidant ainsi la position de pionnière de la société dans le cinéma d’animation africain. Entre 2013 et 2014, le studio de production a dépensé 40 millions de dollars pour la réalisation de « Drôles d’oiseaux » (2013) et de « Khumba » (2014 ) pour un retour de 62 millions de dollars en Box Office.
Des initiatives encourageantes
D’autres initiatives ont également vu le jour en Afrique. Le studio Spoof au Nigéria, créé en 2015 par Ayodele Elegba a mis sur le marché de l’animation le film intitulé « Lost dreams » en 2016. Dans la même veine, des productions basées sur la culture africaine ont été diffusées en salles. C’est le cas du court métrage de 17 minutes « Mboa Matanda, le tournoi des rois », produit par le studio Abyl Sarl au Cameroun. Selon le réalisateur Jules Eyango, le film nominé au Toronto International Film Festival en 2023, dans la catégorie film d’animation a coûté 100 241,34 dollars. Le 5 juillet 2013, la maison de production Afrika Toon a mis sur le marché africain le premier long métrage ivoirien en 3D : « Pokou, Princesse ashanti ». Une production qui, selon son réalisateur Abel Kouamé s’est heurtée au problème de financement.
Le principal frein a été économique. Nous n’avons pas eu de financements, les deux ans de production ont été réalisés sur fonds propres. Mais nous avons cru en ce projet, convaincus qu’on pouvait créer un film intéressant. Et nous ne nous sommes pas trompés, car le rendu est là,
a-t-il affirmé dans une interview accordée à Jeune Afrique en juillet 2013.
L’urgence de la formation
Le cinéma d’animation ne cesse d’évoluer. Représentant ainsi une opportunité pour de potentiels investisseurs. Cette évolution se trouve parfois heurtée au problème de la formation. Dans le but de booster le secteur, l’école Gobelin et Netflix ont proposé des bourses de formation aux Africains sur la réalisation des films d’animation, apprend-on de l’Agence Ecofin.