Il y a encore quelques jours, le ministre du Commerce décidait d’une autre baisse des prix de fer au Cameroun. C’est la juste traduction en acte d’une règle du marché, plus il y a du produit, plus il y a des chances que les prix au consommateur baissent. La filière de la transformation de l’acier est justement dans une situation de surproduction, au point où grâce à de nombreux investissements consentis dans le secteur, le Cameroun en quelques années seulement, est parti de pays importateur à pays exportateur de fer à béton par exemple.
La preuve, selon les données les plus récentes, la production annuelle du fer à béton au Cameroun est estimée à 260 000 tonnes contre une demande locale de 180 000 tonnes. Cependant, les capacités installées des producteurs locaux sont en mesure de fournir 450 000 tonnes annuellement. Mais, ces capacités de production ne peuvent effectivement réalisées que si la matière première est disponible, pour que la filière reste résolument dans une dynamique de développement durable. Ce qui, pour le moment, n’est pas une garantie au Cameroun. Car, comme le relevait Patrice Yantho, coordonnateur de l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acer (OCITA), dans une interview accordée à Cameroon Business Today,
plus les capacités augmentent, moins la ferraille comme matière première est disponible. Il convient donc de la réserver aux industries en fonctionnement, d’accélérer la mise en exploitation des minerais de fer, d’intégrer toute la chaine de valeur de cette filière, du minerai au produit fini. Et pourquoi ne pas être le bassin sidérurgique et métallurgique de l’Afrique ?
Un questionnement qui vaut son pesant d’or, surtout que ce ne sont pas les gisements de fer qui font défaut au Cameroun. Il suffit donc de les mettre en exploitation. Et justement à ce propos, la bonne nouvelle pourrait venir de la mise en exploitation annoncée dès 2025 du fer de Kribi, au Mont Mamelles.
Les travaux de ce chantier minier devaient démarrer en 2023. D’après les experts camerounais et chinois, les réserves de fer dans ce projet sont estimées à 632,8 millions de tonnes de minerai de fer. L’entreprise chinoise Sinosteel en charge de la mise en œuvre de ce projet, prévoient d’extraire 10 millions de tonnes par an de minerai à 33%, puis de les enrichir pour produire 4 millions de tonnes de concentrés de haute valeur en fer de 60%.
En dehors de Kribi, deux autres gisements de fer sont en cours d’évaluation. C’est le cas de Mbalam et Nkout. Des projets qui pourraient faire du Cameroun, un grand producteur de fer à l’échelle mondiale. Selon les données publiées par l’entreprise australienne Sundance Ressources, les gisements de Mbalam en hématite représentent 775.4 millions de tonnes avec 57,2% de fer. D’après l’entreprise, 95% de ces gisements sont classés comme « indiqués » en conformité avec le code JORC (Joint Ore Reserves Committee), qui fait partie des normes internationales pour l’estimation et le ciblage les plus exacts d’un gisement.
D’après les données du ministère camerounais en charge des mines, les réserves de la mine de fer de Mbalam sont estimées à 200 millions de tonnes de fer riche et 1,2 milliard de tonnes de fer enrichi. Pour sa part, le gisement de fer de Nkout, selon Caminex, serait plus important que celui de Mbalam. Les travaux de recherche, selon le ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, ont déclaré des réserves de près de deux milliards de tonnes de minerai de fer de moyenne teneur ou quartzite à magnétite.